Depuis lundi, les street artistes sont au travail dans les rues de La Seyne. Le Minifest a commencé le 9 juin et se terminera le 16. Des artistes de la France entière ont donc une semaine pour décorer chacun un mur de la ville. « En réalité, c’est un challenge en termes de temps, en termes physiques. Il fait chaud, on est sur une nacelle, ce n’est pas si simple », avoue Jean-Rooble, street artiste bordelais.

Mardi, la plupart n’en étaient qu’au tout début de leur œuvre. Mais ils n’avancent pas tous à la même allure et n’utilisent pas tous les mêmes techniques. « C’est le même processus que sur papier, je commence par une esquisse », explique Nyota, un street artiste présent pour le festival, « J’ai fini mon croquis, la deuxième étape c’est de faire une sous-couche parce que le mur est un peu vieux ». Mardi, certains avaient seulement fini leur esquisse comme Nyota, quand d’autres comme Jean-Rooble commençaient déjà l’application de la couleur. Mais aucun n’était stressé par rapport aux délais. « Je prends mon temps », affirme Nyota.

« C’est une vitrine pour nous »

Environ treize artistes sont présents pour cette occasion. Certains sont de la région, comme Mica Twoer, originaire de Bormes-les-Mimosas. « C’est sympa de faire partie de ce circuit de street art qui se crée à La Seyne-sur-Mer », affirme-t-il. Tous les artistes ne participent pas au festival pour la même raison. Chacun a ses motivations, mais ils font tous ça par passion. C’est ce qu’explique Harry James: « J’ai envie de transmettre quelque chose à travers mes fresques. »

Au Minifest, la rémunération est faible, mais les artistes bénéficient d’une grande liberté artistique. « À l’année, 90% de mes œuvres sont des commandes. Alors qu’ici, on fait ce qu’on veut, et c’est ça le réel avantage », explique Nyota. C’est aussi une occasion pour les artistes de voyager et de faire voyager leur art. « Aller peindre dans des endroits loin de chez nous, ça permet de s’exporter, d’être vu dans d’autres villes », souligne l’artiste bordelais. Mais ce n’est pas la seule chose qu’il apprécie dans ce festival: « L’ambiance est conviviale. C’est une occasion de revoir des artistes avec qui on s’entend bien », continue Jean-Rooble. C’est aussi une opportunité de faire découvrir leur style et leurs œuvres. « À chaque fois qu’on peint un mur en tant que street artiste, ça revient à peindre notre carte de visite. C’est une vitrine pour nous », affirme Harry James.

Une grande diversité d’œuvres

Les street artistes présents ont des styles très différents, ce qui permet des productions diverses. Jean-Rooble est un artiste réaliste, il peint à partir de photos. Sur l’un des murs de la rue Baptistin-Paul, il représente le portrait de Wayron, un Brésilien qu’il a rencontré en Irlande. Il explique sa démarche artistique: « J’essaie de me décentrer de qui je suis, de notre histoire, et de donner un peu de visibilité à des gens qui n’en ont pas tant que ça. » Dans cette optique, l’artiste peint des personnes pouvant être touchées par la discrimination au quotidien.

Au 2 rue Marcel-Dassault, Harry James, de son côté, fait un clin d’œil au classicisme avec la Renaissance comme référence: « J’ai choisi de représenter Apollon dans une position d’archer, il distribue une flèche d’amour mais le public ne pourra pas la voir. J’ai envie que ce soit le spectateur qui finisse ma pensée. »

Sur l’une des façades de l’école Jean-Jaurès, Mica Twoer, lui, décide de peindre une machine à pince dans le style cartoon. « En haut, vous pourrez lire ‘Catch me if you can » et dans la pince, on peut voir un oiseau, mon personnage signature », décrit-il.

Pour Braga, c’est un chien qui répare un bateau qu’il représente juste au-dessus d’un toiletteur pour chiens. Nyota, lui, a décidé de peindre le portrait d’un personnage capuché et entouré de fleurs.

Même si tous ont une idée en tête, certaines choses restent incertaines. « Il y a certains aléas qu’on ne maîtrise pas forcément. Moi aussi, j’ai hâte de découvrir le résultat final de mon œuvre », avoue Harry James.