C’est un paysage de tissus et de couleurs, un petit monde en soi. Au cœur du Grand Palais, sous la resplendissante verrière récemment restaurée, l’artiste brésilien Ernesto Neto (né en 1964) a créé une installation géante, dans laquelle on peut entrer – après avoir retiré ses souliers –, pour marcher sur des copeaux d’écorces, s’installer au milieu de lianes chatoyantes…

Mais aussi tendre l’oreille au son des percussions dispersées comme des animaux au milieu de cette jungle à nulle autre pareille. Le concert imaginaire se concrétisera ce dimanche 8 juin, à l’occasion du premier week-end d’ouverture de l’exposition (gratuite) : des musiciens s’empareront de l’installation et joueront de ses tambours, faisant s’élever une mélodie ancestrale, rythme des corps et des peaux.

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Une installation à échelle architecturale

L’œuvre apparaît comme un espace de vie, où l’on écoute de la musique, on mange et on dort – en pensée du moins.

Célèbre pour ses sculptures textiles monumentales, l’artiste a utilisé pour celle-ci 5 735 mètres de chintz, une toile de coton bon marché bien connue au Brésil, volontiers utilisée comme tissu d’ameublement et couverte de motifs floraux et végétaux. Dissimulés par d’innombrables nœuds, ceux-ci se dévoilent à travers le sentiment de nature que fait naître l’œuvre, les métamorphosant en une impression paysagère.

Ernesto Neto, Exposition Nosso Barco Tambor Terra au Grand Palais, 2025

Ernesto Neto, Exposition Nosso Barco Tambor Terra au Grand Palais, 2025

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Outre les instruments cachés ici et là, l’installation est aussi nourricière puisqu’elle abrite de discrets sacs de riz, de haricots et de maïs, aliments de première nécessité, tous suspendus. Au sol, de petits coussins invitent au repos, à la contemplation. L’œuvre apparaît donc comme un espace de vie, où l’on écoute de la musique, on mange et on dort – en pensée du moins.

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Quatre artistes brésiliens en écho

On y lit aussi, puisqu’à l’architecture textile fait face une gigantesque toile, cousue d’un poème mêlant musique et nature. Ce qui nous entraîne hors de l’installation, et nous pousse à explorer davantage sa forme en s’en éloignant. Il est en effet possible de gravir les marches qui mènent jusqu’aux balcons du Grand Palais, et d’observer d’en haut cette structure suspendue au plafond et aux piliers du bâtiment.

Ernesto Neto, Nosso Barco Tambor Terra

Ernesto Neto, Nosso Barco Tambor Terra, 2024

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© Joana Linda / Courtesy de Ernesto Neto et de la Fondation EDP

Étirée telle une toile d’araignée, organique, elle révèle, vue d’en haut, sa très riche palette de couleurs… En dialogue parfait avec une série de peintures qui sont réunies là, signées par quatre autres artistes brésiliens : Agrade Camíz, Vinicius Gerheim, Antonio Obá (magnifique !) et Marina Perez Simão. Abstraites ou figuratives, ces toiles, pour la plupart de très grand format, regardent toutes l’œuvre d’Ernesto Neto, mais sont suffisamment puissantes pour ne pas souffrir d’un tel voisinage.

Au contraire : fortes d’une palette chromatique intense, elles révèlent d’autres préoccupations de la scène brésilienne – comme, pour Antonio Obá, la cosmologie yoruba ou la mémoire du lynchage des corps noirs ; ou pour Marina Perez Simão, les phénomènes géologiques, qui nourrissent une abstraction absolument captivante. De superbes découvertes, qui rappellent que le Grand Palais s’engage pleinement dans la saison Brésil-France, avec, en plus de ces deux expositions, un « Grand Bal BrasilBrésil » le 5 juillet, avant une parade brésilienne le lendemain.

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Ernesto Neto. Nosso Barco Tambor Terra

Du 6 juin 2025 au 25 juillet 2025

www.grandpalais.fr

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Horizontes. Peintures brésiliennes

Du 6 juin 2025 au 25 juillet 2025

www.grandpalais.fr

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Concert d’ouverture

Le dimanche 8 juin 2025 au Grand Palais

Plus d’informations sur le site du Grand Palais