Tout ce qui se passe depuis le début du mois de juin est enregistré, sous forme de timelapse (vidéo accélérée), pour immortaliser le temps qui passe et capturer les transformations qui bouleversent le haut de la rue d’Aubagne, dans le 1er arrondissement de Marseille.
Avant le démarrage du chantier pour la démolition du numéro 69, en haut de la dent creuse des n°63, 65 et 67 – les deux premiers se sont effondrés, le 3e a été immédiatement démoli préventivement – en novembre 2018, la Spla-In (Société publique locale d’aménagement d’intérêt national) a placé des caméras pour garder une trace de l’histoire de ces lieux où huit personnes ont perdu la vie.
« C’est vraiment un chantier très particulier, de par son ampleur, mais aussi très symbolique pour nos équipes, pour les gens du quartier. Il y a dans l’air beaucoup d’émotion ces derniers jours. Ce n’est pas seulement la déconstruction du numéro 69 qui commence, mais le changement de toute la rue d’Aubagne », pose Franck Caro, le directeur général de la Spla-In.
Le chantier de démolition « ravive beaucoup de souvenirs »
Le temps des grandes manœuvres, les panneaux mémoriels en hommage aux victimes ont été temporairement retirés pour éviter les dommages. Et avec l’arrivée des pelleteuses, l’émoi est palpable dans la rue. « Ça ravive beaucoup de souvenirs qui sont très loin d’être agréables. D’autant qu’on a toujours de grosses fissures chez nous qui nous inquiètent. Il faut faire des lieux de mémoire mais il faut aussi s’occuper de ceux qui vivent là », s’inquiète Patrick (le prénom a été changé), un riverain du haut de la rue.
Mustafa est en colère contre des touristes qui prennent en photo la démolition. « Ça se voit qu’ils n’étaient pas là quand ça s’est passé », tempête-t-il aussi. Avec toute la poussière dégagée, la plupart des commerces ont aussi pris congé.