Un traumatisme crânien se produit lorsque le cerveau subit un choc contre la paroi interne du crâne, perturbant son fonctionnement normal. Les conséquences sont plus ou moins graves – de la simple commotion avec des symptômes temporaires aux traumatismes sévères entraînant des saignements internes ou des lésions tissulaires permanentes.
Chez l’enfant, dont l’organe cérébral est encore en développement, même les traumatismes classés comme « légers » peuvent avoir des répercussions durables sur les fonctions cognitives, la mémoire et les capacités d’apprentissage. C’est une étude publiée le 23 mars 2025 sur la plateforme Springer Nature Link qui vient de le démontrer. Le traumatisme s’efface, mais le cerveau n’oublie pas.
Quand le cerveau se souvient de ses blessures
Dans les hôpitaux finlandais, Julius Möttönen et son équipe de l’Université de Tampere ont plongé dans les archives médicales de plus de 136 000 patients sur la période 1998-2018. Leur objectif : comprendre comment les chocs à la tête subis pendant l’enfance influence l’avenir.
Parmi l’ensemble des dossiers médicaux examinés, ils ont identifié 24 039 cas concernant des patients désormais adultes (plus de 26 ans), pour lesquels ils disposaient de données complètes sur le niveau d’études atteint. Ce tri leur a permis d’analyser l’impact à long terme des traumatismes crâniens pédiatriques sur le parcours éducatif et d’identifier une corrélation plutôt effrayante.
Les enfants ayant reçu des soins hospitaliers pour un traumatisme crânien – même léger – poursuivent moins souvent des études supérieures que leurs camarades ayant subi des fractures aux membres. La différence ? Elle est de 15 %, une proportion qui, à l’échelle de la Finlande, peuplée d’un peu plus de 5,5 millions d’habitants, représente probablement des milliers de personnes.
Pour aboutir à cette conclusion, les chercheurs ont comparé 8 487 patients traités pour des traumatismes crâniens à 15 552 enfants soignés pour des fractures. L’âge moyen lors du traumatisme était de 13 ans. Quand les blessures étaient plus graves, comme des hémorragies cérébrales, l’écart se creuse davantage : 22 % de chances en moins d’entreprendre des études supérieures.
Même chez celles et ceux qui finissent par franchir les portes des universités, les victimes de traumatismes crâniens pédiatriques abandonnent plus fréquemment avant de valider des diplômes au grade plus élevé. Leur taux d’abandon dépasse de 19 % celui de leurs pairs.
La méthodologie de cette étude est déjà très solide : une période d’observation longue, une approche longitudinale (l’étude a suivi les mêmes patients) et un échantillon très vaste. Mais ce qui renforce encore plus la valeur de ces corrélations, c’est une particularité du système éducatif de la Finlande : il est entièrement gratuit. Par conséquent, les différences de parcours académiques observées entre les groupes sont moins susceptibles d’être attribuables à des facteurs socio-économiques.
Au vu de cette étude, on pourrait repenser l’accompagnement médical des jeunes enfants après une chute, particulièrement si la tête a subi un choc. Un traumatisme crânien peut se solder par une grosse bosse et quelques nausées passagères, mais ce petit traumatisme n’est finalement que la partie émergée de l’iceberg. Une raison supplémentaire de ne jamais prendre une blessure de ce type à la légère !
- Une vaste étude finlandaise a montré qu’un choc à la tête durant l’enfance peut freiner l’accès aux études supérieures à long terme.
- Même les blessures bénignes sont associées à une baisse marquée de la réussite scolaire, comparées à d’autres types de traumatismes.
- La communauté médicale pourrait envisager un suivi renforcé après ce type d’accident, qui reste encore trop sous-estimé.
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