Encore un nouveau festival, un nouveau public, de nouveaux groupes (et quelques-uns déjà bien connus). Les membres de Mass Hysteria participent à la deuxième édition de l’Heavy Week-end de Nancy avec la sérénité que leur confèrent leurs 30 trente ans d’expérience.
En 2025, Mass Hysteria a fêté cet anniversaire sans nostalgie. Yann Heurtaux et Fred Duquesne, guitaristes, font le bilan, sans s’appesantir.
30 ans après vos débuts, Mass Hysteria est toujours là. Comment expliquez-vous votre longévité ?
Yann Heurtaux : Le pire, c’est qu’en ce moment, ça va de mieux en mieux, on a de plus en plus de monde aux concerts. On n’a pas eu que des moments faciles. On a fait un album qui n’a pas plu à notre public à un moment. Il a fallu se relever de ça.
Frédéric Duquesne : A ce moment-là, on passait beaucoup à la radio, notre public a changé et on ne le reconnaissait plus. On était assez déstabilisé. Il a fallu reconquérir les gens qui nous écoutaient depuis nos débuts.
Beaucoup de groupes de metal durent plusieurs décennies. Comment expliquez-vous ça ?
Y.H. : C’est grâce aux fans, qui sont très fidèles. Et beaucoup de groupes connaissent des hauts et des bas. Regarde Iron Maiden ou Korn, au fil des années, tu as pu le voir dans des stades, des Zéniths, mais aussi, à un moment de leur carrière, au Bataclan ou à l’Elysée-Montmartre. ce qui est beau, c’est qu’ils sont toujours revenus.
Est-ce qu’il faut garder un cap ou savoir changer de style pour durer ?
Y.H. : Les deux ! Nous, on a toujours été fidèles à ce qu’on faisait à nos débuts, un mélange entre machine et metal. On a aussi toujours gardé les textes en français et des paroles positives. Mais on a aussi fait évoluer notre musique…
F.D. : Quand tu traverses les années, tu es traversé de plein de choses. A nos débuts, il y avait Korn et Prodigy, on a voulu mélanger tout ça. Plus tard, on s’est laissé influencer par des groupes comme Muse, qui a cartonné.
Y.H. : On a commencé à une époque où les musiques se mélangeaient. On est nés dans ce moment-là des samples. C’est naturel pour nous. Quand tu es né avec Rage Against the Machine, tu es marqué par cette culture du mélange des genres.
Avez-vous l’impression que le metal attire un nouveau public aujourd’hui ?
F.D. : Ce n’est plus une musique qui fait peur. Le metal est rentré depuis un moment dans les chaumières. On a longtemps souffert de ce cliché qui n’a jamais été aussi faux qu’aujourd’hui.
Y.H. : Nous sommes la preuve qu’un public mainsfream peut apprécier le metal. On a joué dans des festivals de chanson où on était les trublions de la soirée. Et à chaque fois ça s’est super bien passé. On a joué après Benjamin Biolay, et on ne s’est pas pris de tomates. A la Fête de l’Huma, on a joué avec La Femme, Jeanne Added… Il y avait beaucoup de jeunes – je me suis senti vieux… – et c’était la folie.
F.D. : Les gamins d’aujourd’hui écoutent de tout, aussi bien Spirit Box que Billie Eilish.
Votre public a évolué lui aussi ?
Y.H. : En ce moment ça se rajeunit. On hallucine ! Les gens viennent avec leurs mômes, et il y a des ados de 18 ans tout devant. Les anciens sont plus dans le fond. C’est physique quand même nos concerts…
Vous ne voulez pas jouer plus doucement pour que votre vieux public vienne devant aux concerts ?
Y.H. : Jamais de la vie ! (rires) On a gardé nos 25 ans, on envoie du riff. Quand on choisit les morceaux pour un concert, la seule ligne directrice c’est qu’il faut que ça fasse bouger, que ça fasse sauter !
F.D. : On verra ce qu’on fait dans dix ans si on ne peut plus bouger. On voit tellement de concerts avec des voix enregistrées, des shows monstrueux… Nous, on est toujours restés sur des concerts assez bruts, avec le vrai son des guitares. On joue en vrai et s’il y a des pains, ce n’est pas grave. Et on sent qu’il y a un retour à des choses organiques comme ça. En vrai, j’ai l’impression qu’on a raison de faire ce qu’on fait.
Êtes-vous nostalgiques d’une époque de votre carrière ?
F.D. : Les premières réussites, les premiers gros festivals, c’était cool… Aujourd’hui on est darons, on est plus posés, moins naïfs. Tout est plus calme, moins rock autour de nous. On est moins entourés d’autres groupes comme nous. Tous les groupes qu’on connaît aujourd’hui, c’est tous des geeks avec leurs ordis (rires).
Y.H. : Moi je ne suis pas du tout nostalgique, je pense toujours que ça va être mieux après, tout le temps.