«Nous marcherons à Paris le 28 juin 2025. » Ce dimanche, dans un communiqué, l’association SOS homophobie a appelé à la mobilisation pour la Marche des fiertés et a apporté son soutien à l’Inter-LGBT, organisatrice de l’événement, attaquée de plusieurs côtés depuis qu’elle a révélé l’affiche en début de semaine. L’Inter-LGBT, qui a perdu plusieurs sources de financement, dont la subvention de la région Ile-de-France, vient de lancer un appel aux dons pour « sauver la Marche et le podium des Fiertés 2025 ». 20 Minutes fait le point sur la controverse.

Que représente cette affiche ?

Sur le visuel de la Marche des Fiertés 2025 de Paris figurent plusieurs personnages, dont une femme voilée brandissant une pancarte « Contre l’internationale réactionnaire ». Une autre personne arbore un triangle rose, cousu par les nazis sur les uniformes des détenus homosexuels dans les camps – un symbole repris, dans une logique de « retournement du stigmate », dans les années 1980 par l’association Act Up engagée dans la lutte contre le sida. Une autre silhouette arbore des pin’s dont un représentant le drapeau palestinien, ainsi qu’un sac rouge, vert et blanc portant la mention « Free Prides », « libérez les Prides ». Au premier plan, un homme en noir et blanc semble avoir été mis K.-O. Sur son cou apparaît une croix celtique, symbole que se sont approprié les mouvements néofascistes.

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J’accepteQuelles ont été les réactions critiques et hostiles ?

Des associations LGBTQ+ ainsi que des élus de droite et d’extrême droite ont fustigé ce poster. Le groupe juif gay et lesbien de France, Beit Haverim, a dénoncé des « choix de communication irréfléchis » à même de déclencher « des débordements ou des actes d’hostilité ». L’association FLAG !, regroupant des policiers et fonctionnaires de justice LGBT et associée à l’organisation de la marche, s’est « désolidaris (ée) totalement de cette affiche ».

Côté politiques, la présidente LR d’Ile-de-France, Valérie Pécresse, a dénoncé une affiche incitant « à la violence avec son cadavre renversé ». Elle a demandé le « retrait » du logo de la région et annoncé que la subvention prévue ne serait pas versée. Auprès de l’AFP, l’entourage du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a déclaré que cette affiche est « de l’incitation à la violence ». « Femme voilée, homme blanc martyrisé et caricaturé en facho, soutien à la Palestine, alors que les homos, bis et trans y sont massacrés… voilà les marqueurs d’extrémistes », a réagi de son côté le vice-président du RN Sébastien Chenu.

La RATP, elle, a arrêté son partenariat avec l’Inter-LGBT « suite à la publication de l’affiche sans aucune autorisation et validation du contenu de [sa] part ».

Comment a réagi l’Inter-LGBT ?

Dans un communiqué, l’Inter-LGBT a déploré des « contresens grossiers ». « Les couleurs choisies pour le sac [rouge, vert et blanc] sont celles des drapeaux de la Hongrie et de la Bulgarie où les Prides sont actuellement menacées d’interdiction », a rappelé son président Alexandre Schon.

Les pin’s, dont celui du drapeau de la Palestine, « représentent la convergence des luttes à laquelle l’Inter-LGBT est attachée », fait savoir le communiqué. Dans ce visuel, « l’artiste a voulu représenter des personnes queers unies face à une internationale réactionnaire qui tue des personnes LGBT, les empêche de s’exprimer, restreint leur droit à exister, à s’aimer et à s’autodéterminer. »

Qui a réagi en soutien à l’Inter-LGBT ?

« Paris ne cautionne évidemment pas cette affiche, mais est plus que jamais aux côtés des associations organisatrices de la Marche parisienne au moment où les attaques LGBTQIAphobes explosent partout », a réagi sur X Jean-Luc Romero-Michel, adjoint à la maire de la capitale. « Paris est à la disposition de l’Inter-LGBT pour permettre une meilleure concertation avec les partenaires qui ont pu être choqués par l’affiche, afin d’aplanir les incompréhensions et faciliter la concertation en amont à l’avenir », poursuit le communiqué.

Plusieurs collectifs et associations ont également témoigné de leur soutien à l’Inter-LGBT et appelé à la mobilisation pour le 28 juin. Pour inverti.e.s, « il est indispensable de faire bloc contre ces attaques ».

SOS homophobie est la dernière en date avec son communiqué ce dimanche. « Le déferlement de haine orchestré par la droite et l’extrême droite contre la Marche de Paris est inacceptable. Le harcèlement et les menaces dont sont victimes les bénévoles de l’Inter-LGBT sont intolérables. Les « sanctions » financières par coupe des budgets annoncés représentent un danger. Ces subventions devaient servir majoritairement à la sécurité de la Marche », énumère l’association luttant contre les discriminations et violences visant les personnes LGBTQ+.

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« Jeter la Marche en pâture à la haine en retirant ces soutiens relève d’une irresponsabilité politique majeure des instances publiques », ajoute SOS homophobie. Et de conclure : « C’est précisément au moment où les personnes LGBTI ont le plus besoin de soutien, que ce soutien leur est implacablement retiré. Nous ne sommes pas non plus dupes : ces coupes budgétaires n’empêcheront pas le déroulé de la Marche, mais elles relèvent d’une intimidation et d’un opportunisme politique honteux. Elles ne visent qu’à masquer les véritables revendications d’un événement militant essentiel. »