Oubliez la liste des fournitures scolaires à acheter pendant les vacances d’été. Les enfants des écoles élémentaires publiques et privées, sous contrat de la Ville de Nice, vont recevoir un kit pour la rentrée prochaine.
Un mail d’information a été envoyé à tous les parents d’élèves, le 10 juin, dans l’après-midi. Dans la très grande majorité, les réactions sont bonnes mais quelques voix s’élèvent pour tempérer.
Du côté des parents, c’est une « excellente nouvelle ».
Pour Fanny, maman d’un écolier de la Mantega: « C’est toujours ça de pris! C’est un budget que je priorise chaque année. Et les enseignantes de l’école où est mon fils font toujours attention à ne pas faire de trop longues listes pour que cela ne revienne pas trop cher aux parents. Pour les cahiers, c’est l’école qui les donne, je pense que ça ne va pas changer – sinon ça n’aurait pas de sens d’ailleurs. »
Effectivement, rien ne va bouger de ce point de vue là. Dans le courrier adressé aux familles, le maire de Nice, Christian Estrosi, rappelle bien que « les crédits pédagogiques habituels alloués par la Ville à chaque direction d’école (pour financer les supports pédagogiques, fichiers, livres, jeux, papeterie…) seront maintenus à la même hauteur que les années précédentes. Cette initiative vient en complément et ne se substitue pas aux ressources pédagogiques déjà prévues ».
Pour éviter la stigmatisation
Laura, qui a deux bambins à Saint-Barthélémy (public), se réjouit, elle aussi: « Je ne vais pas devoir passer des heures dans les magasins pendant l’été. Bon, je sais qu’il faudra compléter avec des feutres d’ardoises et des tubes de colle parce qu’on nous en demande toujours beaucoup, y compris en cours d’année quand ils sont terminés, mais je ne serai pas pressée. »
Les deux femmes confient avoir les moyens d’acheter les fournitures et toutes deux n’auraient « pas trouvé à redire s’il y avait eu une condition de revenus ».
Toutefois Laura analyse: « C’est bien que tous les enfants aient le même kit, car s’ils n’avaient été distribués qu’aux moins aisés, ils se seraient peut-être sentis stigmatisés. Et j’imagine qu’avec les achats groupés, cela revient bien moins cher à la Ville qu’aux familles, si elles avaient fait leurs courses elles-mêmes. Je me réjouis de voir que Nice suit l’exemple de grandes villes de gauche comme Lille, Paris ou Marseille. »
Le président de l’association Tous Citoyens, David Nakache, qui participe depuis 7 ans à des distributions de fournitures aux plus démunis (1), salue cette mesure qu’il a apprise « avec une très grande satisfaction » et « demande au maire de l’étendre aux maternelles ».
Il va plus loin: « Nous encourageons l’ensemble des maires des Alpes-Maritimes à faire la même chose, pour ceux qui ne le feraient pas encore. Il n’y a pas de cadre légal qui impose que l’école publique soit effectivement gratuite dans le sens où les élèves doivent acheter du matériel. Or l’allocation de rentrée scolaire ne suffit souvent pas pour financer tout ce qui est demandé, notamment pour les jeunes en filière professionnelle: le trousseau de l’apprentissage peut être onéreux et engendrer des difficultés. C’est la raison pour laquelle nous allons écrire au conseil départemental et au conseil régional afin qu’ils puissent également fournir un kit de fournitures de base aux collégiens et aux lycéens. Nous incitons fortement les candidats aux prochaines [élections] municipales à inscrire la distribution de matériel scolaire dans leurs programmes. »
« Une manœuvre électorale grossière »
Le chef de file du parti communiste local, Julien Picot, approuve l’idée de fournir des kits aux familles – « toute aide aux familles est bienvenue » – mais persifle: « Si le kit était distribué chaque année, d’accord, mais à quelques mois des élections municipales, il y a de quoi s’interroger. Mais ce changement brutal de politique, inédit depuis toutes les années de mandat de M. Estrosi, n’a rien de fortuit. Il s’agit d’une manœuvre électorale grossière à visée électorale. »
Juliette Chesnel-Leroux, cheffe de file des Écologistes au conseil municipal, admet que « cela complétera un peu le chèque rentrée scolaire, même s’il manque un cahier de texte », tout en raillant: « C’est une bonne opération de communication à un an des élections ».
Pour rappel, le maire de Nice avait annoncé sa volonté de mettre en place cette mesure lors du festin du maire, le 6 septembre 2024.
« Quand je vois que la rentrée, ça coûte si cher aux familles, je me dis qu’on ne peut pas rester les bras croisés, avait-il annoncé. Surtout pas en cette période de perte de pouvoir d’achat. Voilà pourquoi, à la rentrée 2025, je compte m’emparer aussi de ce sujet et donner un vrai coup de pouce aux familles pour les fournitures. »
Le sujet avait également été évoqué lors du débat d’orientation budgétaire de la commune pour l’année 2025, le 18 octobre 2024.
1- Les associations qui distribuaient jusqu’alors les fournitures sont ADN, Cent Pour Un 06, Habitat et Citoyenneté, Roya citoyenne, Touscitoyens, Vallées solidaires 06 et le Réseau éducation Sans Frontières 06.
Elles ont publié un communiqué commun, tel qu’évoqué par David Nakache, et réfléchissent sur le type d’aide qu’elles fourniront à la rentrée, eu égard à cette nouvelle mesure.
Ce que contient le kit
Sous forme d’inventaire à la Prévert, voici ce que contient le kit de fournitures : un sac à dos pratique notamment pour les sorties, une règle de 20 cm, trois stylos (bleu, noir, rouge), deux crayons gris HB, une gomme, un taille-crayon avec réserve, deux bâtons de colle, un étui de 12 crayons couleurs, un étui de 12 feutres couleurs, une ardoise effaçable et deux feutres pour ardoise effaçable.
Le matériel sera remis à chaque école d’ici à la fin du mois de juin. Chaque établissement distribuera ensuite les fournitures, sans date précise.
Les premiers bambins servis seront ceux de Fabron à qui Christian Estrosi viendra donner les kits ce vendredi 13 juin 2025.