Sur cette photo prise le lundi 15 juin 2015 à Thiaroye, au Sénégal, des pêcheurs réparent leurs filets avant de partir en mer. Il y a près de dix ans, Mor Mar, pêcheur sénégalais, avait tenté la traversée illégale vers l’Espagne dans l’espoir d’une vie meilleure en Europe. Mais des vagues violentes ont contraint son embarcation à rebrousser chemin. – Credit:Babacar Dione/AP/SIPA
Si la distance qui sépare le Sénégal des îles espagnoles des Canaries n’est que d’environ 1 700 kilomètres, cette route migratoire reste l’une des plus meurtrières au monde. Selon l’ONG espagnole Caminando Fronteras, plus de 3 000 migrants sont morts dans cette traversée en 2023. Un chiffre qui reste sous-estimé compte tenu des nombreuses embarcations portées disparues et des corps à jamais engloutis par les eaux. La tragédie qui a frappé le village de pêcheurs de Fass Boye (140 kilomètres au nord de Dakar) en août 2023 avait jeté une lumière crue sur un phénomène dramatique au Sénégal : celui de la crise de la pêche traditionnelle qui pousse depuis une dizaine d’années les pêcheurs à prendre la pirogue pour tenter d’entrer illégalement en Europe. En 2024, 63 970 migrants sont entrés de manière irrégulière en Espagne, plus du double par rapport à 2022. Une grande partie d’entre eux ont débarqué sur les îles Canaries où le nombre de migrants a, lui, augmenté de 200 % entre 2022 et 2024.
La majorité des 101 passagers de la pirogue partie de Fass Boye était constituée de jeunes pêcheurs dont l’activité ne leur permettait plus de subvenir à leurs besoins. La mort de 63 d’entre eux dans ce naufrage a endeuillé toute une communauté. Comme dans d’autres villages côtiers où la pêche était la principale activité, cette localité a subi de plein fouet le déclin du secteur de la pêche, qui autrefois faisait vivre de nombreuses familles. Dans son rapport sorti le 13 mai […] Lire la suite