A l’instar des Jeux Olympiques de l’été 2024, dont les épreuves de voile s’étaient déroulées à Marseille, la préfecture maritime de la Méditerranée mobilise un important dispositif de surveillance et de protection pour couvrir la Conférence des Nations unies sur l’océan qui se déroule cette semaine à Nice.
L’UNOC 3, la Conférence des Nations unies sur l’océan qui se déroule du 8 au 13 juin à Nice, est placée sous très haute surveillance. Il s’agit en effet d’un évènement de portée mondiale avec des rencontres conséquentes et la présence de nombreux chefs d’État et de gouvernement. Dans cette perspective, les autorités françaises ont mis en place un dispositif de surveillance et de sécurité de premier plan. Il combine des moyens aériens, terrestres et maritimes, y compris de défense aérienne et de lutte anti-drones.
Y participent de nombreux services de l‘État, à commencer par les forces armées et de sécurité (armée de l’Air, Marine nationale, Gendarmerie maritime et nationale…). La mise en œuvre des moyens relève, selon les compétences, de différentes autorités, dont le préfet du Département des Alpes Maritimes et le préfet maritime de la Méditerranée.
Ce dernier a notamment pris un arrêté règlementant « la navigation, le mouillage, la baignade et la plongée sous-marine au droit du littoral des communes de Cagnes-sur-Mer, Saint-Laurent-du-Var, Nice, Villefranche-sur-Mer et Saint-Jean-Cap-Ferrat ». Parallèlement, un dispositif particulier de surveillance maritime (DPSM) a été mis en place. « L’arrêté règlementant la navigation permet d’assurer la compatibilité des usages en mer avec les contraintes de sécurité liées à l’évènement, pour lequel aucune menace ne doit s’approcher. Il y a donc des périmètres où la règlementation et la tolérance sont plus ou moins fortes. Il y a dans le même temps un DPSM qui permet d’établir une défense en rideaux et en profondeur, depuis le large jusqu’à la côte », explique-t-on à Mer et Marine de sources militaires.
Une frégate multi-missions (FREMM) de la Marine nationale est notamment positionnée au large de Nice, assurant une capacité avancée de défense aérienne avec son radar Herakles et ses missiles surface-air Aster. Elle complète le dispositif aérien mobilisé par l’armée de l’Air et assure également une veille du trafic maritime, et même l’activité sous la surface de l’eau car les menaces peuvent être multi-milieux. Puis, en se rapprochant du littoral, le DPSM s’appuie sur des patrouilleurs de plusieurs administrations, et au plus près des côtes sur des moyens d’interception nautique, tels des semi-rigides des fusiliers marins ou des gendarmes maritimes. Le dispositif est complété par des patrouilles et dispositifs de surveillance et d’intervention le long du rivage.
En tout, plusieurs centaines d’agents de l’État, 14 administrations et 6 ministères sont mobilisés, dont le ministère des Armées (Marine nationale, Gendarmerie maritime), le ministère de l’Intérieur (Police nationale, Police maritime et aéroportuaire, Gendarmerie nationale), le ministère du Budget et des Comptes publics (Douanes), le ministère chargé de la Mer (Affaires maritimes, Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage de la Méditerranée), la police municipale de Nice, le service départemental d’incendie et de secours des Alpes Maritimes (SDIS 06) qui dispose de moyens nautiques, le ministère de la Santé (SAMU de coordination médicale maritime) et même le ministère de la Culture avec le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM) et son navire amiral, l’Alfred Merlin, à partir duquel peuvent être conduites des opérations sous-marines. A ces services de l’État s’ajoutent d’autres organismes comme les sauveteurs en mer de la SNSM.
Moyens d’interception côtiers déployés pour l’UNOC.
Moyens d’interception côtiers déployés pour l’UNOC.
Moyens d’interception côtiers déployés pour l’UNOC.
Car au-delà de l’aspect sécuritaire et militaire, visant en premier lieu à ce qu’aucune attaque terroriste ou commanditée par un pays hostile ne soit menée contre le sommet, ou que des activistes viennent le perturber, ce dispositif comprend également un important volet de secours en mer.
C’est dans cette perspective que s’est d’ailleurs déroulé le 26 mars, au large de Menton et de Monaco, l’exercice SAMAR MED 25, qui a fait partie de la montée en puissance du dispositif aérien et maritime de sécurité et de secours mis en place à l’occasion de l’UNOC 3. Organisé par la préfecture maritime de la Méditerranée, en coopération avec la préfecture des Alpes Maritimes mais aussi la principauté de Monaco, qui a accueilli les 7 et 8 juin le Blue Economy and Finance Forum (BEFF), cet exercice avait pour objectif d’entrainer la chaine de commandement et de secours à la gestion d’une éventuelle crise majeure durant l’évènement. Le scénario retenu portait sur un crash aérien en mer suite à la collision entre un hélicoptère militaire de type Puma mobilisé pour l’UNOC (avec 10 personnes à bord, dont des « VIP ») et un avion de ligne A320 faisant la liaison Venise-Nice avec 106 passagers. Un accident de grande ampleur nécessitant l’activation du niveau le plus élevé du plan ORSEC Maritime, le niveau 3, avec une mobilisation maximale du système de gestion de crise et de la chaîne de secours. Le tout dans une zone transfrontalière nécessitant de travailler avec les pays voisins, ce que permettent différents accords conclus avec Monaco, l’Italie ou encore l’Espagne pour la façade méditerranéenne et qui donnent d’ailleurs lieu à des exercices réguliers.
Vedettes de la SNSM et de la Gendarmerie maritime lors de l’exercice SARMED.
Diaporama
Durant l’exercice SARMED, qui s’est déroulé le 26 mars au large de Menton et de Monaco.
Le remorqueur d’intervention, d’assistance et de sauvetage (RIAS) Abeille Méditerranée avec un hélicoptère H160 de la Marine nationale lors de l’exercice SARMED.
Le scénario retenu pour SAMAR MED 25 est intéressant car il permet de comprendre, en cas de catastrophe de ce type, les différents niveuax d’alerte et de décision. Ainsi, l’aéroport de Nice, constatant la perte du contact radar et radio avec les appareils alors en approche, rendrait compte au bureau de transmission des infos en vol (BITV) d’Aix-en Provence, qui alerterait immédiatement le Centre de coordination de sauvetage aérien (Air Rescue Coordination Center – ARCC) de Lyon – Mont Verdun. Parallèlement, car les alertes peuvent provenir de différentes sources et être agrégées pour vérifier une situation d’urgence, dans le scénario de l’exercice qui s’est déroulé en mars, le sémaphore de la Marine nationale à Saint-Jean Cap Ferrat avait aussi un visuel sur l’accident, constatant une explosion et des fumées en mer. ce qui a conduit le sémaphore à alerter le CROSS MED, alors que le Centre de supervision et de commandement opérationnel de la Direction de la sûreté publique de la principauté de Monaco était alerté par un témoin depuis la côte.
L’ARCC, installé sur la base aérienne 942 de l’armée de l’Air et de l’Espace, demanderait alors l’ouverture d’une opération SAR (Search and Rescue) à la Haute autorité de défense aérienne (HADA). Et comme la zone probable d’accident est exclusivement maritime, l’ARCC délèguerait les opérations de recherche et de sauvetage au Centre des opérations de la Méditerranée (CENTOPS MED) de la Marine nationale à Toulon, au titre de la compétence de ce dernier comme ARSC (Air Rescue Secondary Center).
Le dispositif ORSEC Maritime serait alors activé par le préfet maritime qui, en coordination avec le préfet de région, prendrait la direction des opérations de secours en mer, jusqu’au recueil des naufragés à la côte. Géré depuis un centre de crise, un tel dispositif nécessiterait des moyens aériens et maritimes très conséquents, provenant de différents services de l’État, d’organismes comme la SNSM et au besoin de moyens privés déroutés sur zone pour participer à la recherche, au recueil, à l’évacuation et la prise en charge vers la côte de naufragés et blessés.
© Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.