Pascal G., chef présumé du clan de Marignane, a quitté la prison le 24 mars dernier à la suite d’une erreur du parquet général, qui a oublié de prolonger sa détention provisoire malgré sa condamnation pour la corruption d’un agent de la DGSI.
C’est une libération qui risque de faire grand bruit à Marseille. Pascal G., chef présumé du clan de Marignane, a quitté sa cellule le 24 mars dernier malgré une condamnation à cinq ans de prison pour corruption, a appris Le Figaro de sources concordantes, qui confirment une information du Canard Enchaîné .
Ce bandit chevronné, à la tête d’un gang de narcotrafiquants classé parmi «les plus puissants de France» selon des sources proches du dossier, a recouvré la liberté il y a un peu plus de deux semaines à cause d’un vice de procédure très embarrassant pour la justice. La détention de ce «gros bonnet», condamné le 17 octobre 2024 à cinq ans de prison pour des faits de «recel en bande organisée» et de «corruption active», n’a tout simplement pas été renouvelée par le parquet général de la cour d’appel d’Aix-en-Provence comme le veut normalement la procédure. L’intéressé ayant fait appel de sa condamnation, il était repassé sous le régime de la détention provisoire, qui aurait dû être renouvelée au bout de quatre mois, et non pas six. Il se trouvait alors en prison depuis près de cinq mois.
Un «oubli» pointé du doigt par l’avocate de Pascal G. , Me Christine d’Arrigo, qui en a avisé le parquet général le 24 mars dernier et obtenu la libération sous contrôle judiciaire de son client dans la foulée. «Le parquet général d’Aix-en-Provence confirme avoir ordonné le 24 mars 2025 la levée d’écrou de Pascal G., qui a alors été placé sous contrôle judiciaire. Ce dernier avait été condamné par le tribunal correctionnel de Marseille le 17 octobre 2024 à la peine de 5 ans d’emprisonnement avec mandat de dépôt pour des faits de recel en bande organisée et corruption active, décision dont il a relevé appel le 23 octobre 2024», indique le parquet général auprès du Figaro. «L’examen du dossier en appel a été fixé dans le délai de 6 mois, délai applicable à certains délits commis en bande organisée – ce qui n’est pas le cas pour le recel en bande organisée », précise-t-il, citant l’article 509-1 du code de procédure pénale.
Mis en cause dans trois dossiers criminels
La nouvelle a semé le trouble et la colère dans les rangs de la police judiciaire marseillaise, déjà éprouvée par la première libération anticipée du caïd intervenue en octobre 2024. L’homme avait alors bénéficié d’une décision de la Cour de cassation autorisant la levée de sa détention provisoire entamée après son interpellation en 2019 dans le cadre d’un dossier criminel pour complicité d’assassinat. Dans l’attente de son procès pour la corruption d’un ex-agent de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) suspecté de lui avoir vendu des informations sur le Darknet sous le pseudonyme «Haurus», Pascal G. avait une première fois quitté sa prison.
C’est un énorme voyou, mis en cause dans des faits de trafics de stupéfiants et d’homicide. Les policiers de la BRI qui l’ont traqué pendant des mois sont écœurés
Une source proche du dossier
L’homme s’était étonnamment présenté à l’audience quelques jours plus tard, se voyant infliger une condamnation de cinq ans de prison assortie d’une amende de 40.000 euros pour la corruption de l’ex-agent, également condamné à cinq ans de prison. «Mon client en se présentant devant ses juges, à la surprise générale, démontre qu’il croit en la justice et il faudrait que la justice lui fasse désormais confiance. Les prisons sont au bord de l’explosion. Nous, avocats pénalistes, si souvent décriés , demandons juste l’application de la loi. C’est normal d’être en liberté dans l’attente de son procès. Finalement, l’erreur du parquet général n’a fait que rétablir une situation normale», commente Me d’Arrigo auprès du Figaro.
«C’est un énorme voyou, mis en cause dans des faits de trafics de stupéfiants et d’homicide. Les policiers de la BRI qui l’ont traqué pendant des mois sont écœurés», rétorque une source proche du dossier auprès du Figaro. Pascal G. est en outre toujours mis en cause dans trois autres procédures criminelles.