Pour 83 % des répondants ruraux, « les médias et les politiques imposent souvent une vision caricaturale de la ruralité depuis la ville ».

Paul Bradbury / Getty Images

Pour 83 % des répondants ruraux, « les médias et les politiques imposent souvent une vision caricaturale de la ruralité depuis la ville ».

CAMPAGNES – Ils représentent 33 % de la population française, et pourtant, leurs représentations dans l’espace public et médiatique sont rares. Que pensent les « ruraux », un terme qui recouvre des réalités diverses, de cet effacement ?

C’est ce que cherche à savoir l’étude Paroles de campagne portée par quatre associations : Destin Commun, Bouge ton coq, Insite, et Rura, qui a interrogé 3 532 personnes dont 1 557 habitants des campagnes. Dévoilée aujourd’hui par Ouest-France, en partenariat avec France culture, elle a un objectif : donner la parole à celles et ceux qui vivent hors des villes, et qui sont stigmatisés par un imaginaire collectif construit depuis les métropoles.

« Agricole, conservatrice et figée » : c’est avec ces trois mots que l’étude résume la manière dont la ruralité est perçue par le reste de la France. Des clichés qui « tombent », selon le rapport, à la lecture des réponses aux questions apportées par les premiers concernés. « Seuls 4 % des ruraux pratiquent la chasse. Ils ne sont pas moins écolos que les citadins, mais le sont différemment : plus de voiture mais moins d’avions, plus de viande mais moins de déchets […] ils ne sont pas uniformément attachés aux traditions locales », décrit l’étude.

Une « vision caricaturale » imposée depuis la ville

« Personnellement, parmi les adjectifs suivants, comment préférez-vous vous définir ? » interroge l’étude, laissant aux premiers concernés le choix de se nommer. 31 % des interrogés ruraux choisissent de se qualifier comme « habitants de la campagne », assez loin devant le terme « ruraux » (23 %), mais aussi de termes comme « villageois » (19 %) ou « campagnards » (11 %).

Pour 83 % de ces répondants, « les médias et les politiques imposent souvent une vision caricaturale de la ruralité depuis la ville ». Pour preuve, l’étude a proposé plusieurs affirmations sur la vie à la campagne aux interrogés, qui pouvaient répondre en choisissant une des trois opinions suivantes : « c’est une idée qui correspond plutôt bien à la réalité », « c’est une idée fausse mais ça me fait sourire », « c’est une idée fausse et qui m’agace ». En tête des clichés qui correspondent à la vraie vie, le fait de devoir prendre sa voiture pour aller chercher du pain, dont 49 % des interrogés estiment qu’elle est raccord avec leur quotidien.

Absence de transports en commun plutôt que moto tunée

À l’inverse, 44 % des ruraux sont agacés par l’idée reçue qui voudrait qu’ils possèdent tous une moto tunée, et ils sont 49 % à avoir le même sentiment devant l’affirmation « vivre à la campagne veut dire être mal habillé ». L’affirmation la plus largement rejetée (à 53 %) est celle qui fait le lien entre ruralité et être porté sur l’alcool.

L’idée que les habitants des campagnes puissent avoir une affection particulière pour la musique country fait sourire 54 % des interrogés, tout comme le fait qu’ils aient un mauvais réseau internet ou téléphonique (46 % et 40 %).

Autant de stéréotypes qui cachent des obstacles plus tangibles pour les répondants : 50 % estiment que l’absence de transports en commun et la dépendance à la voiture sont un inconvénient à la vie à la campagne, quand 41 % citent la difficulté à consulter un médecin à aller à l’hôpital ou à la maternité.