La compagnie pétrolière et gazière nationale d’Azerbaïdjan, SOCAR, aurait conclu un contrat de dix ans pour livrer du gaz naturel à l’Allemagne. Selon l’agence d’État Azertac, l’accord a été scellé avec la société publique allemande Securing Energy for Europe (SEFE).

Ce partenariat prévoit que SOCAR fournisse du gaz à SEFE en Europe, avec des volumes croissants chaque année, jusqu’à atteindre 1,5 milliard de mètres cubes par an.

D’après Azertac, l’accord favorisera les investissements dans la production et les infrastructures, notamment les stations de compression, afin d’acheminer davantage de gaz par pipeline vers l’Europe et de « contribuer à la sécurité énergétique du continent ». SEFE, dans un communiqué, a précisé que les livraisons débuteraient en 2025.

Le PDG de SEFE, Egbert Laege, a salué l’accord, qu’il considère comme « une preuve de la solidité des relations entre l’Allemagne et l’Azerbaïdjan ». « Ce partenariat ouvre une nouvelle voie pour livrer des volumes significatifs de gaz à l’Europe, diversifiant notre portefeuille et renforçant l’approvisionnement de nos clients », a-t-il déclaré.

SEFE, selon son site officiel, est une entreprise internationale détenue par le gouvernement fédéral allemand. Elle fournit de l’énergie à 50 000 clients.

Le président de SOCAR, Rovshan Najaf, a lui aussi salué l’accord, le décrivant comme un levier de diversification énergétique et de croissance durable pour l’Europe.

L’analyste énergétique Ilham Shaban, interrogé par OC Media, estime que l’accord marque une avancée stratégique : « Depuis le projet Shah Deniz-2, aucun contrat gazier à long terme n’avait été signé avec des pays ou sociétés européennes. »

« Cet accord avec SEFE, propriété de l’État allemand, montre que l’Allemagne reconnaît l’Azerbaïdjan comme un fournisseur stable de ressources énergétiques et fait confiance à SOCAR », a-t-il ajouté.

Cependant, il nuance : « Même si les deux entreprises parlent de livraisons par gazoduc, cela ne signifie pas nécessairement que le gaz atteindra directement l’Allemagne par ce moyen. »

Selon lui, SEFE pourrait acheter du gaz azerbaïdjanais, le convertir en électricité dans ses installations européennes et alimenter ses clients en énergie.

En septembre 2024, Bloomberg rapportait que SEFE, avant sa privatisation prévue d’ici fin 2028, cherchait à élargir ses sources d’approvisionnement. Créée en 2022 après l’invasion de l’Ukraine, SEFE a été nationalisée par Berlin à partir des actifs allemands de Gazprom PJSC. Elle dessert surtout des clients industriels et contrôle près d’un huitième du marché ouest-européen.

Depuis le conflit ukrainien, l’Azerbaïdjan est perçu comme une alternative énergétique. Pourtant, certains accusent Moscou d’acheminer son gaz via Bakou pour contourner les sanctions.

L’Union européenne, quant à elle, est critiquée pour ses liens étroits avec Bakou, en dépit des atteintes aux droits de l’homme et de la répression contre les voix dissidentes dans le pays.