Par

Fabien Binacchi

Publié le

9 avr. 2025 à 13h42

Depuis la place de la Joliette, elle chemine jusqu’à la cathédrale de la Major, dont elle offre une vue incroyable. Dans le 2e arrondissement de Marseille, la rue Mazenod, devenue un paradis pour les piétons après de longs travaux, s’est aussi transformée en un haut lieu du stationnement anarchique.

Au grand dam des riverains.

Des trottoirs de 5m de large

Inaugurée l’an dernier, après plusieurs années de travaux, pour près de 3,5 millions d’euros, la rue Mazenod fait désormais la part belle aux restaurants et aux visiteurs à pied. Avec des trottoirs de 5m de large protégés par des plots réguliers.

Le chantier mené par l’établissement public d’aménagement Euroméditerranée et financé en grande partie par la Métropole Aix-Marseille-Provence visait un « quartier apaisé avec la favorisation de la circulation piétonne et le déploiement des terrasses commerciales ».

Sur la deuxième partie, les principaux intéressés semblent ravis.

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Pour le quartier « apaisé », en revanche, on repassera, pestent des riverains. La faute à un stationnement anarchique qui semble déjà institutionnalisé.

Ce stationnement anarchique se retrouve aussi la portion comprise entre le boulevard des Dames et la place de La Joliette
Ce stationnement anarchique se retrouve aussi la portion comprise entre le boulevard des Dames et la place de La Joliette (©Fabien Binacchi / actu Marseille)C’est « open bar »

Tout le long de la rue, directement sur la chaussée, contre les plots, une file parfois discontinue de voitures garées se forme tous les jours, comme ce mardi 8 avril.

L’employé d’un hôtel voit ces allées et venues, plus du tout étonné : « C’est du grand n’importe quoi, mais c’est Marseille. Ici, tout le monde fait ce qu’il veut ».

Certains laissent les warnings, pour quelques minutes ou une heure. D’autres, clignotants éteints, sont clairement là pour beaucoup plus longtemps.

Ne craignent-ils pas les contraventions ? « Il n’y a quasiment jamais de passage », poursuit-il. Le secteur ne serait pas non plus soumis à la vidéoverbalisation. C’est donc « open bar ».

« C’est un enfer de se garer dans le quartier »

À quelques mètres de là, une jeune femme remonte dans sa Twingo, parmi les véhicules contrevenants ce jour-là de la rue Mazenod. actu Marseille arrive à sa rencontre. « Je sais que je n’ai pas le droit, mais dans le quartier, c’est un enfer de se garer », souffle-t-elle.

Ici, ils ont enlevé plein de places. Alors, on fait comment ?

Une automobiliste garée anarchiquement dans la rue

Si le projet a permis l’installation de « stationnement en autopartage » et de « bornes de rechargement pour véhicule électrique », rappelle la métropole Aix-Marseille-Provence, l’élargissement des trottoirs a eu raison d’autres espaces où se garer.

Euroméditérannée avait pourtant mené « une enquête auprès des habitants et usagers » pour « mieux comprendre les enjeux de circulation » et « de stationnement » notamment, selon des informations disponibles sur son site Internet.

Les automobilistes s’estimant lésés ont trouvé ce plan B.

« Très fréquent qu’on soit bloqué »

Au grand dam de riverains. L’entrée du parking souterrain d’un immeuble cossu de la rue, au numéro 19, est régulièrement obstruée.

Le
L’entrée dans le parking d’un immeuble, au numéro 19 de la rue Mazenod est régulièrement obstruée par des véhicules en stationnement (©Fabien Binacchi / actu Marseille)

Ce jour-là, l’imposant SUV blanc d’un habitant arrive tant bien que mal à se faufiler. « Mais, c’est très fréquent qu’on soit bloqué », peste-t-il.

« Il m’arrive d’attendre 15, parfois 30 minutes à klaxonner pour pouvoir rentrer ou sortir. Des fois, pas le choix, si je suis trop pressé, je prends même la rue en sens interdit », explique-t-il encore avant une énième manœuvre périlleuse.

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