Elle pensait qu’il ne s’agissait que d’une angine. En quelques heures, la petite Lila a perdu la vie. Une tragédie évitable, qui rappelle d’autres drames où des maladies graves ont été méprises pour des affections bénignes.
Il existe des histoires bouleversantes où les premiers signes d’une maladie grave sont pris pour de simples maux passagers. Une femme s’étonnait de ses bleus inexpliqués : elle souffrait en réalité d’un lipœdème. Une autre, âgée de 30 ans, pensait faire des crises d’anxiété. Elle recevra, des mois plus tard, un diagnostic de cancer en phase terminale. Dans le cas de Lila Marsland, une fillette de 5 ans vivant à Manchester, c’est un mal de tête accompagné de vomissements qui a semé l’inquiétude chez sa mère, ancienne infirmière. Elle redoutait une méningite. Les médecins ont parlé d’une simple amygdalite.
Le lendemain matin, la petite fille était morte. Ce drame a profondément bouleversé la famille de Lila. Sa mère, Rachael Mincherton, avait pourtant alerté le personnel médical de la gravité des symptômes. Fièvre, douleurs cervicales, vomissements et fatigue inhabituelle. Malgré ces signaux d’alerte, l’enfant est renvoyée chez elle avec un traitement antibiotique standard. Quelques heures plus tard, elle ne répondait plus. Les secours, arrivés rapidement, n’ont pas pu la ranimer. Un diagnostic post-mortem a révélé la présence d’une méningite bactérienne, une pathologie qui peut progresser extrêmement rapidement, surtout chez les jeunes enfants.
La méningite : une urgence vitale trop souvent sous-estimée
La méningite bactérienne est une urgence médicale absolue. Selon les spécialistes, elle peut entraîner la mort ou des séquelles graves en quelques heures. Ses symptômes — fièvre, maux de tête, vomissements, raideur de la nuque — ressemblent à ceux d’infections virales banales, ce qui rend son diagnostic difficile, surtout en première intention. C’est pourquoi la vigilance doit être extrême, en particulier chez les enfants dont l’état peut se détériorer très vite. Les proches de Lila avaient raison de se méfier. Sa mère, infirmière de formation, avait précisément évoqué la méningite, en vain.
Face à des professionnels qui n’ont pas poussé plus loin les examens, Lila est rentrée chez elle avec un traitement qui n’avait aucune chance d’enrayer l’infection. La nuit suivante, Rachael s’est réveillée pour découvrir sa fille inerte : « À mon réveil, elle ne réagissait plus ». « Ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient », dit-elle à propos des ambulanciers, « mais c’était trop tard ». Pour la famille, c’est un choc qui ne s’effacera jamais. Et une question qui revient sans cesse : cette mort aurait-elle pu être évitée ? Depuis le décès de leur fille, Rachael Mincherton et Darren Marsland, les parents de Lila, tentent de donner un sens à l’insensé.
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Prévenir pour ne pas revivre
Ils ont fondé une association, Lila’s Light, pour accompagner les enfants endeuillés, notamment les frères et sœurs de victimes. Leur fille aînée, Ava, 15 ans, essaie de surmonter l’absence. Mais la douleur est toujours aussi vive. « Lila avait une joie de vivre immense », raconte sa mère. « Elle avait plein d’amis, et les professeurs l’adoraient. J’allais chercher Lila et il me fallait une demi-heure pour partir, car elle serrait tous les professeurs dans ses bras ». Aujourd’hui, les souvenirs sont tout ce qu’il leur reste. Et un combat : que les erreurs de diagnostic soient prises au sérieux.
L’histoire de Lila n’est pas isolée. D’autres familles ont vécu des drames comparables, où des symptômes graves ont été pris à la légère. Un simple doute, une suspicion non vérifiée, et la vie peut basculer. Dans ces contextes, le rôle des professionnels de santé est capital. Ils doivent prendre en compte non seulement les symptômes, mais aussi l’intuition des proches. Rachael, en tant qu’ancienne infirmière, connaissait les signaux de la méningite. Elle a exprimé ses inquiétudes. Elles ont été ignorées. Sa douleur, partagée publiquement, a ému au-delà des frontières du Royaume-Uni.