Le jeune homme revêtant un masque de merlan décapité s’est encanaillé avec un sosie de Captain Iglo, ravi de « vendre ses fameux bâtonnets de poissons panés » aux gendarmes s’essayant à un contrôle d’identité. « Ils sont plus d’une trentaine d’uniformes pour un plateau de poissons pourris, il n’y en aura pas pour tout le monde », prévient une activiste narquoise.

En face de l’hôtel de luxe, l’important dispositif de sécurité ne goûte pas la plaisanterie. La séance photo avec les journalistes et les touristes interloqués tourne court. Les joyeux drilles porteurs d’un triste message sont exfiltrés de la plage. Fin de la pièce de théâtre.

Un maire de Polynésie abonde

« Mais ça n’est pas que du spectacle », interrompt un passant. C’est Fernand Tahiata, maire de Tubua, une île de Polynésie française. « Dans notre archipel, depuis toujours, nous vivons en harmonie avec l’océan. Nous dépendons énormément de la pêche artisanale. Mais aujourd’hui, cet équilibre est menacé par la pêche industrielle. Nous avons traversé le monde pour empêcher l’irréparable. »


Les gendarmes ont rapidement exfiltré les militants d’Ocean Rébellion, devant le Negresco, à Nice, lundi 9 juin 2025, à Nice. Photo Dylan Meiffret Dylan Meiffret / Nice Matin.

 » Mais c’est Macron ! Qu’est-ce qu’il fait sur la plage ? », s’étonne un groupe de touristes, hilare à la vue d’une grosse tête parodiant le président de la République. Au premier jour de la conférence des Nations-Unies sur l’Océan (Unoc), ce lundi 9 juin 2025 vers 10 heures, l’homme d’État postiche, travesti en serveur, proposait aux passants un plateau de poissons pourris sur la promenade des Anglais, juste en face de l’hôtel Negresco qui accueille certaines délégations diplomatiques.

Une mise en scène burlesque voulue par une dizaine d’activistes venus du Royaume-Uni, tous membres du collectif artistique et militant Ocean Rebellion, branche maritime d’Extinction Rebellion.

« Les océans ne seront bientôt que des cimetières »

« Le président Macron a fait part de son ‘‘amour’’ pour l’océan. Mais il aime le chalut [trawling, en anglais]. La France et l’UE permettent à leur flotte de pêche de maximiser une surpêche coloniale dans des endroits où les pêcheurs locaux souffrent de la faim. Une exploitation largement subventionnée », tacle Clive, originaire de Londres.

Son collègue Louis abonde: « Les chalutiers usines détruisent irrémédiablement les réserves halieutiques. Parfois même dans des zones censées être protégées. En plus de tuer massivement des espèces qui ne seront même pas consommées, ces filets, en raclant les fonds marins, libèrent des poches de CO. Ça aggrave le dérèglement climatique et l’acidification des eaux. Bref, les dirigeants réunis à l’Unoc auront beau parler, s’ils ne se dressent pas face à ces pratiques, les océans ne seront bientôt que des cimetières. »


Un faux Capitaine Iglo était de la partie, lundi 9 juin, lors du happening d’Océan Rébellion devant le Negresco, à Nice. Dylan Meiffret / Nice Matin.