Le « mâle alpha » a quitté la conversation. Mardi, le créateur de contenus, coutumier des discours masculinistes et coach de vie autoproclamé, Alex Hitchens a brusquement raccroché au nez des députés lors de son audition en visioconférence par la commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs. Un geste d’humeur qui pourrait avoir des conséquences plus lourdes que les formations en drague vendues sur son site Internet.

« Il y a plusieurs pistes sur la table, la judiciarisation en fait partie, a confirmé à 20 Minutes le député socialiste et président de la commission Arthur Delaporte, évoquant la réponse prévue à cette situation « inédite ». « On n’a pas encore pris de décision à ce stade, on réfléchit à la meilleure manière de traiter l’affaire », précise-t-il. L’influenceur pourrait notamment être reconvoqué.

Jusqu’à deux ans de prison

Que dit le règlement ? Les commissions d’enquête disposent de pouvoirs particuliers, notamment le droit de citation directe. Selon l’ordonnance du 17 novembre 1958 qui régit ces instances, « toute personne dont une commission d’enquête a jugé l’audition utile est tenue de déférer à la convocation qui lui est délivrée, si besoin est, par un huissier ou un agent de la force publique, à la requête du président de la commission ». La présence du vidéaste était donc bien obligatoire.

De plus, toujours selon l’ordonnance, « la personne qui ne comparaît pas ou refuse de déposer ou de prêter serment devant une commission d’enquête est passible de deux ans d’emprisonnement et de 7.500 euros d’amende ». « Il a interrompu une déposition en cours », rappelle Arthur Delaporte.

« Nous étions face à des gens qui ont cherché à faire le buzz avec les auditions, qui les ont mises en scène et qui ont même cherché le clash », déplore le député. La commission entendait également mardi les anciennes stars de téléréalité AD Laurent, créateur de contenus controversé, le couple Julien et Manon Tanti, ainsi que Nasdas, l’influenceur de Perpignan.

« On est dans un cadre sérieux, il faut être sérieux », abonde l’élu, fustigeant un « un refus de respecter des règles de politesse essentielles ».

« Au revoir monsieur »

C’est à l’issue d’un échange houleux avec le président de la commission Arthur Delaporte qu’Alex Hitchens, de son vrai nom Isac Mayembo, a décidé de quitter son audition en visioconférence. Alors qu’il était interrogé sur l’une de ses déclarations, selon laquelle les femmes n’avaient « rien à faire dans la rue après 22 heures », le vidéaste a accusé les élus de décontextualiser ses propos. « Vous avez pris dix secondes de mon propos, vous l’avez isolé et vous venez de me le balancer à la gueule. C’est le problème de TikTok », s’est-il agacé avant d’être repris par le président de la commission. « Oui enfin… Vous prenez son téléphone, si elle refuse, c’est une p***, fin de relation, c’est tout aussi problématique », lance Arthur Delaporte, avant de reprendre la parole.

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Une interruption qui n’a pas plu au créateur de contenus. Après plusieurs amorces de phrases et de « laissez-moi finir », l’influenceur, suivi par plus de 650.000 personnes sur TikTok, a fini par craquer. « Au revoir monsieur, bonne journée », a-t-il conclu, avant de se déconnecter. « Il est 16h24, l’audience est suspendue. Le temps de recontacter M. Hitchens pour l’informer qu’on ne peut pas quitter une audition sans qu’on lui ait suggéré », annonce alors Arthur Delaporte.

Des relances restées sans réponse de la part d’Hitchens, au pseudonyme inspiré du personnage de Will Smith dans le film Hitch, expert en séduction. Sauf sur son site Internet. « Aujourd’hui, j’ai répondu à une commission parlementaire en direct. Ils pensaient me piéger, ils ont eu un cours gratuit de rhétorique, de droit, et de répartie. Résultat : j’ai retourné leur séance comme un débat d’école de commerce », peut-on lire dans un message, assorti d’une promotion spéciale « Assemblée nationale » qui prévoit une formation achetée, une offerte.