WIN MCNAMEE / Getty Images via AFP
Le président américain Donald Trump répond à la presse à la Maison Blanche le 9 juin 2025 à Washington, DC.
ETATS-UNIS – La situation était déjà explosive, et cette décision devrait ne devrait en rien aider. Selon de nombreux médias américains, de Reuters à CNN en passant par ABCNews, l’administration Trump aurait décidé ce lundi 9 juin le déploiement d’un bataillon de 700 Marines pour contribuer au maintien de l’ordre à Los Angeles. Ces derniers devraient arriver dans « les prochaines 24 heures », et seront chargés d’un « rôle de soutien » auprès des forces de l’ordre, affirme ABC News.
La mégapole californienne est en proie depuis trois jours à des affrontements entre des manifestants et les forces de l’ordre depuis que des manifestants ont tenté de s’interposer face aux arrestations musclées d’immigrés menées par la police fédérale de l’immigration (ICE).
Ce dimanche déjà, le président américain avait annoncé le déploiement à Los Angeles de la Garde nationale, un corps de réserve de l’armée, contre l’avis du gouverneur. Mais l’envoi de plusieurs centaines de Marines, soit l’un des corps d’armée réguliers, marque encore un tournant dans la gestion des émeutes par Donald Trump et sa guerre ouverte avec l’administration démocrate de la Californie.
Interrogé par des journalistes à la Maison Blanche quelques minutes avant cette décision, Donald Trump s’était montré évasif. « Nous verrons ce qui se passera. Je pense que nous maîtrisons très bien la situation ».
Des prérogatives limitées, sauf si…
Les médias américains ne savent pour l’instant pas exactement ce à quoi seront affectés ces Marines. Leur déploiement sur le sol américain est en effet régi par des limitations légales très strictes, et ils ne peuvent notamment pas procéder à du maintien de l’ordre. « Le déploiement d’un bataillon complet de marines marque une escalade significative dans l’utilisation par Trump de l’armée comme démonstration de force contre les manifestants, mais on ne sait toujours pas quelle sera leur tâche une fois à Los Angeles », affirme CNN, qui a pu s’entretenir avec trois sources au fait de ce dossier. « Comme les troupes de la Garde nationale, il leur est interdit de mener des activités de maintien de l’ordre, telles que des arrestations, à moins que Trump n’invoque l’“Insurrection Act” ».
C’est cet « Insurrection Act » qui est plus que jamais dans les esprits avec l’annonce du déploiement des Marines. Ce texte fédéral, qui n’a été utilisé qu’une trentaine de fois depuis la création des États-Unis, autorise le président des États-Unis à déployer l’armée sur le territoire afin de rétablir l’ordre. Alors que les soldats déployés ne disposent pour l’instant que de très peu de prérogatives, se contentant d’un rôle de soutien, toutes les options seraient alors ouvertes, avec un pouvoir presque illimité pour le président américain. Sa dernière utilisation eut lieu en 1992 par le président George H.W. Bush, déjà lors d’émeutes à Los Angeles.
Pour l’instant, « la loi sur l’insurrection ne devrait pas être invoquée », affirme cependant Reuters. Selon une source au fait de cette mobilisation des Marines auprès de CNN, les Marines devraient « remplacer certains des membres de la Garde nationale qui ont été déployés à Los Angeles ces deux derniers jours ».
Une plainte du procureur général de Californie
Le procureur général de Californie Rob Bonta a en tout cas annoncé lundi poursuivre Donald Trump en justice, estimant que son choix de mobiliser les gardes nationaux, c’est-à-dire des militaires, sans l’aval du gouverneur « dépassait l’autorité du gouvernement fédéral » et « violait » la Constitution. Une déclaration faite avant l’annonce du déploiement des Marines.
Dans un court échange avec des journalistes lundi à la Maison Blanche, Donald Trump avait rejeté la faute des débordements sur des « agitateurs professionnels » et des « insurgés », mais n’a pas dit s’il déclarerait un état « d’insurrection » à proprement parler.