Elle représente 15% des captures mondiales, et une perte économique estimée entre 10 et 20 milliards d’euros par an. Pour la France, qui dispose de la deuxième zone économique exclusive (ZEE) la plus importante du monde, le problème se concentre au large de la Guyane.
Parmi les grands enjeux maritimes internationaux mis en lumière dans le cadre de la Conférence des Nations unies sur l’océan, la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, dite pêche INN, occupe une place de choix. Et la France, comme sur la question – toujours sensible – des aires marines protégées, de la pollution plastique ou de l’exploitation minière des fonds marins, entend jouer sa partition.
Sur la pêche INN, donc, le ministère de la Transition écologique rappelle qu’elle représente l’une des pressions majeures sur l’océan au niveau mondial, et qu’il s’agit d’un problème à la fois environnemental – avec un effet négatif sur les stocks de poissons et la biodiversité, économique – tout particulièrement pour les pêcheurs locaux des pays en développement, victimes de concurrence déloyale, et qui touche aux droits humains – le travail forcé reste largement pratiqué.
La France met en avant plusieurs leviers pour « éradiquer la pêche INN, qui représente dix fois la valeur de la pêche française », rappelle le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher. Premier d’entre eux : le renforcement du cadre international existant, à travers la ratification des grands accords multilatéraux (accord sur les mesures du ressort de l’État du port de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), accord du Cap sur la sécurité dans la pêche, convention 188 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur les conditions de travail à bord des navires de pêche et accord de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les subventions à la pêche.
Œuvrer pour l’inscription d’un volet sur la lutte contre la pêche illégale dans le tout récent Pacte européen pour l’océan fait également partie des piliers de la stratégie de la France, qui se veut « leader mondial » sur ce sujet et entend profiter de l’UNOC pour faire prendre conscience que la pêche INN relève d’une « véritable industrie parallèle ». Mais si, pour le territoire français, la métropole est épargnée, ce n’est pas le cas de la Guyane, où le phénomène est ancien et s’amplifie depuis une quinzaine d’années. Les pêcheurs INN viennent principalement des pays voisins – Guyana, Suriname, Brésil ou Venezuela – à bord d’embarcations traditionnelles de pêche baptisées « tapouilles ». Ils ciblent des espèces comme l’acoupa rouge ou le vivaneau, pêchées au moyen de filets maillants dérivants.
En 2024, les opérations de police des pêches menées en Guyane par les Patrouilleurs Antilles Guyane (PAG), la gendarmerie maritime, les affaires maritimes et les douanes ont permis de dérouter et détruire 13 navires en situation illégale. Faciliter la destruction par immersion des navires apatrides (sans pavillon ni propriétaire) fait partie des mesures annoncées lors du dernier CIMer, organisé à Saint-Nazaire le 26 mai.
Le lancement d’une expérimentation du recours à des drones pour détecter et verbaliser à distance les infractions dans les zones économiques exclusives (ZEE) françaises a également été acté. « Aujourd’hui, la loi ne permet pas encore d’utiliser les images comme preuve directe, mais cette évolution juridique vise à rendre les contrôles plus efficaces, moins coûteux et plus étendus, notamment en Guyane », indique le ministère de la Transition écologique.
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