La situation se tend en Irlande du Nord. Après deux nuits d’émeutes visant des immigrés et des affrontements avec les forces de l’ordre dans la ville de Ballymena, située à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Belfast, la police se prépare mercredi à de nouvelles violences. Que se passe-t-il exactement ? On vous explique.
Quel a été l’élément déclencheur ?
Les premières violences ont éclaté lundi soir à l’issue d’un rassemblement en soutien à une jeune victime présumée de tentative de viol et à sa famille. Deux adolescents de 14 ans ont été inculpés pour lundi pour cette tentative de viol. La police, qui évoque des violences « motivées par des considérations raciales », ne souhaite pas communiquer sur l’origine des deux jeunes. Mais selon les médias britanniques, ils se sont exprimés par l’intermédiaire d’un interprète roumain lors de leur comparution lundi au tribunal.
Que se passe-t-il exactement ?
Mardi soir, des centaines d’individus ont pris pour cible des habitations et commerces et jeté des briques, fusées et cocktails Molotov sur la police, dans la ville de Ballymena. Ces émeutes ont notamment visé des zones où vivent des immigrés. Des « troubles sporadiques » ont aussi eu lieu dans d’autres villes nord-irlandaises, notamment à Belfast, ainsi que dans deux villes à proximité, Carrickfergus et Newtownabbey. Selon la police, ce sont surtout des jeunes locaux qui ont pris part aux heurts, même si elle n’a pas exclu l’implication de personnes extérieures à la ville, pointant le rôle des réseaux sociaux.
Quel est le bilan des émeutes ?
A l’issue de ces heurts, qualifiés d’« insensés » par le Premier ministre travailliste Keir Starmer, six personnes ont été arrêtées et l’une d’elles a été inculpée pour troubles à l’ordre public, a déclaré mercredi un responsable de la police, Ryan Henderson, lors d’une conférence de presse. Trente-deux policiers ont été blessés lundi et mardi soir dans ces incidents. La police nord-irlandaise a indiqué avoir appelé des renforts du reste du pays en prévision de nouvelles violences.
Quelles réactions politiques ?
« Je condamne fermement les violences observées cette nuit à Ballymena et dans d’autres endroits d’Irlande du Nord, notamment contre des agents de police », a déclaré Keir Starmer devant le Parlement. « Ceux qui instrumentalisent la situation pour attiser les tensions raciales se moquent de la justice et n’ont rien à offrir à leurs communautés, si ce n’est de la division et du désordre », ont renchéri dans un communiqué commun les membres de l’exécutif, composé de quatre partis politiques et dirigé par l’élue républicaine du Sinn Fein Michelle O’Neill. « Rien ne saurait justifier ces violences, au cours desquelles des habitants ont été traumatisés et de nombreux policiers blessés », ont fustigé les membres de l’exécutif.
Mais le député du parti Traditional Unionist Voice Jim Allister a toutefois souligné à la Chambre des communes à Londres que s’il n’y a « aucune excuse » pour de tels actes, « le gouvernement doit prendre conscience des tensions sous-jacentes engendrées par une immigration incontrôlée et souvent clandestine ».