Mardi soir, ils étaient plus de 20.000 à chanter en chœur avec Billie Eilish à l’Accor Arena. Ce mercredi, rebelote. Devant la salle parisienne, certaines fans attendent depuis l’aube, d’autres ont dormi sur place dans une tente et certains font la queue dans l’espoir de pouvoir encore acheter un billet.

Pour eux, Billie, 23 ans, n’est pas qu’une artiste : c’est un symbole. On a passé la journée avec ces jeunes fans venus de toute la France. Témoignages, larmes et beaucoup d’admiration au programme.

Grandir avec Billie : une génération miroir

L’une des premières choses frappantes, c’est l’âge des fans massés devant l’Accor Arena. Ils ont 16, 17, parfois 20 ans. Tous ont découvert Billie Eilish très jeunes, souvent à 12 ou 13 ans. Elle chantait « Ocean Eyes », ils cherchaient encore leur voix. Huit ans plus tard, ils sont toujours là, grandis avec elle. « Je l’ai connue hyper tôt, quand elle commençait à percer, » se souvient Inès, 17 ans. « Je regardais des vidéos sur YouTube, et « Ocean Eyes » passait souvent en fond. Ensuite, j’ai suivi son évolution, ses interviews, ses prises de parole. »

Même écho du côté de Noémie, 19 ans : « J’ai commencé à l’écouter en 2018, l’année où j’ai rencontré ma meilleure amie. On s’est tout de suite retrouvées autour de ses chansons. » Louna, elle, se souvient de « Bad Guy » entendu à la radio avec son frère Warrick : « On a accroché tout de suite. Et on ne l’a plus jamais lâchée. » Aujourd’hui, elle s’est même tatoué le titre de sa chanson préférée : « Everything I Wanted ».

Yasmina Jaafri, la co-réalisatrice du documentaire « Billie Eilish, sa French story » disponible sur FranceTV, résume : « C’est l’une des premières superstars nées après 2000. Elle a grandi avec ses fans. »

Des fans sensibles aux questions de santé mentale

Ce n’est pas seulement la musique de Billie Eilish qui touche. Pour nombre de ses fans, c’est sa capacité à parler franchement de santé mentale qui les a profondément marqués. « Elle parle de dépression, de santé mentale. Ça m’a beaucoup touchée. », confie Lisiane, 14 ans, qui n’a pas de billet mais attend tout de même devant la salle dans l’espoir d’entrer.

« Elle parlait de ses addictions, de ses problèmes. Ça m’a bouleversée. Je me suis sentie moins seule », raconte Inès. « Je me rappelle avoir lu des interviews sur elle, sur ses addictions, sur la santé mentale ». Emma, 17 ans, admire sa sincérité : « Elle est honnête, elle ne cherche pas à plaire à tout le monde. Elle dit ce qu’elle pense, même sur des sujets durs. »

Dans le documentaire « Billie Eilish, sa French story », Yasmina Jaafri souligne combien cette franchise résonne avec sa communauté : « Son premier album est très sombre, alors qu’elle n’était qu’une adolescente. Elle aborde la dépression, le mal-être. Ça fait écho à ce que vivent beaucoup de jeunes. »

Attendre Billie : toute une organisation

Arrivée devant l’Accor Arena à 10 heures, la scène est déjà bien rodée. Les files s’étendent devant les différentes entrées. Certains viennent tenter leur chance à la billetterie, d’autres patientent pour accéder à la fosse. Sur le dos de leurs mains, un numéro inscrit au feutre noir indique leur ordre d’arrivée.

Louane, venue avec son frère depuis Poitiers, a dormi sur place malgré le froid. « On a dormi hier soir sur place. On est allés acheter une tente en catastrophe. Il faisait un peu frais mais ça va », explique-t-elle. Un peu plus loin, Noémie montre fièrement son chiffre : « On est arrivées hier, mais on a dormi chez nous. Ce matin, on était là dès 7 heures On a pris nos numéros hier, moi c’est le 288. »

L’organisation repose sur un système auto-géré par les fans eux-mêmes. « C’est pas l’Accor Arena qui gère, c’est ceux qui arrivent les premiers qui donnent les numéros. C’est un peu à l’arrache, mais on essaie de faire au mieux pour que ce soit juste », décrit Inès.

Une artiste engagée, miroir d’une génération

Derrière les campements improvisés, l’attente, les numéros au marqueur, c’est bien plus qu’une simple pop star que les fans de Billie Eilish sont venus célébrer. Pour beaucoup, l’artiste a été un repère.

L’engagement de Billie touche ses fans. Depuis ses débuts, elle s’implique concrètement : participation à des marches pour le climat, prises de parole sur l’IVG, soutien à Black Lives Matter. « Elle s’associe systématiquement à une association locale lors de ses concerts », rappelle Yasmina Jaafri. À Paris, ce sont les Restos du cœur qui ont bénéficié de cette solidarité. « C’est une culture familiale chez elle. Ses parents étaient engagés. »

Ses fans, eux, s’y retrouvent pleinement. « Elle représente nos valeurs », affirme Siolena, 23 ans. « Elle parle d’écologie, de droits des femmes, elle a pris la parole sur l’avortement quand Roe v. Wade a été remis en cause… Et elle le fait sincèrement. » Noémie, 24 ans, renchérit : « On a besoin de figures comme elle. Elle nous montre qu’on peut suivre notre propre chemin. »