Selon une étude Ithylo révélée ce jeudi, la consommation d’alcool et de drogues a explosé en huit ans. Si en 2017, 2,6% des travailleurs étaient testés positifs, en 2024, ils sont 5,3%.

Les chiffres sont vertigineux. La consommation de drogues et alcool au travail a augmenté de…107% en huit ans selon une étude publiée par Ithylo, marque de l’entreprise Aperli (spécialisée dans la prévention et le dépistage), révélée par France Info ce jeudi 12 juin. Au total, ce sont 5,29% des travailleurs qui ont été testés positifs à l’alcool ou aux stupéfiants. Ils étaient 2,55%, en 2017, soit une augmentation de 107% en huit ans.

« On ne s’attendait pas à une telle augmentation », commente Jean-Jacques Cado président et fondateur d’Aperli au Figaro. La hausse des cas positifs à la drogue et à l’alcool s’accélère depuis le Covid. « Entre 2017 et 2021, les taux restaient relativement stables et linéaires. En comparaison, la période 2022-2024 affiche +43% de cas positifs à l’alcool et +52% aux stupéfiants, toutes substances confondues » relève l’étude.

Le constat est sans appel : la consommation de cocaïne a littéralement explosé, avec un nombre de cas positifs multiplié par 13 entre 2017 et 2025: «Autrefois réservée à certains milieux festifs ou cadres urbains, elle s’est aujourd’hui installée jusque sur les chantiers, dans les entrepôts ou les ateliers, comme en témoignent plusieurs cas groupés», observe l’étude. Une évolution qui fait écho à la progression nationale des usages de cocaïne.

Des causes multifactorielles

Comment expliquer une telle augmentation ? L’effet de groupe est un des facteurs de la consommation de stupéfiants sur le lieu de travail. Exemple marquant révélé par l’étude : sur un chantier de nuit comptant 21 personnes, 7 intérimaires logés ensemble ont été testés positifs à la cocaïne. L’un d’eux a confié que l’un d’eux avait apporté de la drogue, consommée collectivement. À ce facteur social s’ajoutent des conditions de travail éprouvantes : horaires décalés, isolement, hébergement précaire, et un manque d’accès à l’information.

Les intérimaires apparaissent en première ligne, davantage exposés que les salariés en contrat, les sous-traitants ou les prestataires. «Bien qu’ils ne représentent que 15% de l’échantillon total, ils concentrent à eux seuls 25% des cas positifs au cannabis, 31% des cas positifs à la cocaïne et 18% des cas positifs à l’alcool», décrypte l’étude. Malgré cette forte hausse, la poudre blanche n’est pas la drogue la plus utilisée dans le cadre du travail. Le cannabis arrive en tête, avec 1,8% des tests positifs, avec une multiplication par 1,3 par rapport à 2013.

Quant à l’alcool, l’étude montre un pic net de consommation en soirée et la nuit, notamment après 17 heures, et en fin de semaine. « Le vendredi reste marqué par un taux de collaborateurs positifs à l’alcool presque 2 fois supérieur au taux moyen de positifs à l’alcool au global (3,16 % contre 1,59%)». Si aucun profil type n’est mentionné pour les personnes positives à l’alcool, « dans une précédente étude on avait observé (sur un panel plus réduit), que l’âge médian était 44 ans pour les personnes positives à l’alcool (contre 36 ans pour les stupéfiants). En revanche, le taux dans le sang était plus important chez les plus jeunes », précise Jean-Jacques Cado au Figaro. Cette progression alarmante ne touche pas toutes les régions de manière uniforme. La Bretagne se retrouve en haut du podium, avec 6,6% de positifs à l’alcool et aux stupéfiants. Le centre Val de Loire le suit avec 5,9% de positifs, puis vient la Nouvelle-Aquitaine (2,8%). « Il faut que les entreprises continuent à investir et travailler sur la prévention des addictions » qui sont un des facteurs d’accidentologie au travail, conclut Jean-Jacques Cado.

*Afin de réaliser cette étude, ce sont plus de 110 000 personnes qui ont été dépistées entre janvier 2017 et avril 2025 dans toute la France, sauf en Corse et dans les DROM. Une personne est définie comme positive à l’alcool si son taux est supérieur strictement à 0 mg/L d’air expiré.