Depuis plusieurs années, le MotoGP tâtonne sur l’introduction d’un système de radio pour communiquer avec les pilotes lorsqu’ils sont en piste. De premiers essais s’étaient révélés infructueux en 2020 mais ils se sont poursuivis pratiquement chaque année depuis, avec un système de plus en plus sophistiqué. Ces expérimentations ont repris lors du test réalisé sur le MotorLand Aragón ce lundi, avec plusieurs pilotes impliqués, confirmant une volonté de lancer le dispositif en compétition en 2026.

La solution définitive ne semble toutefois pas encore trouvée. Le MotoGP a d’abord testé la possibilité d’envoyer des messages pré-enregistrés aux pilotes, puis fin 2024, Ducati a évalué une solution permettant à Davide Tardozzi, patron de son équipe officielle, de communiquer directement avec Michele Pirro, son pilote d’essais.

Lundi, Lorenzo Savadori a visiblement testé une solution similaire, mais en provenance cette fois de la direction de course. « Pour la première fois, la direction de course me parlait », a confié celui qui remplace actuellement Jorge Martín chez Aprilia. « J’ai bien entendu la direction de course quand j’étais dans le garage. Quand j’étais sur la moto, j’entendais, mais ce n’est pas très clair pour le moment. Cependant, les sensations s’améliorent à chaque essai. »

Álex Márquez a également testé une radio, cependant les messages ressemblaient visiblement à un flot continu, parfois difficile à percevoir. « Ce n’est pas comme une vraie radio, il y a une voix et elle est tout le temps là – ce n’est pas comme si quelqu’un te parlait depuis le garage », a expliqué le pilote Gresini. « C’était important de l’essayer. »

Alex Marquez, Gresini Racing

Álex Márquez

Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images

« Il y a plusieurs endroits où ce n’est pas facile de comprendre ce qu’ils disent, ou de l’entendre clairement. C’était la première chose à essayer parce qu’on dirait que ce sera imposé l’an prochain, pour des questions de sécurité. J’étais ouvert à l’idée de l’essayer. J’ai fait un relais et c’était bien. »

C’est comme une radio en fond. Peut-être que s’ils envoient un seul message, on l’écoutera. Si c’est tout le temps, [on arrête d’écouter].

« Au début, j’écoutais les messages, mais après, j’ai essayé d’attaquer et en roulant en 1’46, je n’entendais pas bien parce que j’étais très concentré », a précisé Álex Márquez. « C’est comme une radio en fond. Peut-être que s’ils envoient un seul message, on l’écoutera. Si c’est tout le temps, [on arrête d’écouter]. Il faut comprendre mais ce n’était pas quelque chose de mauvais. C’est juste qu’en ligne droite, quand on est à fond, c’est assez dur de comprendre ce qu’ils disent. » 

Lorenzo Savadori a confirmé les difficultés pour entendre les messages en ligne droite, quand la moto fait le plus de bruit, même si c’est dans cette phase qu’ils sont le moins susceptibles de perturber les pilotes : « Parfois, ce n’est pas facile à entendre à haute vitesse. Quand le régime est élevé, c’est parfois dur à entendre. »

Brad Binder, qui participait lui aussi aux évaluations, a en revanche jugé la radio efficace. « Sincèrement, j’ai été assez impressionné par le fonctionnement », a précisé le Sud-Africain. « Qu’on ait besoin qu’ils nous parlent ou pas, c’est une autre question, mais si c’est ce qu’ils veulent, ça ne me gêne pas. »

Brad Binder, Red Bull KTM Factory Racing

Brad Binder

Photo de: KTM Images

Le système à l’essai cette semaine permettait uniquement au pilote d’entendre des informations et pas d’y répondre, cependant Savadori a évalué l’an dernier une radio avec un micro « très petit », qu’il jugeait efficace : « Je pense que c’est plus facile de parler que d’entendre. Avec le micro, tout le monde m’entendait bien. »

Un boîtier potentiellement gênant

En plus de la capacité à bien entendre les messages communiqués, les pilotes doivent composer avec le poids du boîtier, intégré à leur casque. Des ajustements restent nécessaires, d’après Savadori.

« Ça touche l’os mais l’an dernier ou l’année d’avant, […] l’émetteur était plus petit. Maintenant, il est plus gros et c’est mieux. Le problème n’est pas l’inconfort. Le problème, c’est que ce n’est pas simple parce qu’en ligne droite, à haute vitesse, le casque bouge un peu. Parfois, on n’entend pas parce que c’est trop haut ou trop bas. » 

Johann Zarco a ressenti le même problème en évaluant cette nouvelle évolution du dispositif lundi. « J’ai réalisé que mon casque bougeait sur ma tête », a expliqué le Français. « J’y suis habitué, mais à plus de 300 km/h, le casque remonte un peu donc la radio ne touchait plus mes os. Je n’entendais pas. […] D’autres pilotes ont dit qu’ils entendent très bien en permanence, d’autres non. Pour le moment, ce n’est pas agréable d’avoir cette radio et le système n’est pas bon. »

Johann Zarco, Team LCR Honda

Johann Zarco

Photo de: LCR Honda MotoGP Team

Zarco préfèrerait une solution permettant d’intégrer la radio dans les bouchons d’oreille : « C’est un système externe, dans le casque [actuellement], parce qu’ils disent que ce système interne, ils ne le veulent pas en moto. »

« Moi, je suis habitué aux bouchons mais j’essaie de faire attention à mon corps, mon audition, mon cerveau. Je sens que si je continue comme ça, juste avec les bouchons auxquels je suis habitué, je n’aurai pas une très bonne audition à plus de 50 ans. J’aimerais mieux protéger mon audition et je pense que ce bouchon adaptatif, le même qu’ils ont en Formule 1, pourrait apporter un progrès. Si je suis à l’aise avec, je pense qu’il sera ensuite très facile d’y intégrer la radio. »

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Vincent Lalanne-Sicaud

MotoGP

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