Elle attendait cette grossesse depuis 19 ans. Aux Etats-Unis, des médecins du Centre de fertilité de l’Université Columbia rapportent ce qu’ils appellent la première grossesse rendue possible grâce à un nouveau système d’Intelligence artificielle. Cette thérapie – baptisée STAR (Sperm Track and Recovery) – permet de traiter l’azoospermie, ou l’absence de spermatozoïdes détectables dans l’éjaculat. D’après les chiffres d’Uro France, l’azoospermie touche moins de 1 % des hommes dans la population générale, soit 5 à 15 % des hommes infertiles.

Aujourd’hui, les méthodes traditionnelles ne permettent pas toujours d’identifier les spermatozoïdes viables dans les échantillons de sperme. Le nouveau système STAR combine l’intelligence artificielle et une technologie d’images de haute puissance. Jusqu’à huit millions d’images peuvent être capturées par heure grâce à cet outil. Précisément, l’algorithme analyse les images pour détecter et isoler les spermatozoïdes qui pourraient échapper aux microbiologistes raconte Time.

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Quand les spermatozoïdes sont identifiés, ils sont ensuite dirigés vers des canaux permettant de les isoler rapidement. Les quelques spermatozoïdes ainsi isolés pouvaient ensuite être stockés, congelés ou utilisés pour féconder un ovule. « Si l’on peut observer un ciel peuplé de milliards d’étoiles et tenter d’en trouver une nouvelle, ou la naissance d’une nouvelle étoile, alors peut-être pourrions-nous utiliser la même approche pour examiner des milliards de cellules et tenter de trouver celle que nous recherchons précisément », compare le Dr Zev Williams, directeur du centre de fertilité de l’Université Columbia. Le logiciel STAR est entraîné à détecter « des spermatozoïdes extrêmement rares. C’est comme trouver une aiguille cachée dans mille meules de foin. Mais il peut le faire en quelques heures, et si délicatement que le sperme récupéré peut servir à féconder un ovule ».

Quels sont les résultats ?

« Pour tester le système, avant d’éliminer les échantillons où les embryologistes ne trouvaient aucun spermatozoïde, nous avons décidé de les analyser. Les embryologistes ont travaillé dur pour trouver des spermatozoïdes, car ils ne voulaient pas être éclipsés par une machine. Dans l’un des échantillons analysés pendant deux jours et n’ayant trouvé aucun spermatozoïde, STAR en a trouvé 44 en une heure », rapporte le directeur du centre de fertilité.

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Avant cette réussite, le couple avait déjà réalisé 15 cycles de fécondation in vitro infructueux. Pour le couple, utiliser STAR n’a nécessité aucun examen ni procédure supplémentaire. Pendant le cycle d’ovulation de la future maman – Rosie- un échantillon de sperme frais a été prélevé puis testé avec STAR. Les spermatozoïdes recueillis ont été utilisés pour féconder les ovules disponibles.

Aujourd’hui, Rosie est enceinte de quatre mois de grossesse et reçoit des soins obstétricaux standard. « Je me réveille encore le matin et je n’arrive pas à croire que c’est vrai ou non. Et je n’y crois toujours pas [que je suis enceinte] jusqu’à ce que je voie les échographies ».