Quand on le rencontre, on devine facilement que Roger Louet n’est pas de ces personnes qui se livrent facilement. Le Gabéricois compte plutôt dans la catégorie des gens timides, qui rougissent à l’idée de parler d’eux-mêmes. Mais dont la discrétion, aussi persistante soit-elle, s’efface lorsqu’ils parlent de ce qui les passionne…
Des années durant, c’est lorsqu’il parlait de son travail que Roger Louet sortait de sa réserve. Le Gabéricois de 65 ans a été prothésiste dentaire, un métier passion qu’il a exercé avec diligence et engouement jusqu’au moment de prendre sa retraite, il y a cinq ans. Roger aurait pu profiter de ce répit bien mérité pour se mettre au vert. Mais impossible, pour ce touche-à-tout, de rester inactif. « J’ai toujours été bricoleur !, expose le retraité. Ne rien faire, ce n’est pas fait pour moi ! »
Roger Louet a construit une vingtaine de sculptures en métal qu’il expose chez lui et dans son jardin, à Ergué-Gabéric. (Le Télégramme / Laura Ayad)Un sculpteur autodidacte
Dans ces conditions, il ne fallait pas grand-chose pour que Roger se trouve une nouvelle passion. « Un jour, un ami est venu me dire qu’il comptait se débarrasser de plusieurs kilos de ferraille. Personnellement, je trouvais ça dommage de les envoyer à la benne, alors je lui ai demandé si je pouvais les récupérer… C’est de là que m’est venue l’idée de donner une nouvelle vie à ces matériaux. »
Se laissant guider par son instinct et ses outils, Roger utilise ce premier lot de métal pour construire une sculpture en forme d’abeille. Le résultat, quoique perfectible, séduit le retraité. Qui se lance à pieds joints dans ce nouveau hobby. « Les toutes premières sculptures étaient basiques, reconnaît Roger. Je me suis amélioré au fil des années, en testant de plus en plus de techniques différentes et en utilisant des pièces de ferraille variées. Je n’ai peur de rien, je m’attaque à tout ! »
Roger Louet a construit une vingtaine de sculptures en métal qu’il expose chez lui et dans son jardin, à Ergué-Gabéric. (Le Télégramme / Laura Ayad)« Chaque sculpture est plus technique que la précédente »
Depuis ce premier jet, Roger a conçu une vingtaine de sculptures en ferraille. De véritables œuvres d’art aux finitions soignées, qui ont fini par attirer l’œil d’amateurs d’art. « Une de mes sculptures a été exposée au château de Trévarez pour un Noël, se souvient Roger. Une autre est installée dans le parc du château de Kervoazec… J’ai également exposé certaines pièces au manoir de Kerdévot, à Ergué-Gabéric. »
Fort de ce succès, Roger a par ailleurs remporté le deuxième prix au concours « Recyclez créatif » de Bénodet. « Quand je commence une sculpture, j’ai du mal à m’arrêter, admet le Gabéricois. Je peux passer ma journée, du matin au soir, à sculpter. Heureusement, ma femme est là pour me rappeler qu’il est l’heure de manger ! » Comment explique-t-il cet engouement pour la sculpture ? « J’aime bien l’idée de créer quelque chose, avance Roger. Du temps où je travaillais, c’est déjà un peu ce que je faisais. »
Chaque sculpture est plus technique que la précédente et me donne plus de fil à retordre. Mais au fond, je crois que c’est ça qui me plaît : le challenge !
Pour chaque pièce, Roger, perfectionniste jusqu’au bout des ongles, pousse le curseur un peu loin. Une minutie perceptible dans sa dernière sculpture, un poisson d’une cinquantaine de centimètres. « Celle-là, j’ai passé plus de trente heures dessus ! Chaque sculpture est plus technique que la précédente et me donne plus de fil à retordre. Mais au fond, je crois que c’est ça qui me plaît : le challenge ! »