Le ministre de la Justice a choisi mercredi de s’immiscer sur le terrain économique, un moyen de poser sa pierre dans la construction de l’après Emmanuel Macron avec en tête 2027. Gérald Darmanin a en effet expliqué être opposé au relèvement de l’âge légal de départ à la retraite lors du « prochain quinquennat », précisant par ailleurs les contours de la « capitalisation populaire » qu’il appelle de ses vœux pour compléter le système par répartition.
« Entretenir l’idée que travailler jusqu’à 67 ou 70 ans est possible, c’est désespérer Billancourt, et peut-être aujourd’hui plus Tourcoing que Billancourt sociologiquement », a-t-il déclaré, en référence à sa terre électorale du Nord, en conclusion d’un débat organisé dans le cadre de son parti, Populaires. Il propose donc « que l’âge légal reste […] dans le prochain quinquennat […] autour des 64 ans, ou peut-être à quelques mois près ».
Une approche différente de celle d’Édouard Philippe
Au « travailler plus », notamment prôné par Édouard Philippe, le garde des Sceaux oppose le « travailler tous », proposant trois réformes pour améliorer le taux d’emploi. D’abord une réforme de l’assurance-chômage en abaissant « dans un premier temps » la durée d’indemnisation de 18 à 9 mois. Il prône par ailleurs un « versement unique social à la source » en plafonnant les prestations sociales « à 75 % du smic ». Et souhaite également « la refonte de la prime d’activité qui coûte 12 milliards d’euros chaque année à l’État ».
S’agissant des retraites, « faisons vivre la capitalisation populaire » via un fonds « géré par les partenaires sociaux », a ensuite expliqué Gérald Darmanin, pour « permettre aux Français de se construire un patrimoine qu’ils n’ont pas, dont ils pourront librement disposer le jour où ils auront décidé de partir à la retraite, soit par rente, soit par capital ». Pour la financer, il souhaite « supprimer le forfait social pour toutes les petites entreprises, TPE et PME, qui pèse pour 2 milliards de fiscalité ».
Piocher dans les participations de l’Etat
Il milite aussi pour « rendre obligatoire les plans d’épargne retraite pour les travailleurs dans les entreprises qui en ont les moyens » et « réorienter davantage les primes d’intéressement et de participation vers, justement, les plans d’épargne retraite » dont la moitié du montant global, soit 10 milliards d’euros, « serait disponible et géré par le fonds de capitalisation populaire ».
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Et comme « l’Etat devrait sans doute prendre toute sa part », le ministre considère « qu’une grande partie des participations de l’État » gérée par l’Agence des participations de l’Etat (APE) devrait « soit être vendue, soit, en tout cas pour ses dividendes, être versée directement, dans ce fonds ». Reste à voir si ces pistes sont des simples conseils ou un début de programme pour la prochaine présidentielle…