Par

Nicolas Zaugra

Publié le

10 juin 2025 à 17h34

L’adjoint écologiste est en première ligne depuis le début du mandat : proche du maire Grégory Doucet, Gautier Chapuis, adjoint en charge de la végétalisation, biodiversité, condition animale et alimentation, est aussi co-président du groupe de la majorité au conseil municipal. L’élu fait le point avec actu Lyon sur un sujet majeur de ce mandat : la végétalisation. Nombre d’arbres plantés à Lyon, avenir de la place Bellecour, végétalisation de la Presqu’île et du Vieux-Lyon, entretien des espaces verts… Interview.

« 28 hectares de végétalisation gagnés sur le bitume sur tout le mandat »

Actu : Nous approchons de la fin du mandat, quel bilan défendez-vous sur la végétalisation de Lyon ? C’était une immense attente des Lyonnais…

Gautier Chapuis : Les trois axes à retenir à Lyon : on végétalise davantage, différemment et avec les habitants, ce qui est nouveau.

Notre action de végétaliser prend en compte les enjeux de la santé, on ne le fait pas uniquement pour des raisons esthétiques ou juste pour rafraichir. La Ville de Lyon a pu récupérer 14 hectares de pleine terre avec de nouvelles zones végétalisées à la place du bitume. Nous avons planté plus de 7 000 arbres depuis 2020.

Votre promesse est de planter 10 000 nouveaux arbres à Lyon d’ici la fin du mandat. Où en êtes-vous ?

GC : L’objectif est de 100 000 arbres au total dans Lyon d’ici 2030 dans le patrimoine végétal, on y sera d’ailleurs avant, d’ici fin 2026-2027. Nous sommes entre 7 000 et 7 500 arbres nouveaux plantés depuis 2020. Nous plantons deux fois plus d’arbres par saison qu’au mandat précédent, entre 1 300 et 1 700 par saison.

Les 14 hectares de végétalisation gagnés sur le bitume, c’est le chiffre que vous avancez. C’est un peu plus de deux fois la place Bellecour sur une ville de 4 800 hectares. C’est assez peu finalement, non ?

GC : C’est pratiquement autant que le parc Blandan. Nous sommes sur un grand parc sur l’ensemble de la ville. Chaque hectare récupéré est incroyable dans une ville très urbanisée. C’est 14 hectares net, en arrêtant de bétonner la ville. Il y a eu les rues des enfants, des cours végétales dans 39 crèches et 40 écoles…

On sera à plus de 28 hectares gagnés à la fin du mandat, en réalité. C’est le parc Blandan et le parc de Gerland additionnés en un seul mandat. Nous avons lancé d’autres projets comme le parc des Balmes qui sortira de terre au prochain mandat, la rive droite du Rhône…

Une cour d'école végétalisée dans le 6e arrondissement de Lyon.
Une cour d’école végétalisée dans le 6e arrondissement de Lyon. (©Nicolas Zaugra/ actu Lyon)« Dans les rues du 6e arrondissement, on pourrait aller plus loin… »

Vous défendez un bilan de végétalisation par arrondissement. En avril, on apprenait que seulement 218 m2 ont été végétalisés l’hiver dernier dans le 6e, contre 3 346 m2 dans le 3e. Pourquoi ? C’est le grand oublié de votre politique ?

GC : Ce n’est pas un arrondissement oublié. Nous investissons 15 millions d’euros au parc de la Tête d’or avec la rénovation des petites serres et notre travail sur le zoo. Notre action a été prioritaire sur les secteurs carencés, ceux où il y a des passages en masse d’habitants…
La part belle de l’investissement a été mise dans le 8e, le 7e et le 3e. Le 6e a un grand parc, les berges du Rhône et il y a le beau projet de la place Edgar Quinet, même si on voulait aller plus loin en piétonisant devant l’église.

Dans les rues du 6e, on pourrait aller plus loin mais on reste respectueux des souhaits de la mairie d’arrondissement. La voirie est aujourd’hui réservée à 70% aux voitures, il faut prendre l’espace quelque part…

Deux places végétalisées dans le Vieux Lyon cet automne

Sur le Vieux-Lyon, où en êtes-vous ? C’est un secteur historique difficile à végétaliser, surtout devant la cathédrale…

GC : C’est possible de végétaliser ce secteur, ça a pris beaucoup de temps. Nous sommes dans une démarche novatrice avec les architectes des bâtiments de France. Avant la fin de ce mandat, nous allons végétaliser de manière expérimentale deux espaces dans le Vieux-Lyon.

Deux places seront végétalisées que nous devons trancher avec la mairie d’arrondissement. Ce n’est pas la place Saint-Jean à ce stade. Le chantier aura lieu à l’automne 2025.

Une réflexion en cours sur la végétalisation de Bellecour

Sur la Presqu’île, quel bilan défendez-vous en matière de végétalisation ? Que reste-t-il à faire d’ici à 2026 ?

GC : Nous avons végétalisé plusieurs rues (Ferrandière, Quatre Chapeaux, Émile-Zola, place des Jacobins…). La Presqu’île est un enjeu fort avec beaucoup de contraintes comme les réseaux, la logistique, les parkings, les métros. Le bilan est assez important en végétalisant autant sur un secteur si contraint.

Il restera encore la partie nord de la Presqu’île autour de la Martinière, le projet avance. Nous allons végétaliser la Rue Joseph-Serlin, le long de l’Hôtel de ville.

Nous espérons aussi pouvoir planter quelques arbres sur la rue Édouard-Herriot, côté place des Terreaux, la Voie lyonnaise qui passera rue de la Barre après 2026 et qui permettra de végétaliser…

La place Bellecour est un sujet clivant à Lyon. Vous aviez promis une végétalisation de la place Bellecour dans le cadre du budget participatif. Finalement, c’est une œuvre éphémère. Il y a de la déception. Que répondez-vous aux critiques ?

GC : C’est une première étape. Le prisme a été donné sur la végétalisation mais c’est une addition d’idées où il n’y a pas que ça (changer les usagers, apporter de la fraicheur…). Le projet n’est pas terminé. Quand on parle végétalisation, les gens imaginent des arbres mais il y a le parking, le métro…

Nous sommes toujours à l’étude pour végétaliser la traversée piétonne nord. Nous allons végétaliser sous les chênes existants avec des plantations basses d’ici 2026.

La place Bellecour sera davantage végétalisée grâce au budget participatif de la Ville de Lyon.
La place Bellecour sera davantage végétalisée à droite sur la photo (en dessous des arbres existants). (©Adobestock)« Notre manière d’entretenir les espaces verts est la bonne »

Il y a un sujet qui revient beaucoup chez les Lyonnais : ils sont pour plus d’espaces verts mais ils ne sont pas assez entretenus selon certains. Quelles actions menez-vous pour améliorer ça ?

GC : Il y a deux choses : est-ce que cela vient des incivilités ou de l’image que l’on a de l’entretien des espaces verts ? Il y a une coordination avec la Métropole pour le nettoyage sur ces nouveaux espaces. C’est une discussion quotidienne avec le déploiement de plus de moyens et de réorganisation. Nous entretenons davantage, il y a plus de passages.

Sur l’entretien de la pousse, il y a une manière très différente d’appréhender le sujet. Nous avons eu 4 fleurs aux « Villes fleuries ». Notre manière d’entretenir est la bonne. Ce n’est pas moins beau, c’est une autre manière de faire ! C’est bon pour la biodiversité. C’est une autre manière de voir la ville.

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