Par

Thibault Nadal

Publié le

9 juin 2025 à 14h27

« On ne peut qu’être très en colère, ça fait 30 ans que ça dure. » Auprès d’actu Marseille, Augustin Marie, président du Rugby Club Méditerranée (RCM), ne cache pas sa « fatigue » face à la récurrence de la situation. Depuis samedi 7 juin 2025, le stade du Menet, dans le 11e arrondissement de Marseille, est occupé illégalement par une centaine de caravanes de gens du voyage.

Selon le responsable, les caravanes « prévoient de rester entre 15 jours et trois semaines », ce qui met en péril la fin de saison du club, fixée au 28 juin. « On va être incapables d’assurer nos activités de fin de saison », se désole-t-il.

Les gens du voyage devraient rester au moins 15 jours

Des matchs, des tournois et des entraînements étaient encore au programme. « Sans terrain et club-house, comment faire continuer ces activités ? », se demande le patron du RCM.

Les salariés et les bénévoles sont dégoûtés. Ce moment en fin de saison est important pour ces gens. Toutes ces choses-là n’auront pas lieu. Ils vont partir en vacances avec une sensation d’inachevée. Il y a aussi de la frustration et de la colère.

Augustin Marie

Durant ces semaines, ce sont quatre salariés qui vont se retrouver sur le carreau. « Qu’est-ce que je vais en faire ? Ils vont être payés à ne rien faire, le tout sur les finances du club », déplore le président.

Ce sont également plusieurs centaines de bénévoles qui viennent aider quotidiennement ainsi que 689 licenciés qui se retrouvent privés de leurs infrastructures. « C’est la double peine pour nous ».

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Mais plus que cette fin de saison, Augustin Marie se montre inquiet, notamment pour l’état de ses pelouses, alors que trois terrains sont occupés.

« Un bras de fer » engagé avec les gens du voyage

Afin de préparer l’après, il confie « être sur le pont depuis samedi midi », même si la discussion s’avère être difficile avec la communauté des gens du voyage. « C’est un bras de fer », assure le président du Rugby Club Méditerranée.

Mais aussi avec la mairie de Marseille, propriétaire du site. « Le contact est établi, mais tout le monde se renvoie la balle ». Augustin Marie, lui, veut des garanties : « À leur départ, quels sont les moyens mis en œuvre pour récupérer nos terrains dans un bon état ? C’est la seule chose qui m’intéresse. »

Dans son combat, le club a très rapidement reçu le soutien de Sylvain Souvestre, le maire (LR) des 11e et 12e arrondissements, venu sur place « vingt minutes après le début de l’installation ».

« Ces gens font ce qu’ils veulent »

Trois jours plus tard, l’édile confie à actu Marseille que la situation n’a pas bougé et que « 120 caravanes » se trouvent désormais sur les terrains de Saint-Menet.

Comme Augustin Marie, Sylvain Souvestre assure avoir proposé aux gens du voyage de s’installer dans une aire dédiée à quelques mètres du stade. Mais les deux hommes assurent que cette proposition a été refusée et que la communauté veut profiter des installations du site et notamment de l’électricité. « Ces gens font ce qu’ils veulent », déplore l’édile.

Auprès de BFM Marseille Provence, un responsable du campement affirme que les gens du voyage vont laisser « le terrain propre (et que) tout sera nickel » et qu’ils n’ont « jamais eu de problèmes jusqu’à aujourd’hui ».

La ville et la mairie de secteur se renvoient la balle

Mais ce dossier vire à l’affrontement entre la mairie de Marseille et la mairie de secteur. Sylvain Souvestre explique ne pas avoir eu de retour du maire Benoît Payan et de son adjoint à la Sécurité, Yannick Ohanessian. « C’est scandaleux et anormal que je sois le seul élu à être allé sur place » déplore-t-il. Il regrette aussi l’absence d’adjoint aux Sports depuis la mise en retrait de Sébastien Jibrayel, accusé de violences contre des militants insoumis.

C’est un manque de volonté politique, la ville est absente. Je suis dépité par le manque de réactivité de la ville. C’est honteux.

Sylvain Souvestre
Maire des 11e et 12e arrondissements

L’édile compte déposer plainte dans les prochains jours face à cette situation.

Tout comme la ville, comme indiquée par Audrey Garino, adjointe au maire de Marseille chargée des affaires sociales sur X. « L’accueil des gens du voyage dépend de la métropole, défaillante et régulièrement condamnée par la justice. La Ville a porté plainte immédiatement contre cette occupation et saisira le préfet pour trouver une solution respectueuse du droit et des personnes », écrit-elle.

Mais pour Sylvain Souvestre, c’est à Benoît Payan de demander l’expulsion de ce campement. Il explique enfin que la Métropole – présidée par Martine Vassal – « demande depuis cinq ans à la ville de lui proposer des terrains, mais elle ne l’a jamais fait ».

Les bonnes nouvelles dans cette affaire pourraient venir de Paris et du ministère de l’Intérieur. Contacté par le maire des 11e et 12e arrondissements, Bruno Retailleau a répondu qu’une réunion devait se tenir cette semaine, avant une probable proposition de loi afin de « durcir les sanctions et favoriser l’expulsion ».

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