Les non-fumeurs sont de plus en plus nombreux à développer un cancer du poumon, en particulier les jeunes femmes. Une donnée inquiétante qui a pourtant une explication toute simple et contre laquelle il est difficile de lutter. On vous dit tout.
Alors que le tabagisme est en net recul depuis plusieurs années, une tendance paradoxale inquiète les experts : de plus en plus de non-fumeurs développent un cancer du poumon. Longtemps considéré comme la conséquence quasi exclusive de la cigarette, ce type de cancer change de visage.
« Lorsque nous voyons des personnes de 30 ou 35 ans atteintes d’un cancer du poumon, il s’agit généralement de personnes qui n’ont jamais fumé », alerte Andreas Wicki, oncologue à l’hôpital universitaire de Zurich, dans une interview accordée à la BBC. Cette évolution remet en question les idées reçues. Selon le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), entre 10 et 20 % des cas de cancer du poumon dans le monde concernent désormais des non-fumeurs. Une proportion en hausse !
Les femmes plus sujettes à souffrir d’un cancer du poumon
Parmi les nouveaux profils à risque : les femmes, souvent jeunes, et sans antécédents de tabagisme. Le type de tumeur le plus fréquemment observé chez elles est l’adénocarcinome, une forme de cancer qui se développe dans le mucus pulmonaire. Ce type particulier de tumeur est insidieux. En effet, il progresse lentement et sans symptômes évidents, ce qui retarde souvent le diagnostic. Résultat, la maladie est majoritairement détectée à un stade avancé, avec des chances de traitement amoindries.
Cette hausse des cancers du poumon chez les non-fumeurs s’explique par plusieurs facteurs. Le premier pointé du doigt est la pollution de l’air, et plus précisément les particules fines. Ces microparticules, issues notamment du trafic routier et des combustions industrielles, ont un impact sur les cellules pulmonaires. « Notre étude propose que les particules fines ne mutent pas directement l’ADN, mais qu’elles réveillent les cellules mutantes dormantes dans les poumons », explique William Hill, chercheur au Francis Crick Institute de Londres.
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La pollution et la génétique, deux causes pointées du doigts
Autre explication : la génétique. Chez certains patients, les mutations responsables du cancer sont déjà présentes dans l’organisme. Le gène EGFR, en particulier, a été identifié chez de nombreuses femmes asiatiques non-fumeuses atteintes de cancer du poumon. Cette découverte a permis de mettre au point des traitements ciblés, améliorant sensiblement la survie des malades.
Mais malgré ces avancées, le dépistage reste largement orienté vers les fumeurs. Une focalisation jugée trop restrictive par de nombreux spécialistes. Le danger est de passer à côté de signaux d’alerte chez les non-fumeurs, pourtant de plus en plus concernés. Les experts appellent donc à une refonte des politiques de santé publique. Il devient urgent d’élargir les critères de dépistage, pour prendre en compte l’évolution des profils touchés par la maladie. Le cancer du poumon ne se résume plus à une conséquence du tabac. Il est temps d’adapter les réponses médicales et politiques à cette nouvelle réalité.