Rudy Ricciotti, le célèbre achitecte du Mucem, qui réside près de Marseille, revient sur le ring à travers un nouveau livre, dix ans après la sortie de L’Architecture est un sport de combat. Un combat loin d’être terminé pour l’architecte de 72 ans, lauréat, entre autres, du Grand Prix national de l’architecture en 2006, et reconnu comme l’un des plus brillants de sa génération. Il remonte au front avec son goût pour les mots et ses formules sans langue de bois. Dans Insoumission, pour la survie de l’architecture, qui vient de sortir aux éditions Albin Michel, il défend une architecture incarnée et de bon sens, et surtout les savoir-faire français. Quand on discute avec lui (toujours sans langue de bois), il refuse d’être considéré comme une « grande gueule » et ne voit pas ses écrits comme des « coups de gueule ». Préférant à ce raccourci la notion d’exigence qu’il applique avant tout à lui-même. Celui qui écrit dans ce nouveau livre que le Mucem fut son « chantier le plus aventureux en 44 ans de carrière » ou encore « un des plus passionnants chantiers » de sa vie, « une expérience proprement métaphysique », livre ici une lutte contre les normes et en appelle à la nuance. Menant un combat pas seulement architectural, mais « politique, esthétique et social ». Et d’insister : « Si on n’aime pas son pays, on n’écrit pas ce livre. »
À vous lire, on se dit que le Mucem reste et restera vraiment le point d’orgue pour vous ?
Disons que c’était une première mondiale. Le dessin du Mucem, je l’ai fait en 2002, il a 23 ans ! Et il était totalement expérimental. D’un point de vue technique, scientifique et culturel. Il était unique. De plus, à cette époque, j’ai rencontré des acteurs culturels d’exception et deux grands serviteurs de l’État au niveau de la maitrise d’ouvrage qui ont disparu depuis. C’était une époque où la culture architecturale brillait.