Le ministère de la Culture souhaite voir revenir en France l’un des 8 anges volés de la basilique nantaise de Saint-Nicolas. Récemment saisie à Madrid, la statue en plomb doré avait été dérobée en 2009, lors d’une campagne de restauration du monument.

Le séjour de l’ange joue les prolongations sous le soleil ibérique. Le ministère français de la Culture a transmis à son homologue espagnol une demande de restitution de l’un des huit séraphins dorés de la basilique Saint-Nicolas, à Nantes (Loire-Atlantique). Saisie à Madrid par les autorités espagnoles, la sculpture en plomb doré, haute de 2,40 mètres, avait quitté le territoire national dans la foulée de la disparition, en 2009, du groupe des huit statues angéliques qui ornaient la flèche de l’église nantaise. Bien inaliénable et trésor national, en vertu du classement de la basilique Saint-Nicolas au titre des monuments historiques, l’ange doré a été illicitement vendu puis exporté en Espagne, entre 2009 et 2020, dans des conditions encore mal définies.

La saisie à titre conservatoire de cette statue du XIXe siècle a été obtenue de Madrid dans la foulée d’une demande transmise en août 2023 par la direction générale des patrimoines et de l’architecture. Cette procédure faisait suite à une plainte contre X pour «exportation illicite de trésor national» déposée par les services de l’État en février 2024 et qui n’a, à ce jour, pas permis d’identifier clairement l’auteur de l’infraction, indique au Figaro le ministère de la Culture. «La sculpture a été saisie juridiquement, mais maintenue dans les locaux de la société qui la détient en Espagne. Elle a vocation à être remise à la Ville de Nantes, son légitime propriétaire, dès son retour sur le territoire national», ajoute la rue de Valois.

Un procès en septembre

Perdus il y a 16 ans, au cours d’une campagne de restauration du monument néogothique, les anges musiciens avaient été récupérés par un entrepreneur local, prestataire du chantier. Le chef d’entreprise avait par la suite dispersé ces œuvres sur le marché de l’art, jusqu’à ce qu’une vente, en 2020, ne finisse par attirer l’œil des agents de la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) des Pays de la Loire. Estimé à 19.000 euros, un des anges a été saisi puis restituée à la ville de Nantes, propriétaire de la basilique. Placé en garde à vue, en septembre 2022, l’entrepreneur à l’origine du vol a assuré s’être librement emparé des statues déposées dans la cour du presbytère de Saint-Nicolas, estimant qu’elles avaient été placées au rebut. L’individu est désormais poursuivi pour «abus de confiance». Initialement fixée au 4 juillet 2024, son audience a été renvoyée au 25 septembre au tribunal correctionnel de Nantes.

Confiée à l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC), l’enquête avait permis de retrouver l’emplacement de l’ensemble des séraphins. Des procédures au civil ont, depuis, été lancées à Nantes, à Saumur et à Angers, à l’encontre des détenteurs des anges. De profil varié – un notaire, un chef d’entreprise, un artiste puyfolais, un collectionneur angevin… – tous soutiennent avoir acquis les sculptures de bonne foi – ignorant leur statut inaliénable. En décembre, le conseil d’État a validé le refus de déclassement de ces œuvres demandé par les détenteurs précaires. Seule une statue de cet ensemble a échoué à l’étranger, au siège de l’entreprise madrilène Kalam. Spécialisé dans la restauration, le groupe s’était montré un temps disposé à une restitution à l’amiable de l’ange.

Les anges disparus symbolisent les huit béatitudes de l’Église. Ce groupe de statues néogothiques installé en 1869 sur les hauteurs de la flèche a été dessiné par l’architecte de la basilique Saint-Nicolas, Jean-Baptiste Lassus – lui-même proche d’Eugène Viollet-le-Duc, le restaurateur de Notre-Dame de Paris, au milieu du XIXe siècle. Des reproductions en bronze doré des anges originaux couronnent aujourd’hui le sommet de la basilique.