Par

Ivan CAPECCHI

Publié le

11 juin 2025 à 16h25

Le 30 septembre prochain, Christelle fermera son salon de coiffure L’ Temps pour Soi, fondé en 2007 et situé 22 rue des Orphelins, dans le quartier de la Krutenau, à Strasbourg.

La faute, dit-elle, aux travaux de voirie aux abords de son commerce et aux prix du stationnement devenus trop élevés.

Des travaux qui posent des problèmes d’accessibilité

Depuis plusieurs mois maintenant, Christelle doit composer avec des travaux (actuellement ceux en lien avec le ring vélo, cf. encadré).

« Pendant les travaux, il n’y a pas d’accès pour les personnes à mobilité réduite, de même que pour les personnes âgées », déplore-t-elle.

Les travaux nuisent à l'accessibilité du salon de coiffure.
Les travaux nuisent à l’accessibilité du salon de coiffure. (©Ivan Capecchi / Actu Strasbourg)

« La piste cyclable m’enlève toutes les places de stationnement, or j’ai 60 % de ma clientèle qui provient de l’extérieur », poursuit Christelle. 60 % ? Pour un commerce de proximité ? « Auparavant, je travaillais à Saverne. Une partie de ma clientèle m’a suivi », explique-t-elle.

Vidéos : en ce moment sur ActuÀ cet endroit, la Ville investit pour la création d’un ring vélo

Projet phare de la municipalité écologiste, le ring vélo est un contournement cyclable et piéton de la Grande-Île de près de 4 km qui visera à alléger le trafic cycliste dans l’espace piéton du centre-ville.

Pour le dire autrement, il s’agira donc d’une alternative cyclable à la traversée de la Grande-Île, afin d’y réduire les conflits piétons/cyclistes.

Son ambition est d’offrir un itinéraire de substitution lisible, attractif, sécurisé et non interrompu pour les cyclistes. Pour les piétons, une nouvelle promenade piétonne, appelée « magistrale piétonne de l’eau », sera créée.

Des prix du stationnement jugés trop élevés

Christelle dénonce aussi la hausse du prix du stationnement. Pour rappel, en avril 2023, la municipalité écologiste a augmenté les tarifs de stationnement en voirie, mais aussi élargi la zone rouge, la plus chère, notamment au quartier de la Krutenau. Y stationner 2h coûte désormais 8 €. « Plus la prestation [de coiffure], ça fait cher », souffle Christelle. À noter que la mairie a aussi mis en place des places de stationnement violettes (1 € l’heure) dans le quartier, pour permettre justement d’accéder aux commerces de proximité sans payer trop cher.

« Les gens ne veulent pas prendre les transports en commun ou se garer à l’extérieur pour une demi-heure de coupe », observe Christelle, qui estime avoir perdu « 30 % de chiffre d’affaires » à cause de tout ça.

Une réforme du stationnement pour libérer l’espace public de la voiture

Entre 2023 et 2024, la mairie de Strasbourg a mené une grande réforme du stationnement. Parmi les nombreuses mesures mises en place, il y a eu l’augmentation des tarifs en voirie. Une façon, pour la municipalité écologiste, de rendre le stationnement dans les parkings en ouvrage plus incitatif, et ainsi libérer l’espace public de la voiture pour qu’il profite à d’autres usages, notamment aux mobilités douces.

Voir toutLa Krutenau, un quartier qui se meurt aux yeux de Christelle

Après le 30 septembre, Christelle continuera son activité, mais au sein d’un salon existant, du côté de la Robertsau. « Ça me fait mal au cœur », confie la professionnelle.

Pour elle, la Krutenau est un quartier qui se meurt, et ce malgré les nombreux aménagements réalisés ces dernières années (abords de la Manufacture des tabacs, place du Foin, place Sainte-Madeleine…).

La vue en sortant du salon de coiffure.
La vue en sortant du salon de coiffure. (©Ivan Capecchi / Actu Strasbourg)

« D’autres commerçants ont énormément de mal », assure-t-elle. Dernièrement, nous avons fait un article sur le restaurant Ranna Ghor, non loin, qui peine à retrouver sa clientèle depuis que les travaux ont cessé devant sa vitrine.

« En quatre ans, le nombre de boutiques fermées dans le centre-ville de Strasbourg est passé de 4,7 % à environ 7 % », d’après nos confrères de BFMTV. Une hausse notable, donc, mais le chiffre demeure inférieur à la moyenne nationale : environ 10 % en 2024 d’après Codata.eu, un portail professionnel spécialisé dans la collecte, l’analyse et la diffusion de données sur l’immobilier commercial et les implantations commerciales.

Sentiment de ne pas être écouté

Christelle aimerait par ailleurs que la municipalité les « écoute plus ».

Christelle et son chien, devenu la mascotte du salon.
Christelle et son chien, devenu la mascotte du salon. (©Ivan Capecchi / Actu Strasbourg)

Elle cite le cas de la rue Mélanie dans le quartier de la Robertsau, où une piste cyclable aménagée par la mairie a créé de gros problèmes de circulation, obligeant la collectivité à faire machine arrière.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.