Par
Adrien Filoche
Publié le
10 juin 2025 à 18h12
Présentée comme « une victoire », la CGT a annoncé le 7 juin 2025 que l’État allait investir dans le site Chapelle Darblay pour permettre de relancer l’usine de Grand-Couronne. Depuis 2019, l’activité du site industriel a totalement cessé, mettant en péril de nombreux emplois.
En 2022, la Métropole de Rouen avait activé son droit de préemption pour sauvegarder Chapelle Darblay. Un pari osé et finalement gagnant sur lequel a accepté de revenir le président de la Métropole et maire de Rouen Nicolas-Mayer Rossignol, interrogé par 76actu.
« C’était un risque. Mais le pari est réussi »
Actu : La Métropole de Rouen a activé son droit de préemption en 2022 pour sauvegarder le site. Concrètement, quel rôle a-t-elle joué dans le dossier ?
Nicolas Mayer-Rossignol : Clairement, si on n’avait pas fait ce qu’on a fait, le site serait mort depuis longtemps. J’ai été très impliqué, notamment ces derniers mois. J’ai échangé avec François Bayrou, nous avons été en liaison permanente avec la CGT. Nous avons eu un rôle décisif, mais il le fallait : on avait ce projet qui coche toutes les cases : économie, écologie, industrie et social.
Le dossier était épineux, c’est donc un pari réussi ?
NMR : Oui, c’est une excellence nouvelle. Cela fait des mois qu’on se bat, et notre combat a été déterminant. C’était un risque. Il y a eu des élus qui m’ont dit qu’on était fous, que ce n’était pas raisonnable. Mais au final, le pari est réussi. Mais ce n’est pas terminé.
Pourquoi l’État a mis autant de temps à s’engager ? Comment vous l’interprétez ?
NMR : Il y avait du lobbying dans l’autre sens, c’est évident. Certains avaient intérêt à ce que ça ne fasse pas. Mais notre mobilisation a payé. Nous avons été très insistants. Sophie Binet [la secrétaire générale de la CGT, NDLR] a interpellé Emmanuel Macron lors du 20 heures de TF1. Ça a joué aussi.
Le projet de Fibre Excellence
Fibre Excellence a pour projet de convertir l’ancienne usine La Chapelle Darblay. Le site produira désormais du PPO (papier pour onduler), nécessaire à la fabrication d’emballages cartons, un marché jugé « plus porteur que le papier journal », confirme Fibre Excellence. Ainsi, l’entreprise compte « s’appuyer sur le savoir-faire papetier de la région ».
Fibre Excellence avance le chiffre de 425 000 tonnes de PPO produites par an et 170 emplois créés. Toujours selon le repreneur, le site devrait permettre d’injecter environ 30 millions d’euros par an dans l’économie locale. Dans le calendrier prévisionnel, le redémarrage de l’usine est programmé pour 2027.
Interrogée à la suite de l’annonce de la CGT, Fibre Excellence n’a pas souhaité réagir.
Fibre Excellence avait annoncé il y a plusieurs mois une relance de l’activité en 2027, sous réserve de l’investissement de l’État. C’est chose faite aujourd’hui. C’est quoi la suite maintenant ?
NMR : C’est une grande victoire et une excellente nouvelle pour le territoire, mais c’est loin d’être terminé. Je suis toujours prudent. C’est un verrou qui s’est levé, mais ce n’est pas la fin de l’histoire. J’espère pour la suite que l’obtention des financements publics va permettre de débloquer la situation. Il faut maintenant sécuriser les financements privés.
Suivez l’actualité de Rouen sur notre chaîne WhatsApp et sur notre compte TikTok
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.