Le voilier « Madleen » avec à son bord 12 militants français, allemand, brésilien, turc, suédois, espagnol et néerlandais, était parti d’Italie le 1er juin dernier pour rallier Gaza mais il n’atteindra pas son port. Le navire a été intercepté par la marine israélienne et fait désormais route vers le port d’Ashdod.
Des images diffusée par ce mouvement montrent les militants à bord du bateau portant des gilets de sauvetage oranges, les mains en l’air au moment de l’interception, certains remettant leur téléphone portable conformément aux instructions. Peu de temps avant, certains ont jeté leur téléphone portable ou tablette par-dessus bord.
Une « interception » qu’avait peu ou prou annoncé Israël, mais qui a soulevé l’indignation de pays et partis politiques. Quelques heures après celle-ci, on fait le point.
Qui est à bord?
L’équipage est composé d’une douzaine de personnes, « dont Greta Thunberg », la militante écologiste suédoise et l’élue insoumise, Rima Hassan, avait déclaré début juin, Marco Grimaldi, chef-adjoint des députés de Alleanza Verdi Sinistra (AVS), un parti de gauche qui a soutenu l’opération d’un point de vue logistique et administratif. En tout, ce sont une douzaine de personnes de différentes nationalités qui avaient pris part à cette opération.
La Coalition de la flottille pour la liberté, fondée en 2010, est un mouvement international non violent de solidarité avec les Palestiniens, avec une dimension humanitaire et de plaidoyer politique contre le blocus de Gaza. Le « Madleen » est un petit navire, un voilier, et emporte des « jus de fruit, du lait, du riz, des conserves, des barrettes de protéine offerts par des centaines de citoyens de Catane », a écrit le journaliste Andrea Legni qui est aussi monté à bord.
Que s’est-il passé la nuit dernière?
L’organisation Freedom Flotilla Coalition, qui a affrété le bateau humanitaire Madleen a dit lundi que celui-ci avait été arraisonné par l’armée israélienne. Selon les derniers pointages à 22H00 GMT, il se trouvait à 31 milles nautiques (57 km) de Gaza.
« La liaison a été perdue avec le Madleen. L’armée israélienne a arraisonné le bateau » a indiqué cette organisation sur Telegram, affirmant que l’équipage avait été « kidnappé par les forces israéliennes ». « Si vous voyez cette vidéo, nous avons été interceptés et kidnappés dans les eaux internationales », a déclaré Mme Thunberg dans une vidéo préenregistrée partagée par la Coalition de la flottille pour la liberté.
Israël n’a pas précisé à quel endroit le voilier avait été intercepté. Des images diffusée par ce mouvement montrent les militants à bord du bateau portant des gilets de sauvetage oranges, les mains en l’air au moment de l’interception, certains remettant leur téléphone portable conformément aux instructions. Peu de temps avant, certains ont jeté leur téléphone portable ou tablette par-dessus bord. Plus tôt dans la matinée, Israël a publié des images montrant une distribution de sandwiches et d’eau aux passagers du bateau.
Every person aboard the Madleen is a hero.
The genocidal Israeli state’s attack on unarmed activists aboard a UK-flagged vessel delivering aid to Gaza is a flagrant breach of international law.
The UK must sanction Israel, end all arms & surveillance, & expel its ambassador. pic.twitter.com/4Ifi1KHoPE
— Zarah Sultana MP (@zarahsultana) June 9, 2025
Quelles réactions?
Ennemi juré d’Israël, l’Iran a condamné comme un acte de « piraterie » l’interception du bateau. La Turquie a dénoncé une « attaque odieuse » et une « violation flagrante du droit international ». Le président français, Emmanuel Macron, a lui « demandé de permettre, dans les plus brefs délais, le retour en France » de ses six ressortissants à bord du bateau. « Il est prévu que les passagers retournent dans leurs pays », selon le ministère israélien des Affaires étrangères.
De son côté, Amnesty International a estimé que « l’interception du Madleen par Israël et la détention de l’équipage bafou(ai)ent le droit international ».
« Depuis que nous avons eu connaissance de leur projet, contre les risques duquel nous les avons mis en garde, nous avons été en lien avec les autorités israéliennes pour prévenir tout incident », a affirmé le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, dans une déclaration transmise à la presse quelques minutes avant la communication de l’Elysée. « Dès l’arraisonnement du navire, nous avons demandé à pouvoir exercer notre protection consulaire à leur égard » et à leur « rendre visite » dès qu’ils auront rejoint le territoire israélien, « en vue de s’assurer de leur situation et de faciliter leur retour rapide en France », a dit le chef de la diplomatie.
Plusieurs responsables de la gauche française ont dénoncé le « silence » des dirigeants européens dont Emmanuel Macron après l’interception dans la nuit par les autorités israéliennes du bateau Madleen qui tentait de rallier Gaza. « Ce que vient de faire le gouvernement israélien est illégal au regard du droit international à plusieurs égards. D’abord parce qu’ils ont été arrêtés en eaux internationales (…) Ensuite, parce que ma collègue Rima Hassan bénéficie de l’immunité parlementaire », a développé l’eurodéputée La France insoumise Manon Aubry sur BFMTV et RMC.
Dans la foulée, LFI a appelé à une manifestation à Paris lundi à 18H00, place de la République, pour demander la « libération » de l’équipage et la poursuite de la mission humanitaire. Un rassemblement aura d’ailleurs lieu, ce lundi soir à Nice.
Que dit le droit international?
Dans un communiqué publié samedi depuis Londres, le Comité international pour briser le siège de Gaza – organisation membre de la Coalition de la flottille – a indiqué que le navire était entré dans les eaux de l’Egypte, voisine de la bande de Gaza. Il a dit être en contact avec les instances juridiques internationales afin de garantir la sécurité des personnes à bord, avertissant que toute interception constituerait « une violation flagrante du droit international humanitaire ».
Selon le tracker mis en place pour suivre l’avancée du bateau qui bat pavillon britannique, celui-ci se trouvait dans les eaux internationales, lorsque le tracker a cessé d’émettre. Des eaux internationales dans lesquelles Israël n’avait aucune légitimité à agir sur ce navire, ainsi que l’explique Benjamin Fiorini, secrétaire général de « juriste pour respect du droit international ». « Israël n’avait aucune souveraineté pour procéder à cette interception. Il n’y a aucun fondement légal qui la justifie », estime auprès de Nice-Matin, ce spécialiste.
Précisément, l’article 87 de la Convention de Montego Bay indique: « La haute mer est ouverte à tous les Etats, qu’ils soient côtiers ou sans littoral. La liberté de la haute mer s’exerce dans les conditions prévues par les dispositions de la Convention et les autres règles du droit international. » Plus loin, on peut d’ailleurs lire: « en haute mer, les Etats jouissent de la liberté de navigation, de survol, de poser des câbles ou des pipelines sous-marins, de construire des îles artificielles et autres installations autorisées par le droit international, de pêche et de recherche scientifique ».