Marseille (Bouches-du-Rhône), son port, sa Canebière, son Vélodrome et sa victoire en Ligue des champions. Marseille, c’est aussi son maire historique, de 1995 à 2020, Jean-Claude Gaudin. Personnage digne de Pagnol dont l’immobilisme légendaire était la marque de fabrique d’une politique à la papa ou plutôt à la papi. « 4 mandats de maire dont 2 de trop », dirent même ses amis politiques. Des mandats municipaux qui se finirent tragiquement par le drame de la rue d’Aubagne. En novembre 2018, deux immeubles insalubres, dont un était la propriété du bailleur social de la Ville, s’effondrent : 8 morts.

Sur les débris de la rue d’Aubagne qui n’était qu’une part émergée de l’iceberg dans un océan d’habitat indigne, 600 arrêtés de mise en sécurité des logements ont été pris, entre 2020 et 2024, par la nouvelle équipe municipale de gauche et écologiste.

Marseille, c’est 26 % de pauvreté. Une pauvreté concentrée dans les quartiers Nord et le 3e arrondissement, le plus pauvre d’Europe où je me suis rendu la semaine dernière aux côtés d’Audrey Garino, adjointe au maire en charge des affaires sociales, et d’Audrey Gatian, en charge de la politique de la ville. Nous sommes allés au pied de la tour B de 57 étages de la cité Bellevue, où la rénovation urbaine est en route après des décennies de retard. La pauvreté vous y frappe et le trafic de drogue gangrène tout.

Dans la deuxième plus grande ville de France, 16 000 personnes sont sans abri, entre 5 000 et 9 000 vivent dans des squats et 600 à 1 000 dans des bidonvilles. Le Samu social municipal est le bras armé de la politique municipale avec 50 salariés, 17 véhicules, 6 000 couvertures distribuées par an. Mais aussi 10 000 repas froids pour faire face à toute épreuve potentielle. Et un CCAS qui a cessé de se concentrer sur de l’animation pour faire de l’action sociale. Nos deux villes de Grigny (Essonne) et de Marseille sont liées en tant que lauréates de Territoires zéro non-recours, pour améliorer l’accès aux droits. Loin du discours de classe sur l’assistanat.

Aux hasards d’une rencontre, je suis tombé sur Dominique de Villepin que j’ai salué pour ses prises de position sur la Palestine. Mais aussi sur François Lamy, ancien élu essonnien et ex-ministre de la Ville, et désormais conseiller spécial du maire marseillais Benoît Payan. Il m’a confié que la ville ignorait jusqu’alors de quoi elle était propriétaire.

Tel un syndrome de l’inertie de l’équipe sortante dont le Printemps marseillais affronte désormais l’héritage pour transformer le quotidien des habitants de la cité phocéenne. Alors que le délibéré du procès de la rue d’Aubagne est attendu le 7 juillet, le procureur a qualifié le drame de « blessure dans le cœur de Marseille avec des victimes décédées par la cupidité des uns, la négligence ou l’incompétence et surtout l’indifférence de tous ».

Avant de partir, une dernière chose…

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