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Reuters
Publié le
4 juin 2025
Les négociations sur les droits de douane entre l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis avancent dans la bonne direction, a déclaré mercredi le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, qui a également dit regretter l’entrée en vigueur des nouvelles surtaxes américaines sur l’acier et l’aluminium.
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Les nouveaux droits de douane américains imposés sur la plupart des importations d’acier et d’aluminium sont entrés en vigueur mercredi alors que le président américain Donald Trump attend des partenaires commerciaux des Etats-Unis leur « meilleure offre » pour éviter d’autres surtaxes à compter de début juillet.
Maros Sefcovic a déclaré mercredi avoir eu des discussions productives à Paris avec le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, dans l’espoir de réduire ou d’annuler en partie les droits de douane sur les importations européennes.
« Nous avons tous les deux conclu que nous avancions dans la bonne direction », a-t-il déclaré à des journalistes après avoir rencontré son homologue américain. Des discussions techniques sont en cours à Washington avant des contacts de haut niveau qui vont suivre, a-t-il ajouté.
« Ce qui me rend optimiste, c’est que je vois des progrès (…) les discussions sont désormais très concrètes », a ajouté Maros Sefcovic, soulignant qu’il avait accepté avec Jamieson Greer de restructurer l’objet de leurs discussions commerciales, « en l’abordant sous des angles différents ».
La partie américaine ne s’était pas encore exprimée. Donald Trump a signé mardi soir une proclamation exécutive prévoyant l’application immédiate des droits de douane sur la plupart des importations d’acier et d’aluminium, une semaine après avoir fait part de son intention de doubler ces surtaxes.
« Nous avons commencé à 25% et après avoir examiné davantage les données, nous avons réalisé que, bien que cela soit d’une grande aide, ce ne serait pas suffisant. C’est pourquoi les 50% commencent demain », a déclaré mardi Kevin Hassett, conseiller économique de la Maison blanche. Les nouveaux droits de douane sont entrés en vigueur à 00h01 (04h01 GMT) mercredi.
Maros Sefcovic a dit regretter profondément la nouvelle hausse des droits de douane américains, soulignant que l’UE avait le même problème de surcapacité que les Etats-Unis dans le domaine de l’acier et arguant que les deux parties devaient travailler ensemble sur ce sujet.
Cette hausse s’applique à tous les partenaires commerciaux des Etats-Unis, à l’exception du Royaume-Uni, seul pays à être parvenu à conclure un accord commercial avec Washington dans le délai de 90 jours accordé le 9 avril par Donald Trump pour l’instauration de droits de douane dits « réciproques ».
Les Etats-Unis sont le premier pays importateur mondial d’acier, avec un total de 26,2 millions de tonnes en 2024, selon le département américain du Commerce. Les nouveaux droits de douane sur l’acier et l’aluminium devraient affecter en particulier les deux pays voisins que sont le Canada et Mexique.
Ottawa « est engagé dans des négociations directes et intensives afin d’obtenir le retrait de ces droits de douanes », a fait savoir le bureau du Premier ministre canadien, Mark Carney.
De son côté, le ministre mexicain de l’Economie Marcelo Ebrard a répété que ces droits de douane étaient non viables et injustes, notamment car le Mexique importe davantage d’acier des Etats-Unis qu’il n’en importe.
« La meilleure offre »
La Maison blanche a aussi fixé à mercredi la date butoir pour que les partenaires commerciaux des Etats-Unis soumettent leurs dernières offres afin d’éviter de tomber sous le coup des droits de douane « réciproques » de Donald Trump, qui doivent entrer en vigueur dans cinq semaines.
L’administration américaine a engagé des discussions avec de nombreux pays depuis la suspension des droits de douane dits réciproques.
Selon des documents consultés par Reuters, le président Donald Trump attend de ses partenaires commerciaux qu’ils fassent leur « meilleure offre » pour accélérer les négociations bilatérales avant l’expiration de la trêve commerciale.
Dans l’attente d’un potentiel règlement, la plupart des autres biens exportés font l’objet d’une taxe de 10%.
L’Union européenne (UE), menacée de droits de douane réciproques à hauteur de 20%, n’a pas exclu des mesures de représailles mais dit privilégier une solution négociée.
La Chine et les Etats-Unis ont accepté pour leur part le 12 mai dernier de baisser temporairement leurs droits de douane réciproques pendant une période de 90 jours afin de négocier.
Mais depuis, les relations commerciales entre les deux premières puissances économiques mondiales se sont de nouveau tendues. Vendredi, Donald Trump a accusé Pékin d’avoir « totalement violé » l’accord sur les droits de douane.
Mercredi, il a jugé « extrêmement difficile » de conclure un accord avec le président chinois Xi Jinping.
« J’aime le président Xi de Chine, je l’ai toujours aimé et je l’aimerai toujours, mais il est TRÈS DUR ET C’EST EXTRÊMEMENT DIFFICILE DE PASSER UN ACCORD AVEC LUI », a écrit le locataire de la Maison blanche sur le réseau Truth Social.
L’incertitude autour de la politique commerciale de l’administration Trump provoque des perturbations pour les entreprises, notamment en Europe.
Le groupe français de spiritueux Rémy Cointreau a annoncé mercredi le retrait de ses objectifs de croissance des ventes à l’horizon 2030, citant les droits de douane et la faiblesse des ventes aux États-Unis, qui pourraient compromettre ses perspectives pour cet exercice et au-delà.
L’entreprise autrichienne spécialiste de l’acier Voestalpine a averti pour sa part que les droits de douane de 50% sur l’acier et l’aluminium pourraient amputer à hauteur de 50 millions d’euros ses bénéfices annuels.
(Avec Alexandra Alper à Washington, Brendan O’Boyle à Mexico, Ismail Shakil à Ottawa, Kiyoshi Takenaka et John Geddie à Tokyo; rédigé par Dan Burns; version française Camille Raynaud et Zhifan Liu, édité par Blandine Hénault et Kate Entringer)
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