Une flopée de nouveaux pilotes, des transferts à rebondissement et des enjeux partout… La saison qui a débuté offre des perspectives nouvelles à la discipline.
Après une pause d’un peu plus de 3 mois, la Formule 1 a repris ses droits début mars en Australie avec une course spectaculaire remportée par Lando Norris. Le pilote britannique fait partie, avec son coéquipier Oscar Piastri, vainqueur le week-end suivant en Chine, des prétendants au titre de champion du monde. Mais alors que la saison 2026 devrait connaître des bouleversements importants (une écurie supplémentaire, passage de 20 à 22 pilotes, changement de réglementations sur les voitures), 2025 est-elle déjà promise à McLaren ? Red Bull, Mercedes mais surtout Ferrari pourront-elles se mêler à la lutte ? Que valent les nouveaux pilotes de la grille ? Quant à Lewis Hamilton, peut-il réellement viser ce 8e titre tant attendu ?
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McLaren vraiment intouchable ?
Forcément l’une des questions centrales, tant la performance de la voiture détermine les rapports de force sur la grille. Et dans cette idée, les deux premières courses ont envoyé un signal très sérieux. Comme c’était déjà le cas sur le deuxième semestre 2024, avec une progression éclair qui lui avait permis d’aller chercher son premier titre de champion constructeurs depuis 26 ans, McLaren semble, pour l’instant, au-dessus de la concurrence avec deux pole positions et deux victoires en deux courses, dont un doublé le week-end dernier en Chine. Ce pourrait donc être une lutte fratricide entre Norris et Piastri pour le titre pilotes, une situation que McLaren a souvent connue dans son histoire (Prost/Senna, Hamilton/Alonso…) sans que ce soit toujours facile à gérer en interne. L’écurie britannique n’a remporté qu’un seul titre pilotes au XXIe siècle, Lewis Hamilton, en 2008.
Adrian Newey pour réveiller Aston Martin ?
Face à la progression fulgurante de McLaren, la concurrence s’organise sur la piste, mais également dans les usines. C’est dans cette idée qu’Aston Martin a réussi à attirer l’un des ingénieurs les plus emblématiques de l’histoire de la F1, libre après son départ de Red Bull il y a quelques mois. Adrian Newey, c’est un faiseur de champions : 12 titres constructeurs (5 avec Williams, un avec McLaren, 6 avec Red Bull) et 13 titres pilotes (Mansell, Prost, Hill, Villeneuve, Häkkinen, Vettel et Verstappen). Et même si le Britannique de 65 ans a reconnu se concentrer principalement sur 2026 et l’arrivée d’une nouvelle réglementation, son impact est attendu dès 2025 pour Aston Martin. Avec pour l’instant, des résultats décevants, puisque Fernando Alonso n’a terminé aucune des deux premières courses.
Chez Alpine, on attend l’effet Briatore
Clouée en deuxième partie de classement depuis maintenant plusieurs saisons, victime de nombreux soubresauts en coulisses, Alpine a subi et amorcé des changements profonds en 2024 (annonce de la fin de la production de moteurs F1 à partir de 2026, recentrage des activités autour du site d’Enstone). À l’origine de ce virage stratégique, le retour de l’une des personnalités les plus remarquées mais aussi les plus controversées du paddock, Flavio Briatore. Présent à la base des succès passés de l’écurie du temps de Benetton puis Renault, l’Italien a repris du service en tant que conseiller exécutif en juin dernier. Et rapidement, il a confirmé qu’il ne revenait pas pour jouer les seconds rôles. “Cette saison est importante car nous devons nous préparer pour 2026, l’année où nous devrons commencer à gagner des courses”, expliquait-il dans un entretien à Motorsport.com. “Si tout le monde travaille ensemble, je pense qu’en 2026 il est possible de gagner des Grands Prix, et en 2027 de se battre pour le titre”. Un objectif encore lointain et pour cause : après deux courses, Alpine est la seule des 10 écuries à n’avoir inscrit aucun point.
Ocon et Sainz, transfuges à la relance
Alors qu’elle était restée inchangée entre 2023 et 2024, la grille 2025 a subi un sérieux lifting qui a poussé certains routards à trouver un nouveau point de chute. C’est notamment le cas pour deux anciens vainqueurs en Grand Prix, Esteban Ocon et Carlos Sainz. Après 4 saisons chez Alpine, le Français espère se relancer chez Haas et la 7e place obtenue le week-end dernier en Chine amène un vent d’optimisme bienvenu. La donne est différente pour l’Espagnol, victime collatérale de l’arrivée de Lewis Hamilton chez Ferrari. Sainz, qui a choisi Williams après de longues semaines d’indécision, s’attaque à un défi de taille, celui de replacer aux avant-postes l’une des écuries les plus historiques de la F1.
Bottas, Ricciardo, Magnussen, Pérez : ce n’est qu’un au revoir ?
Si Ocon ou Sainz ont su retrouver un baquet, ce n’est pas le cas pour d’autres habitués de la grille de ces dernières saisons. À eux quatre, Valtteri Bottas, Sergio Pérez, Daniel Ricciardo et Kevin Magnussen cumulent pas loin de 1000 départs en GP (968). Les reverra-t-on un jour dans une monoplace ? Bottas, lui, reste dans le circuit en tant que pilote réserve chez Mercedes. Pour Magnussen et Ricciardo, le passé plus ou moins récent montre qu’il ne faut pas forcément les enterrer puisque tous deux sont déjà réapparus en F1 après une pause subie. Quant à Pérez, son nom est régulièrement associé à Cadillac, qui fera son apparition la saison prochaine en tant que 11e écurie.
Lawson, Bearman, Doohan, Bortoleto : prime à la jeunesse
Pas si simple de se faire une place en F1 et nombreux sont les pilotes qui pourraient le confirmer : Nick de Vries, Logan Sargeant, Nicholas Latifi, Antonio Giovinazzi… Qu’en sera-t-il des nouveaux visages de 2025 ? On sera particulièrement attentif à l’évolution de Liam Lawson, nouveau coéquipier de Max Verstappen chez Red Bull et déjà en grande difficulté après deux courses (zéro point, éliminé chaque fois en Q1) malgré l’expérience d’une dizaine de GP au coup d’envoi de la saison. Le Néo-Zélandais n’aura pas de crédit illimité au sein d’une écurie réputée expéditive dans sa gestion des pilotes. Il devrait y avoir plus de mansuétude autour d’Oli Bearman et Jack Doohan, respectivement promus par Haas et Alpine. Quant à Gabriel Bortoleto, titré en F3 puis en F2, il est le premier pilote brésilien titulaire dans une écurie de F1 depuis Felipe Massa en 2017.
Isack Hadjar, entre frustrations et promesses
Avec la promotion du Franco-Algérien au sein de l’écurie Racing Bulls, la grille compte trois pilotes tricolores pour la première fois depuis 2020 et le départ de Romain Grosjean. Mais s’il est présenté comme l’un des grands talents de sa génération, Hadjar est aussi probablement le plus novice parmi les novices de cette grille 2025, puisqu’il était l’un des seuls (avec Gabriel Bortoleto) à n’avoir absolument aucune expérience de roulage en course de F1 au coup d’envoi de la saison. Un manque d’expérience qui s’est ressenti en Australie avec ce crash regrettable dès le tour de formation. Mais la réaction qui a suivi en Chine, avec une 7e place en qualifications, démontre tout son caractère, même s’il n’a pu confirmer ce bon résultat en course (11e).
Lewis Hamilton et la quête du grand 8
Un peu plus d’un an après l’annonce du transfert du siècle, Lewis Hamilton s’est donc lancé dans sa conquête d’un 8e titre de champion du monde qui lui permettrait de dépasser Michael Schumacher au palmarès. Néanmoins, et si cette perspective concentre une bonne partie de l’excitation des fans de F1 du monde entier, le début de saison rappelle combien le chemin sera encore long. Certes, il y eut l’éclaircie de la course sprint en Chine avec une première victoire dans cet exercice, que ce soit pour lui ou pour Ferrari. Mais le verdict de la course est pour le moment bien moins reluisant, avec une 10e place à Melbourne, et une disqualification des deux monoplaces rouges à Shanghai pour des problèmes de conformité.
Andrea Kimi Antonelli, la future star du paddock ?
Prise de court par l’annonce du départ de Lewis Hamilton, Mercedes a fait le pari de l’avenir avec la nomination du (très) jeune Italien de 18 ans, lequel vient tout juste d’obtenir son permis de conduire. D’ores et déjà décrit comme un phénomène de précocité (3e plus jeune pilote de l’Histoire de la F1), Antonelli n’en demeure pas moins un choix audacieux de la part du directeur de l’écurie Toto Wolff, qui n’a jamais caché son admiration pour le jeune prodige. Et malgré l’attention dont il a fait l’objet et le poids de la succession de Lewis Hamilton à assumer dans le baquet Mercedes, il a démontré un bel aperçu de son talent en obtenant une 4e et une 6e place sur les deux premières courses.