Par
Amandine Vachez
Publié le
10 juin 2025 à 13h20
De 2019 à 2025, le paysage a changé dans l’aéronautique, a fortiori dans les aéroports. Un effet du Covid, qui a changé les pratiques et aspirations des voyageurs, mais aussi de décisions politiques, liées au changement climatique. A l’Aéroport de Lille (Nord), situé à Lesquin, des lignes ont été supprimées, d’autres se sont ouvertes. Comment l’aéroport s’adapte-t-il à cette érosion du trafic national ? Eclairage en quelques chiffres et pistes clés.
Une position géographique « encore confortable »
En 2020, le Covid est arrivé en France, avec le confinement et les mois compliqués qui ont suivi. Le monde du voyage, en business ou loisir, a changé. Les décisions politiques ont aussi modifié la donne. « Depuis quelques années, nous ne pouvons plus proposer des destinations qui se font en moins de 4 heures en TGV », présente Pierre Fernemont, directeur commercial de l’aéroport de Lille-Lesquin. « Heureusement, nous avons une position géographique encore confortable. » Il est en effet possible de relier les destinations du sud : Toulouse, Bordeaux, Nice ou Marseille.
Depuis 2020, Lyon et Nantes ont en revanche disparu de la carte lilloise. En 2023, Air France a quitté l’aéroport lillois. Ce qui représentait alors 25% du trafic de la structure régionale.
« On remarque une érosion régulière, depuis 2019 », exprime le représentant de l’aéroport de Lille. Cette année-là, 65% des passagers prenaient des vols intérieurs, soit 1,3 million. Aujourd’hui on en est à 52%. En 2025, la projection est de 900 000 passagers. « Et le phénomène va se poursuivre », anticipe le directeur commercial.
La Corse et l’arc méditerranéen « reprennent du poil de la bête »
Après le Covid, les vacances en France, en particulier dans le sud, ont connu un gros boum. Marseille, Nice, Bordeaux, et la Corse en particulier. D’ailleurs, elle est l’une des destinations les plus courues en 2025, note l’agence de tourisme Tui France. « Depuis la fin du Covid, l’arc méditerranéen a repris du poil de la bête ». Une tendance qu’ont compris les compagnies, qui proposent une belle offre depuis l’aéroport nordiste.
Sur la France, 50% des passagers sont des voyageurs en visite de proches, 35% en vacances et tourisme et 15% en business. Sur le total des vols, on est à 40, 40 et 20. Le tout est, pour l’aéroport et les compagnies, de savoir anticiper pour séduire la clientèle… à des prix attractifs. Ce qui est particulièrement tendu, dans un contexte géographique où la compétition est rude, avec Paris, Beauvais, mais surtout la Belgique.
Volotea mise sur le sud de la France et l’arc ensoleillé de l’Europe, depuis Lille (Nord). Chaque compagnie développe sa propre stratégie pour être le plus compétitive possible, face notamment à la concurrence belge. ©Illustration/Julien Sureau – Actu Nantes
« Nous avons un profil très low-cost. Le problème en France, c’est la compétitivité du produit. Nous avons aussi des taxes importantes qui ont un impact sur le prix du billet. » Il prend l’exemple d’un vol Lille-Toulouse, que la compagnie Easyjet a supprimé après 12 ans d’existence. « La taxe est mettons à 7 euros, ce qui fait 14 euros au total en plus. Pour le client, ce n’est pas neutre. » Le tout est donc que les compagnies s’y retrouvent, et les clients aussi. Par exemple sur cette destination, Volotea a repris le flambeau. La compagnie mise sur les destinations sud de France et les grosses villes en Europe. 31 au total depuis Lille, en 2025.
Le billet à 60 euros en moyenne
En moyenne en 2025, le billet est à 60 euros. Ce dernier subit de nombreuses variations liées au taux de remplissage. Le pari est donc pour les compagnies de proposer le bon billet au bon moment, et à la clientèle de savoir s’en saisir. Pierre Fernemont précise : « Nous ne participons pas à la fixation des tarifs, c’est le travail des compagnies. Mais nous avons des discussions sur les destinations demandées. » Dernière en date en France : Toulon, avec ASL Airlines.
Ces dernières années, en réaction à l’érosion nationale, les propositions hors France se sont particulièrement développées depuis le Nord, où des compagnies basent des avions. De nouvelles destinations sont régulièrement ouvertes, selon les tendances, et assurées en vols directs. « Les compagnies vont au plus simple. Un atout pour la clientèle, qui a en plus du prix deux préoccupations principales : la sécurité et la ponctualité. »
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