C’est comme « avoir un autre parolier dans la pièce qui a une imagination débordante », affirme Björn Ulvaeus, invité du SXSW à Londres, un festival culturel célébrant le lien entre l’art et les nouvelles technologies.
À l’heure de la démocratisation de l’intelligence artificielle, certains artistes n’ont pas peur d’avouer qu’ils considèrent cet outil remarquable, voire révolutionnaire. C’est le cas de Björn Ulvaeus, le guitariste d’Abba, qui a annoncé mercredi 4 juin travailler sur une comédie musicale à l’aide de l’IA. Le musicien connu pour ses nombreux tubes comme Waterloo, Dancing Queen ou encore Mamma Mia, voit cet outil comme « un associé très puissant ».
À contre-courant de plusieurs artistes, Björn Ulvaeus estime que l’intelligence artificielle n’est pas une menace pour l’industrie musicale. Tout au contraire, c’est un « outil formidable », affirme-t-il lors du SXSW à Londres, un festival culturel célébrant le lien entre l’art et les nouvelles technologies auquel les médias locaux ont assisté, comme The Guardian . Si Björn Ulvaeus reconnaît les limites de cet outil, expliquant notamment que ce dernier est « vraiment nul pour écrire une chanson» et « pour écrire de belles paroles », il affirme toutefois que l’IA peut aider les artistes à pallier une panne créative, et à faire disparaître l’angoissant syndrome de la page blanche. « Si vous êtes bloqués, vous pouvez par exemple donner à chatGPT l’ébauche de vos paroles et lui demander : pouvez-vous m’écrire la suite de mon titre ? »
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L’intelligence artificielle n’est pas parfaite, souligne malgré tout le musicien. « La plupart du temps, l’IA vous donne des réponses pas du tout cohérentes. » Mais parfois, un miracle se produit : « De temps en temps, cet outil peut vous donner de très bonnes idées ». Et quand cela arrive, « c’est formidable ». C’est comme « avoir un autre parolier dans la pièce qui a une imagination débordante. C’est vraiment une extension de votre esprit. Vous commencez à avoir des idées auxquelles vous n’aviez pas pensé auparavant ».
ABBA, précurseur des nouvelles technologies
Ce n’est pas la première fois que Björn Ulvaeus se montre curieux des nouvelles technologies. Il se sert de celles-ci depuis les années 1970, comme il l’a rappelé lors du SXSW. Durant ses années passées avec ABBA, entre 1972 et 1982, le musicien, accompagné de Benny Andersson, souhaitait toujours se « tourner vers les dernières nouveautés ». Ils furent par exemple, parmi les premiers à utiliser le synthétiseur Minimoog dans leur studio et à utiliser des machines d’enregistrement numérique. « On était toujours à l’affût pour créer des nouveaux sons pour nos disques grâce à ces nouvelles technologies. » Et ça a continué jusqu’au XXIe siècle lorsque en 2022, le groupe suédois, s’est armé de ces technologies pour proposer des concerts londoniens virtuels, où leurs hologrammes apparaissent dans une salle conçue spécialement pour la réalisation de cette prouesse.
Même si paroliers et compositeurs restent pour la plupart rétifs à l’usage de la création artificielle, Björn Ulvaeus n’est pas seul artiste à vanter les vertus de l’IA. Le chanteur pop néo-zélandais Daniel Bedingfield, auteur des titres Never gonna leave your side et If You’re Not the One, a récemment dit au Guardian que « l’avenir de la musique se fera avec l’IA ». Et résolument optimiste, il a conclu son entretien en affirmant haut et fort: « La machine peut faire de la bonne musique ».