Dans la lumière magnifique du couchant sur la Méditerranée, interrompu parfois par les cris des mouettes, France 2 avait donc installé son plateau au-dessus du port de Nice (Alpes-Maritimes).
En marge du sommet des Océans qui se tient en ce moment dans la ville azuréenne, avec ses discussions bilatérales entre chefs d’États, les confrères de France télévision, ont en effet invité Emmanuel Macron pour un format très grand public animé par Léa Salamé et Hugo Clément, avec quatre invités, un peu discrets : Thomas Pesquet, l’astronaute, la championne Marie-José Pérec, Laurent Ballesta, plongeur et biologiste marin et Heïdi Sevestre, climatologue et vulgarisatrice.
Offensif pour défendre son bilan, « guidé par la science » – il le répétera maintes fois dans la soirée – et se positionnant « en même temps » comme écologiste et en soutien des pêcheurs, Emmanuel Macron a-t-il convaincu ? Le format de l’émission, avec ses pastilles vidéo chocs, a en tout cas permis une certaine pédagogie.
Des attaques contre Donald Trump
Dès le début de l’émission, les attaques vers les États-Unis, première zone maritime mais ostensiblement absente du sommet de Nice, se multiplient. Tant pis, botte en touche Emmanuel Macron qui compare la planète à « une copropriété », avec la France deuxième zone maritime, et tous les autres, si 92 % des copropriétaires sont prêts à avancer, qu’importe les 8 % restant explique-t-il en somme. Soit.
Pas d’annonce fracassante, on balaie les grands enjeux : La pollution plastique d’abord. Le président défend le bilan français (pailles interdites, fruits et légumes sans suremballage) et évoque l’appel de Nice porté par la ministre de la transition Ecologique française. Puis on découvre les enjeux du traité sur la haute mer ce Far-West qui n’est presque pas réglementé. Pour évoquer la nécessité de ne pas lancer l’exploitation minière des abysses, Hugo Clément présente un nodule polymétallique. C’est rare de voir ainsi ces roches qui concentrent des métaux, présents dans les grands fonds et qui attisent les convoitises.
Le choc de la vidéo
À 21h30, on en vient à la question qui fait le plus grincer, les aires marines protégées. Les images du « L’appel de l’océan » du documentariste, David Attenborough, les premières qui montrent un chalut en train de détruire le plancher océanique, sont impressionnantes. Le sol tremble. Les poissons essayent de s’enfuir. Mais ils n’iront pas bien loin : un immense filet, lesté par une lourde chaîne, racle le fond de la mer, et avance à grande vitesse.
C’est le moment où le choc des vidéos ébranle le maître des mots. Continuer de permettre le chalut de fonds dans les aires marines protégées, « c’est inacceptable » glisse très calmement Heïdi Sevestre.
Emmanuel Macron tente de rappeler les nouvelles surfaces interdites au chalut, à Nice : 4 % pour les eaux hexagonales, 14 % pour les eaux françaises en général. Fidèle au « en même temps », il défend un « cap imparfait » qui permet aussi d’accompagner les pêcheurs. En guest-star, Paul Watson, le patron de l’ONG Sea Sheperd et activiste, sorti de prison grâce à la France, déboule sur le plateau en fin d’émission. « Il faut de l’imagination et du courage », encourage le « Capitaine », a qui Macron laisse entendre qu’il a de bonnes chances d’obtenir l’asile en France.