Annoncée dans le cadre de l’UNOC-3, cette initiative intervient deux mois avant le dernier round des négociations sur le traité mondial contre la pollution plastique, organisé faute d’accord lors du tour précédent.
La troisième Conférence des Nations unies sur l’océan devait permettre de réaffirmer de hautes ambitions sur une série de grands enjeux internationaux, comme la nécessité de ratifier rapidement le traité sur la haute mer (18 nouvelles ratifications ont été enregistrées depuis l’ouverture de l’UNOC lundi 9 juin, soit 51 parties sur les 60 nécessaires à sa mise en œuvre), ou d’adopter un instrument international ambitieux et juridiquement contraignant pour éliminer la pollution plastique d’ici 2040.
Une position partagée et désormais défendue par 95 États, qui ont signé l’appel de Nice pour un traité ambitieux sur les plastiques. « Nous n’abandonnerons pas », a martelé la ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, aux côtés de ses homologues du Sénégal, du Mexique et des Tuvalu, et de la commissaire européenne en charge de l’environnement, Jessika Roswall, lors d’une conférence de presse à laquelle Mer et Marine a assisté.
« Aucun pays ne peut résoudre le sujet seul. Il nécessite une réponse globale », à l’échelle du cycle de vie du plastique, a abondé la représentante de l’Union européenne, tandis que la ministre mexicaine de l’Environnement, Alicia Bárcena, a estimé que le prochain cycle de négociations qui se tiendra à Genève du 5 au 14 août prochain doit constituer « un tournant ». Selon elle, « le traité qui sera adopté devra être un traité du courage, de l’innovation et de la responsabilité ». La réunion suisse a été organisée faute d’accord lors de la session précédente à Busan (Corée), qui devait être la dernière.
Avant cette déclaration commune, la France comme le Mexique faisaient déjà partie de la Coalition de la haute ambition pour mettre fin à la pollution plastique, lancée juste avant l’ouverture de la première session de négociations en novembre 2022 et co-présidée par la Norvège et le Rwanda. Depuis, les discussions peinent à avancer entre le bloc des États qui veulent protéger leurs industries pétrolières et pétrochimiques et se focalisent sur la question de l’amélioration de la gestion des déchets et du recyclage (la Russie, l’Inde et les pays du Golfe emmenés par l’Arabie saoudite), et ceux qui appellent à l’adoption d’un traité comprenant des mesures à l’échelle de l’ensemble du cycle de vie des plastiques, de l’extraction des matières premières (pétrole et gaz) jusqu’à l’élimination des déchets.
Les signataires de l’« appel de Nice » considèrent que « l’adoption d’un objectif mondial de réduction de la production et de la consommation de polymères plastiques primaires », la mise en place d’une « obligation juridiquement contraignante pour éliminer progressivement les produits plastiques les plus problématiques et les substances chimiques préoccupantes » ou encore l’amélioration, par une obligation contraignante, de la conception des produits plastiques, sont des conditions nécessaires pour « parvenir à un accord à la hauteur de ce que la science nous dit et de ce que nos citoyens réclament ».
Pour rappel, la production mondiale de plastique atteint les 460 millions de tonnes chaque année et pourrait tripler d’ici 2060 en cas de statu quo, selon les chiffres du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). D’ici 2040, on estime que 20 millions de tonnes de déchets plastiques finiront chaque année dans les océans, avec des conséquences en cascade sur la biodiversité marine.
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