Fin du suspense. Deux ans après l’annonce de la rénovation du bâtiment néo-classique du XIXe siècle, propriété de la Ville, qui accueille les saisons de l’Opéra national du Rhin (l’OnR – auquel est adossé le CCN-Ballet du Rhin), la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian a présenté ce jeudi le scénario retenu qui se chiffre à 120 millions d’euros.
Cinq ans de travaux à partir de l’automne 2028
« Le scénario que nous venons d’adopter fait le choix d’une extension, d’une surélévation et d’une réinterprétation de la salle, déclare la maire de Strasbourg. Ce qui va offrir aux équipes, aux artistes et aux habitants un opéra à la hauteur de sa renommée, et pas seulement pour les prochaines années mais pour l’avenir ».
C’est clairement l’option la plus ambitieuse parmi les diverses études qui a été retenue par le comité de pilotage. Y sont réunis la municipalité, l’Eurométropole de Strasbourg, Colmar et Mulhouse (puisque l’Opéra national du Rhin est géré par un syndicat intercommunal depuis 1973), l’État, la région Grand Est et la CEA – financeurs et partenaires de l’OnR. La Ville de Strasbourg abonde à hauteur de 40 millions, l’Eurométropole de Strasbourg de 20. La moitié restante sera répartie entre l’État, la CEA et la région Grand Est.
Une salle transformée de 940 places
Ce choix va au-delà d’une simple mise en sécurité et adaptation de l’outil scénique et de la salle car il prévoit des extensions ainsi qu’une rénovation patrimoniale et énergétique. Pour rappel, le bâtiment néoclassique ouvre par dérogation depuis 1997. Sa fermeture pour travaux est prévue à l’automne 2028 pour une durée de cinq ans. Un concours de maîtrise d’œuvre architecturale sera lancé en juin prochain après délibération municipale.
La salle à l’italienne dont plus de la moitié des 1 100 places offre une vue médiocre voire nulle sera transformée. Tout en gardant son style caractéristique, la jauge ramenée à 940 places. L’idée étant d’abaisser le parterre et la scène et d’offrir une meilleure acoustique.
Un tunnel entre les bâtiments de l’OnR et ceux de l’administration
La cage de scène sera surélevée de cinq mètres afin d’améliorer les conditions de travail et la sécurité. La fosse d’orchestre, agrandie pour un meilleur confort des musiciens. Il est prévu aussi de déplacer les coulisses au sous-sol et dans une extension latérale.
Les espaces dédiés au public, à la restauration vont être intégralement repensés. Une rénovation patrimoniale est prévue afin de mettre en valeur la salle Bastide, l’escalier de l’empereur. S’il n’est pas possible de toucher au péristyle ni à la demi-rotonde enserrant l’opéra, et compte tenu de l’environnement proche contraint, une extension place du Petit Broglie va remplacer les bâtiments modulaires qui accueillent actuellement le personnel. Un tunnel va relier le bâtiment de l’OnR à celui de l’administration situé de l’autre côté du tram. Ce bâtiment sera également redéployé en intégrant de nouveaux espaces dédiés à la logistique et à de la médiation.
Repenser le modèle économique de l’opéra
À l’issue de la présentation technique, Alain Perroux, le directeur de l’OnR, a parlé « d’un jour de joie », partageant « un sentiment de soulagement et de reconnaissance auprès des collectivités territoriales ». Chrysoline Dupont, qui va lui succéder en juillet 2026 mais d’ores et déjà associée au projet, va composer la première saison hors les murs en 2028/29. Elle se déroulera en grande partie au Palais des fêtes où des travaux vont démarrer en juillet 2026 pour un an.
L’ambitieuse restauration patrimoniale impose de réfléchir à l’avenir de l’OnR qui dépend de sa capacité à dégager de nouvelles sources de financement propres entre coproductions, tournées, locations et mécénat. Face à la crise, il est essentiel de repenser le modèle économique de l’opéra.
operanationaldurhin.eu ; strasbourg.eu