Fondé par deux passionnés du rail, Nox prévoit de faire circuler son premier train en 2027 en Allemagne avant d’étendre son réseau dans d’autres pays, dont la France. À bord, pas de compartiments partagés, mais des cabines privatives à partir de 79 €.

«L’idée est née de mes quelque 400 nuits passées en train de nuit à travers l’Europe et le monde. Cette expérience m’a aidé à identifier les qualités et les défauts de ce mode de transport. Mon constat est qu’il n’est plus adapté aux besoins de notre temps en termes de prix, de confort et de fiabilité», détaille Thibault Constant. Connu sur les réseaux sociaux sous le pseudo de «Simply Railway» (290.000 abonnés sur YouTube), cet ancien chef de projet chez SNCF et Alstom annonce en exclusivité pour Le Figaro le lancement ce 10 juin de la compagnie ferroviaire Nox («nuit» en latin).

Objectif ? Déployer une offre de trains de nuit premium mais abordable à travers l’Europe pour répondre à l’engouement pour ce mode de transport. «Nous voulons convaincre ceux qui n’ont jamais pris le train de nuit, en particulier les voyageurs d’affaires qui cherchent à optimiser leur temps sans renier sur le confort», avance l’entrepreneur de 28 ans qui s’est associé avec Janek Smalla, l’un des initiateurs de l’opérateur privé Flixtrain, très populaire en Allemagne.

Quelles lignes sont prévues ?

Sur le long terme, Nox prévoit de se positionner sur 35 liaisons nationales et internationales à travers l’Europe.
Nox

Nox vise l’ouverture d’une première ligne en Allemagne en 2027. «C’est un marché relativement facile d’accès pour les nouveaux entrants, sans compter que nos voitures sont déjà homologuées pour circuler sur son réseau, ainsi qu’en Suisse  et en Autriche, détaille Thibault Constant. Nous déterminerons la première liaison selon les opportunités. Cela pourra être un Hambourg-Munich ou un Berlin-Vienne, par exemple.»

Une fois le modèle éprouvé, la jeune compagnie ambitionne de commander des rames neuves pour accélérer son expansion. ItalieEspagne, Scandinavie… Sur le long terme, le projet prévoit 35 lignes à travers l’Europe, dont plusieurs en France (Paris-Barcelone, Paris-Nice, Bruxelles-Barcelone via Lyon…). Exit les longues liaisons traversant plusieurs pays, à l’image du Bruxelles-Prague d’European Sleeper ou du réseau trop irréaliste imaginé par feu Midnight Trains. Nox veut s’attaquer aux liaisons de 500 à 1500 km qui n’excèdent pas 12 heures.

En privilégiant des distances relativement «courtes», l’entreprise veut éviter l’un des écueils du train de nuit : les retards. «La longueur des trajets, les arrêts trop nombreux et les manœuvres à chaque passage aux frontières sont autant de sources de retards. Le train de nuit est l’un des modes de transports les moins fiables en termes de ponctualité. Ce manque de fiabilité est dissuasif, surtout pour les voyageurs pas encore tout à fait convaincus par le train», souligne l’entrepreneur. «Nos créneaux horaires seront suffisamment larges pour absorber les éventuelles perturbations. Si un train est finalement en avance, il pourra stationner plus longtemps sur une voie dédiée afin d’arriver au terminus à une heure acceptable, entre 7 et 9 heures.»

À quoi ressembleront les trains ?

En images, les futurs trains de nuit de la nouvelle compagnie Nox

Accéder au diaporama (4)

Lors du lancement, les trajets seront assurés par d’anciennes rames Intercity (IC) de la Deutsche Bahn en cours d’acquisition. Contrairement aux trains de nuit classiques comme les Nightjet d’ÖBB, déclinés en wagons-lits, voitures couchettes et places assises, Nox disposera d’un seul type de rame standardisé composé de trois types de cabines. «Traditionnellement, les compartiments sont partagés avec jusqu’à cinq inconnus. Ce manque d’intimité suffit à dissuader une grande partie des voyageurs potentiels. C’est pourquoi nos trains disposeront uniquement de cabines privatives pour une, deux ou trois personnes, toutes équipées d’une chaise et d’une table», détaille Thibault Constant.

À bord, pour pallier l’absence d’une voiture-bar, chaque voiture disposera d’un espace détente avec une offre de petite restauration en libre-service. Le dîner et le petit déjeuner pourront être commandés en ligne avant le départ et servis à la place. En revanche, le train ne disposera pas de douches. «Grâce à des partenariats avec des chaînes hôtelières, les passagers profiteront d’avantages comme un accès aux douches et au petit déjeuner, une arrivée anticipée et un départ tardif dans certains établissements», énumère-t-il.

Combien coûtera un billet ?

Avec un prix d’appel de 79 € pour la cabine simple («Single Loft») et 149 € la cabine double («Double Loft» et «Double Vista») sur la première ligne allemande, Nox veut défier les compagnies aériennes à bas coûts. «Notre objectif est de proposer un tarif équivalent au prix d’un billet d’avion et d’une nuit d’hôtel», assure le cofondateur.

La compagnie appliquera le yield management, pratique commerciale largement utilisée dans les secteurs aérien et ferroviaire consistant à faire varier le prix en fonction de la demande. Mais elle souhaite se différencier des autres opérateurs de transport en proposant des offres de dernière minute : Nox pourra les baisser quelques heures ou jours avant s’il reste des possibilités afin de maximiser ses taux de remplissage.

EN VIDÉO – SNCF : sièges, bagages, wagon bar…Les images de l’intérieur du TGV M