Elle a pris sa décision et n’y reviendra pas. Pia Imbs, organisée, méthodique, a voulu l’annoncer avant l’été pour laisser à son équipe municipale le temps de la réflexion et, espère-t-elle, celui de former une liste, monter un projet en vue de l’échéance électorale de 2026.

C’est aux élus de Holtzheim, tous issus de sa propre majorité, qu’elle a donné la primeur de la nouvelle, mardi soir 10 juin. « Il y a douze ans, je m’étais engagée auprès d’eux pour deux mandats, pas plus ; je suis fidèle à ma parole en ne briguant pas de troisième mandat », explique-t-elle.

Grands dossiers et serpents de mer

En 2014, la liste de Pia Imbs sort largement vainqueur des urnes face à André Stoeffler, maire de Holtzheim depuis 25 ans. Pour cette docteure en sciences économiques et maître de conférences en sciences de gestion, issue d’une famille d’agriculteurs du village, c’est le début d’un réel engagement politique local. Dès son premier mandat, elle prend à l’Eurométropole la tête d’un groupe de neuf élus issus de « petites » communes.

En 2020, elle est la première maire issue d’une commune de seconde couronne, sans étiquette politique, élue présidente de la collectivité. Ses ambitions : concilier écologie et économie, incarner une métropole « équitable », « plus participative » et « plus européenne ».

« À l’EMS, l’essentiel de la feuille de route a été réalisé. J’ai la certitude qu’avec mon exécutif on aura transformé le territoire », analyse-t-elle, citant les investissements structurants, « la révolution des mobilités » , « la transition énergétique  », « les soutiens à l’économie » ou encore le dialogue avec les territoires voisins.

La présidente de l’EMS se targue aussi d’avoir fait aboutir « des dossiers serpents de mer », comme l’agrandissement du stade de la Meinau , le réseau express métropolitain (avec la Région), la location du bâtiment Osmose (Simone-Veil) au Parlement européen « alors que plus personne n’y croyait », la création de l’ office de tourisme eurométropolitain , la médiathèque Frida-Kahlo … Des réussites, malgré les difficultés qui se sont succédé (Covid, flambée des coûts de l’énergie et des matériaux, restrictions budgétaires), souligne-t-elle.

La voie du compromis malgré les crispations

L’échec du tram nord ne semble pas l’ébranler : « Je considère qu’un dossier qui n’aboutit pas est à reprendre avec une autre méthode, ce que nous faisons. » Quant aux dissensions au sein de sa coalition, elle les balaye d’un revers de main.

« Si je me réfère aux difficultés à l’échelle nationale, je peux me féliciter d’avoir gardé une stabilité dans cette gouvernance. Je suis restée très pragmatique, je pense avoir trouvé le sens de l’équilibre et du compromis, par exemple lorsque nous avons repoussé l’interdiction de circulation des Crit’Air3  », développe Pia Imbs. Elle regrette cependant la crispation du « dialogue transpartisan » au sein d’une assemblée très politisée, alors « que la main est tendue pour collaborer ».

Insultes et menaces

Une ombre plane cependant sur ce mandat. En tant que maire et présidente de l’Eurométropole, Pia Imbs a été obligée de demander la protection fonctionnelle et de porter plainte, suite à des insultes et des menaces, particulièrement sur les réseaux sociaux.

« Je ne suis pas la seule dans ce cas, c’est le lot de plus en plus d’élus » insiste-t-elle, « C’est la société telle qu’elle évolue, les fake news qui se multiplient ».





Pia Imbs regrette la crispation du « dialogue transpartisan » au sein d’une assemblée très politisée.  Photo archives Cédric Joubert

Pia Imbs regrette la crispation du « dialogue transpartisan » au sein d’une assemblée très politisée.  Photo archives Cédric Joubert

Sacrifices personnels

Si « la politesse républicaine » l’oblige à rendre sa décision publique dès à présent, Pia Imbs reste « pleinement engagée » jusqu’au bout de son mandat, entourée qu’elle est « d’agents dévoués ». « Je considère que servir une commune, une métropole est un honneur, une aventure humaine intéressante mais exigeante qui demande beaucoup de temps et d’implication, de sacrifices personnels ».

À Holtzheim, où l’un de ses adjoints a fait défection, elle veut donner la priorité à la réalisation d’un périscolaire – un projet sera choisi avant mars 2026. À l’Eurométropole, des dossiers vont suivre leur cours, d’autres connaître leur épilogue : la centrale thermique de Hautepierre, le tram ouest , la station d’épuration sud

Pia Imbs, qui aura 66 ans l’an prochain, compte se mettre en retrait de la politique dans moins d’un an, mais veut continuer à se « rendre utile ».

Elle n’en dit pas davantage, mais glisse qu’elle est professeur émérite de l’Université de Strasbourg, un titre qui lui permettra encore d’être « au service du public ».