C’est un marqueur à plusieurs titres de la majorité qui connaîtra, ce samedi, sa dixième édition depuis la première en 2015. Événement populaire annoncé dès la campagne municipale il y a onze ans, la Fête des Tuiles résonne aussi comme le seul faux pas judiciaire d’Éric Piolle jusqu’ici, quand bien même la peine prononcée (8 000 euros d’amende avec sursis) fut plus anecdotique que l’écho médiatique qui l’avait accompagnée.

Mais cet événement, mouvant selon les éditions dans sa forme comme son emplacement géographique, reste un moment « qui nous tient à cœur, redit Lucille Lheureux, adjointe aux cultures. Elle a des marqueurs qui sont vraiment fondamentaux dans notre engagement politique à l‘échelle de la ville. C’est clairement le fait de déambuler, de parcourir l’espace public, d’avoir un autre regard sur la ville à cette occasion, c’est une réappropriation. Plus on aura des moments où l’on peut prendre toute notre place en tant qu’enfant, en tant que femme, en tant que minorité dans l’espace public, dans des temps collectifs et de fêtes, plus ce sera facile de le faire au quotidien et de l’affirmer, de le réaffirmer. »

« Si on veut pouvoir lutter contre les idées d’extrême droite… »

Une fois encore, les festivités auront lieu de 10 h 30 à 18 heures sur les cours Jean-Jaurès et Libération, puis jusqu’à 23 heures entre les grands boulevards et l’avenue Rochambeau. Le parc Pompidou, lieu d’accueil des deux dernières éditions, a, lui, disparu de la programmation. « On a bien conscience que ce petit détour par le parc Pompidou a été agréable et chouette, assez familial, plus confortable peut-être. Mais on est persuadés qu’on peut s’amuser autant et qu’on peut retrouver cette convivialité sur le cours. » Un esprit grenoblois incarné par les artistes qui se produiront tout au long de la journée : « Les artistes sont des acteurs de la ville. Et on leur donne toute cette place. Pour moi, il est essentiel de montrer que l’art, ce n’est pas que du spectacle vivant. Ça permet de revoir de l’art de rue, des propositions artistiques conçues pour l’espace public mais également des artistes qui d’habitude se produisent plutôt en intérieur. »

Et parce que les échéances politiques 2026 pas plus que le contexte actuel n’ont échappé à personne, Lucille Lheureux ajoute : « Ces grands rassemblements sont politiquement indispensables pour nous. Si on veut pouvoir lutter contre le racisme et les idées d’extrême droite, si on veut pouvoir apporter un service public aussi qui est protecteur, joyeux et fédérateur, on a besoin de ces moments-là. »

260

Le budget de la Fête des Tuiles 2025 se monte à 260 000 €, dont près de 60 000 euros vont sur les propositions artistiques.

Les temps forts

▶   Un grand vide-greniers. De 10 h 30 à 18 h sur l’avenue Rochambeau et la rue Sidi-Brahim. Les inscriptions sont gratuites et ouvertes jusqu’au vendredi 6 juin.

▶   La traversée inédite des grands boulevards. Une proposition artistique du collectif Fusée pour traverser et aller d’un cours à l’autre en “transport commun”.

▶   Highline sur boulevard. Un spectacle de danse verticale sur la façade du 33-35 cours de la Libération à 13 h accompagné de traversées du cours en highline sur 110 m de long par la Cie les Impondérables.

▶   Une grande roue en bois de 16 places sera située au croisement entre la rue des Alliés et le cours de la Libération.

▶   Une soirée festive. À partir de 18 h cours de la Libération entre le croisement avec les grands boulevards et l’avenue Rochambeau, aux couleurs des musiques électroniques, Issi, Beatwatch et The Dare Night (TDN).

Une journée d’études consacrée au rôle des femmes dans la Révolution, ce vendredi

Pour la deuxième année, un colloque consacré au matrimoine précédera la Fête des Tuiles. Et permettra, avec nombre de sommités universitaires, d’aborder mes miens entre genre, espace public, engagement et politique et environnement à l’époque de la Révolution française. « La journée des Tuiles qui a eu lieu en juin 1798 était porteuse de ce sens de libération, d’émancipation, explique Jérôme Soldeville, conseiller municipal délégué. La recherche récente a mis en avant le rôle de ces femmes dans la journée du 7 juin 1789. Également le rôle économique en particulier qu’elles ont pu avoir, puisque Grenoble était une ville frontière, et donc lieu de passage de produits interdits, notamment de sel, de tabac… »

Longtemps ignorée, leur participation à l’élan révolutionnaire sera largement débattue ce vendredi.

Vendredi 13 juin, à l’auditorium de l’office de tourisme, entrée libre et gratuite. Sous la présidence de Pierre Serna, professeur des universités à Paris I – Panthéon-Sorbonne. 9 h 30 – 12 h 30 : “Femmes contre la Révolution ?” 14 h – 17 h 30 : “Femmes en Révolution”.