Par

Hugo Hancewicz

Publié le

12 juin 2025 à 7h34

Pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui dans le quartier des Groues, il faut remonter un peu en arrière. Dans les années 1950, ce coin de Nanterre (Hauts-de-Seine) abritait l’un des plus grands bidonvilles d’Île-de-France : La Folie. Plusieurs milliers de personnes, venues principalement d’Algérie et du Maroc, y vivaient dans des conditions très précaires. Ces quartiers ont disparu depuis un demi-siècle, laissant derrière eux des friches. Il y a une dizaine d’années, Paris La Défense (PLD) a décidé de changer la donne. L’établissement public d’aménagement lance alors un vaste projet pour faire des Groues un nouveau quartier de Nanterre, le 11e. Sur le terrain, les premières réalisations sont là avec des logements livrés, comme ceux du complexe Flora, ou encore le campus Ingensia, récemment inauguré. Mais l’essentiel reste à faire, et les plannings peuvent encore évoluer. Ce mercredi 11 juin 2025, les avancées des travaux ont été présentés et le calendrier a été précisé.

Une opération lente, mais visible

Sur place, impossible de ne pas remarquer l’omniprésence des grues, des engins de chantier et des rues provisoirement barrées. Si certains immeubles sont déjà sortis de terre et que des voies ont été dessinées, l’essentiel du quartier reste en construction. Le chantier est dense, mais les contours du futur quartier deviennent peu à peu visibles. À terme, 10 500 habitants devraient s’y installer, sur une superficie de 65 hectares.

Le projet, lancé il y a une dizaine d’années, n’est avancé qu’à 30 % environ. Une progression lente, que PLD assume. « C’est une transformation au long cours, explique Olivier Schoentjes, directeur des opérations. C’est un projet monumental ». Il évoque les « contraintes techniques » du site, les « évolutions de la demande », mais aussi les « aléas économiques ».

Des complexes immobiliers sont déjà livrés dans le quartier des Groues à Nanterre. Comme le projet Flora (ci-dessus) et ses 88 logements.
Des complexes immobiliers sont déjà livrés dans le quartier des Groues à Nanterre. Comme le projet Flora (ci-dessus) et ses 88 logements. (©HH/actu Paris)

Côté chiffres, la programmation prévoit 30 % de logements sociaux, 50 % en accession libre, et 10 % en BRS (bail réel solidaire), un dispositif déjà lancé à l’échelle de la commune. Un choix revendiqué, selon PLD, pour « encourager une réelle mixité sociale », assume Olivier Schoentjes. Et au-delà du logement, l’objectif est aussi de proposer un quartier vivant, avec des commerces, des équipements et des espaces publics accessibles.

Le poids du transport

C’est à l’aune des nouvelles offres de transport que l’idée d’un nouveau quartier a commencé à germer. Le prolongement du RER E jusqu’à Nanterre-La Folie, récemment mis en service malgré des débuts difficiles, a ouvert la voie. À l’horizon 2031, la ligne 15 du Grand Paris Express viendra compléter ce maillage.

Sur le terrain, les infrastructures de transport sont au cœur de la réflexion, avec de nombreux accès piétons et des connexions entre les différents pôles, continuités urbaines. « Le quartier est pensé autour de ces mobilités nouvelles, qui doivent replacer Nanterre dans le cœur de la métropole », poursuit le directeur des opérations, alors que son centre-ville connaît des temps plus difficiles.

A l'été 2025, de nouveaux espaces vont être ouverts au public, comme la rue d'Arras (ci-dessus).
À l’été 2025, de nouveaux espaces vont être ouverts au public. (©HH/actu Paris)Une végétalisation à construire

Historiquement, le site était largement minéral, notamment lié à sa vocation industrielle et ferroviaire, sans arbres ni parcs. L’un des chantiers en cours concerne donc la végétalisation du quartier. Aujourd’hui, PLD annonce 7 m² d’espaces verts par habitant. Un chiffre bien en dessous des objectifs de l’OMS qui recommande 10 m² minimum par habitant, mais qui traduit un effort pour rendre le quartier plus vivable à long terme.

Côté calendrier, une prochaine avancée concrète est attendue à l’été 2025, avec l’ouverture d’espaces publics et la livraison de nouveaux logements. À la rentrée, une école viendra compléter les premiers équipements de quartier. L’achèvement complet de la ZAC est prévu à l’horizon 2032, pour un budget total frôlant les 600 millions d’euros.

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