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Rédaction Nantes

Publié le

11 juin 2025 à 18h03

La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes a confirmé ce vendredi 6 juin 2025 le placement en détention provisoire d’un trentenaire suspecté d’avoir tué son colocataire à Rezé (Loire-Atlantique) en février 2024.

Il y a un peu plus d’un an, Sylvain B., 36 ans, père de deux enfants, a été découvert « nu sur le canapé-lit » et le visage « couvert de sang » par ses deux colocataires, Valentin A. et Alexandre X., à l’étage d’une maison divisée en deux habitations.

Une enquête qui piétine

L’homme est décédé d’un « traumatisme oculo-crânien » causé par un « mécanisme lésionnel pénétrant », avait conclu le médecin légiste. Mais, malgré le placement en garde à vue de ses deux colocataires, l’enquête a piétiné jusqu’à la mi-mai 2025.

Les deux sœurs de la victime ont pourtant d’emblée indiqué qu’il existait « des conflits » entre les trois colocataires. Ils multipliaient en effet les soirées « sous alcool et drogues » et des « bagarres » pouvaient à cette occasion éclater.

Le 6 février, soit deux jours avant la découverte du corps, Valentin A. a certifié s’être « couché à 22 h », après avoir pris « un médicament ».

Son autre colocataire, Alexandre X., l’avait par la suite réveillé « à 3h du matin » pour « venir regarder la télé » avec un ami. Les trois avaient « bu » et « fumé du cannabis ».

Valentin A. a ensuite passé la journée du lendemain à « regarder la télé », avant de s’endormir… jusqu’au 8 février 2024 à 15h. Il a alors entendu Alexandre X. tenter de réveiller leur colocataire, qui était en réalité déjà mort.

Il voulait lui « faire du sale »

Dès le départ, les versions des deux suspects se sont opposées : Valentin A. soutenait donc avoir « dormi » jusqu’au retour d’Alexandre X. et que leur porte d’entrée était « déverrouillée ».

Le second avait lui assuré avoir trouvé le premier en train, non pas de dormir, mais de « boire du rosé », et que leur porte était au contraire « fermée ».

C’est finalement la montre connectée du défunt qui a fait avancer l’enquête. Ses « données » ont permis de révéler « une augmentation du rythme cardiaque en plein sommeil » chez Sylvain B., entre « 2h21 » et « 2h29 », forcément provoquée par « un événement », a-t-il été expliqué ce jeudi devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes.

Reste qu’à cette heure-ci, Alexandre X. n’était pas encore rentré : il était en train d’acheter « de la vodka » avec son ami, comme l’ont confirmé les images de vidéosurveillance du commerce. Aujourd’hui, les enquêteurs ont donc la certitude que « seul » Valentin A. était présent avec la victime au moment de sa mort.

L’exploitation du téléphone portable de ce dernier a aussi permis de mettre à mal sa version : son téléphone a été « déverrouillé » à deux reprises entre 2h et 3h du matin alors qu’il était pourtant censé « dormir ».

Des messages échangés avec Alexandre X. font aussi état de sa volonté de « faire du sale » à leur coloc, qui lui aurait infligé « des violences ».

Un coloc « absolument pas connu pour être agressif »

« Absolument pas connu pour être agressif », l’homme de 32 ans a été mis en examen pour « meurtre » et placé en détention provisoire le 14 mai 2025. Une décision dont son avocat a fait appel, ce jeudi 5 juin 2025, devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes.

« Il y a eu des prélèvements sous les ongles, du blue star [un produit utilisé par la police scientifique pour révéler des traces de sang, N.D.L.R.] dans sa chambre, des analyses d’objets… Mais au final il n’y a rien », a assuré Me Olivier Renard, en visio-conférence aux côtés de son client depuis la maison d’arrêt de Nantes.

Et si Valentin A. s’est réinstallé dans la coloc de Rezé quelques semaines après la mort de Sylvain B., il s’est « maintenu à disposition de la justice » alors qu’il se savait « suspecté de meurtre », a fait observer son avocat.

Mais, pour l’avocate générale, un « faisceau » d’indices rend à ce stade vraisemblable son « implication » dans ce meurtre puisqu’une « concordance de temps, de lieu, de mobile » existe. Il fallait donc que Valentin A. soit maintenu en détention pour ne pas être « tenté de fuir au vu des enjeux » carcéraux qu’il encourt, avait-elle résumé.

Mais « je n’ai pas beaucoup d’argent, pas de pouvoir ni de connaissances externes pour fuir », avait répliqué le principal concerné, porteur d’un t-shirt Pikachu qui dénotait quelque peu au vu du contexte…

La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes a toutefois préféré, ce vendredi 6 juin 2025, le maintenir en détention.

CB (PressPepper)

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