Par
Bastien Grossin
Publié le
10 avr. 2025 à 18h16
Depuis plus de trois décennies, Thomas Fersen occupe une place singulière dans la chanson française. Avec ses albums Pièce montée des grands jours, Je suis au paradis ou encore C’est tout ce qu’il me reste, il s’est imposé comme un conteur mélodique reconnaissable à sa plume malicieuse et poétique. Six ans après la sortie de son dernier album, il revient avec Le choix de la reine dans lequel il revisite ses morceaux classiques. Accompagné par le trio de percussions SR9, ce disque offre une relecture inattendue de son répertoire grâce aux sonorités atypiques qu’offrent des instruments peu connus comme le marimba, le vibraphone ou encore le glockenspiel. À l’occasion de son passage au théâtre Sébastopol de Lille (Nord), ce vendredi 11 avril 2025, Thomas Fersen revient sur sa démarche artistique, sa passion pour l’écriture et son attachement au spectacle vivant.
Quelle est la genèse de l’album Le choix de la reine, avec notamment le titre, un peu énigmatique, qui ne figure pas parmi les chansons présentes ?
Il y a deux ans, c’était l’anniversaire des 30 ans de mon premier album, puisqu’il est sorti en janvier 93. À cette occasion, j’ai proposé à Vincent Frèrebeau qu’on le fête ensemble. On s’est dit qu’on allait choisir des chansons de mon répertoire, mais pas seulement. Qu’on allait les déshabiller complètement pour les confier à quelqu’un. On a choisi de travailler avec Clément Ducol (compositeur, arrangeur et musicien, ndlr), qui a associé les titres qu’il a lui-même choisis, ceux notamment qu’il avait beaucoup aimés quand il étudiant à Lyon. C’est pour ça que l’album s’appelle Le Choix de la reine. La reine, c’est Clément Ducol dans l’histoire.
Et le trio de percussions qui vous accompagne, comment l’idée a-t-elle émergé ?
C’est également Clément Ducol qui a eu l’idée de m’associer au trio SR9, ce qui m’a beaucoup plu. J’aime les expériences nouvelles, et puis j’ai vite réalisé que ces instruments allaient augmenter les réalités de mes personnages et de mes histoires. Je les entendais vibrer dans l’espace théâtral autour de moi. On est entré en studio en juin et, à la fin de l’été, j’ai eu l’idée d’ajouter des monologues en vers issus de mon roman Dieu sur Terre, avec lequel j’étais en spectacle jusqu’en février de cette année.
Le choix de revisiter ces chansons avec des instruments atypiques, une fois l’album terminé, ça a transformé la perception de vos propres chansons ?
Je ne dirais pas ça, mais c’est vrai que ça leur a donné une résonance particulière, y compris au texte. De toute façon, c’est ce qui arrive toujours dans le spectacle vivant quand on interprète une chanson. On lui trouve des sens nouveaux au moment où on les incarne. Il y a toujours des choses auxquelles on n’avait pas pensé. Effectivement, quand j’ai entendu l’album pour la première fois, j’ai été dérouté parce que ma voix était mise à nue. En même temps, c’était aussi notre objectif. On voulait que Clément épure les chansons qu’il avait choisies et on savait qu’il était doué à ça.
Le trio de percussionnistes SR9 qui accompagne les chansons Thomas Fersen dans l’album et sur scène. ©Laura Gilli
Il y a quelque temps, vous aviez dit qu’écrire des nouvelles chansons, ce n’était pas l’une de vos priorités. C’est toujours le cas ?
Au moment du Covid, j’ai eu plein de temps devant moi et j’ai commencé à écrire un roman, qui est devenu Dieu sur Terre. Je sentais bien que j’étais dans l’oralité, donc je savais que j’allais en tirer un spectacle, ce que j’ai fait avec Benjamin Lazare. Et… pourquoi je vous raconte ça déjà ? (rires) Ah oui ! Quand j’ai commencé à écrire le roman, j’étais tellement heureux d’aller vers des terrains inconnus, et puis je me sentais tellement libre, que je n’ai plus du tout eu le désir d’écrire une chanson dans son format traditionnel. D’ailleurs, je n’en ai écrit qu’une en cinq ans, c’est Blasé. Mais je ne tourne pas complètement le dos à la chanson chantée, je crois juste que j’avais besoin de ce renouvellement.
Pour finir, vendredi soir, vous jouez au théâtre Sébastopol. C’était une volonté de votre part de jouer dans un théâtre où les spectateurs sont assis plutôt que dans une salle comme l’Aéronef, par exemple ?
Oui, c’est vraiment parce que j’aime l’espace théâtral. J’aime les théâtres, leur acoustique, et ce sont des lieux favorables aux communions entre tous ceux qui sont présents. C’est d’ailleurs ce que je cherche dans le spectacle vivant. C’est dans ces lieux qu’on essaye de montrer l’invisible. Pourquoi ? Parce que c’est un spectacle fait de musique et de mots, et pourtant, on arrive à montrer des choses qui ne sont pas là. Voilà, c’est ça l’ambition du spectacle, et des lieux comme le Sébastopol y sont propices.
Pour voir Thomas Fersen à Lille le 11 avril, voici le lien vers la billetterie.
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