Après avoir fait le voyage dimanche depuis Monaco à bord du Thalassa pour accompagner le président Macron jusqu’à Nice et prendre part au dîner des chefs d’État servi à l’hôtel Negresco, le prince Albert II était de retour dans la capitale azuréenne, ce lundi matin, pour assister aux premières séquences de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan (UNOC)

Dans la zone bleue, installée sur le port de Nice et réservée aux délégations officielles, le Souverain était attendu à l’ouverture de la conférence, suivie par un premier débat général. Il a ainsi pris la parole en huitième position et, au pupitre, Albert II a rappelé que cette conférence était la troisième du genre, « la troisième alors que les océans couvrent plus de 70% de la surface de la Terre et jouent surtout un rôle vital pour les équilibres de notre planète. Ce trésor est en péril. Depuis notre rencontre, à Lisbonne en 2022, les changements climatiques, l’érosion de la biodiversité et les pollutions s’accroissent dramatiquement. Et nous peinons à répondre à cette crise planétaire. Pour autant, nous ne sommes pas impuissants, et nous n’avons pas été inactifs. Même fragilisé, le multilatéralisme demeure notre seule solution. C’est pourquoi nous sommes ici. »

L’un des combats du souverain est l’Accord BBNJ, acté en juin 2023, assurant la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (notamment en haute mer)… et que les pays tardent à adopter. Monaco a été la première nation d’Europe à le faire.

L’urgence de ratifier l’accord BBNJ

« Il y a urgence à engager les actions qu’il prévoit », prévient Albert II. « La création d’un réseau connecté d’Aires Marines Protégées en haute mer contribuera à protéger plus efficacement les écosystèmes marins. Elle aidera à la réalisation de l’objectif commun de protection de 30% de l’océan d’ici à 2030 – un horizon encore lointain dans certaines régions, comme ici en Méditerranée. »

Autre point relevé dans le discours princier, celui de faire preuve de résilience face aux autres phénomènes qui affectent nos mers et nos populations. « L’acidification des eaux, la fonte de la cryosphère et l’élévation du niveau de la mer fragilisent les espaces habitables des zones littorales. Ils constituent une menace existentielle pour les pays les plus vulnérables, qui méritent notre attention et nos efforts. Face à tous ces défis, les sciences de l’océan doivent jouer un rôle central. Nos décisions collectives doivent être éclairées par des données scientifiques solides, pour garantir une gestion adaptée des ressources et des écosystèmes marins que nous connaissons encore mal. »

Un « principe de précaution » à exploiter les grands fonds marins

Sur la question de l’exploitation des grands fonds marins, pour laquelle Donald Trump – grand absent de l’UNOC – a récemment signé un décret pour relancer l’extraction minière en mer, le prince Albert II a rappelé le « principe de précaution » auquel s’attache Monaco.

« Toute exploitation minérale des grands fonds devrait s’effectuer dans un cadre réglementaire établi sur des données scientifiques fiables, sous les auspices de l’Autorité internationale des fonds marins. La mobilisation de la communauté scientifique doit être l’occasion de réaffirmer ce rôle de la science dans notre approche de l’océan. Et la Principauté de Monaco soutien la création d’une International Platform for Ocean Sustainability, dans le cadre de la Commission océanographique de l’UNESCO. »

Enfin, le Souverain a fait écho au Blue Economy & Finance Forum organisé à Monaco en lever de rideau de la conférence des Nations Unies à Nice visant à favoriser l’économie bleue. « Cette approche économique durable et vertueuse des ressources marines est l’une des clés qui nous permettra de transformer nos ambitions en actions concrètes, pour sauver l’océan. Pour notre avenir. J’espère que nos débats ici y contribueront à leur tour. »