«Cette famille est non seulement dévastée par le chagrin et la douleur, mais elle doit également faire face à des frais d’avocats pour que justice soit rendue. C’est une situation dramatique et totalement injuste.» Valérie Pécresse a annoncé ce jeudi 26 septembre en séance du conseil régional que la région Île-de-France allait prendre en charge les frais de justice de la famille de Philippine, étudiante de 19 ans retrouvée morte le 21 septembre dernier dans le bois de Boulogne. Des polémiques vives ont éclaté depuis qu’un suspect, un homme de 22 ans de nationalité marocaine déjà condamné en France pour viol en 2019 et visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF), a été arrêté mardi soir en Suisse.

Selon la collectivité territoriale, Valérie Pécresse a considéré, à l’occasion de l’audition du préfet de police, Laurent Nunez, sur les sujets de sécurité que la famille de Philippine se trouvait dans «une situation injuste». Interrogée par Libération au sujet du cadre légal d’une telle opération, la Région précise qu’elle «soutient [déjà] des associations qui aident les victimes, qui sont capables de prendre en charge pour elles des aides pour leurs procédures juridiques à faire valoir leur droit». C’est par exemple le cas d’associations aidant des femmes victimes de violences, d’homophobie ou racisme, ajoute-t-on. «Les associations répondent à des appels à projet et sont soutenues financièrement par la région.» A la question de savoir si la Région pourrait donner de l’argent via une association, la collectivité territoriale répond que cela «peut être une hypothèse». Mais les modalités précises de ce financement ne sont à ce stade, pas encore fixées.

Ce n’est pas la première fois que Valérie Pécresse s’exprime sur ce drame. Elle avait déjà estimé mercredi sur X que «le profil du meurtrier présumé de Philippine fait froid dans le dos». «Comment un violeur sorti de prison et sous OQTF peut-il se promener en toute impunité dans nos rues ? Comment justifier cette nouvelle défaillance de l’État à sa famille, à ses amis ? Trop c’est trop. Force doit revenir à la loi et à l’ordre.»

Ce jeudi, les députés du groupe Droite républicaine, emmenés par Laurent Wauquiez, ont annoncé un peu plus tôt le dépôt à l’Assemblée d’une proposition de loi «visant à mieux protéger la société des étrangers clandestins dangereux et à faciliter leur expulsion». Ils proposent ainsi de porter «la durée maximale de rétention des immigrés en situation irrégulière à 135 jours au lieu des 90 prévus actuellement», voire à 210 jours «pour un étranger condamné pour un crime» – délai déjà appliqué aux auteurs d’actes terroristes.

Les députés de droite veulent également restreindre le rôle du juge qui doit valider chaque prolongation de placement en rétention, en supprimant «les obligations de justification jusqu’à 90 jours». Passé ce délai, ils veulent aussi retirer au juge la possibilité de remettre un étranger en liberté avant le délai maximum, tant que son pays d’origine n’a pas donné l’assurance de fournir «dans un délai bref» un laissez-passer consulaire permettant son expulsion.

L’homme suspecté d’avoir violé et tué Philippine était sorti du centre de rétention administrative de Metz le 3 septembre, quelques jours avant que le Maroc ne réponde positivement à la demande des autorités françaises. Les obsèques de l’étudiante ont lieu ce vendredi à la cathédrale Saint-Louis de Versailles à 13 heures. Une cagnotte de soutien avait déjà été lancée par des proches de la victime.