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INFO LE FIGARO – Alors que 105 prisonniers dorment désormais sur des matelas au sol, Force ouvrière réclame ce jeudi la réouverture d’une soixantaine de cellules de l’ancienne prison.
Vétuste et insalubre, l’ancienne prison de Bordeaux-Gradignan voit progressivement ses étages se vider au profit de nouveaux bâtiments dont les premiers couloirs ont été ouverts en septembre dernier. Seul hic : les lieux sont déjà surpeuplés, alors que l’ancienne prison – surnommée «la jungle» – accueille encore près de 500 détenus. Ce jeudi, 105 cellules en triplette, soit autant de prisonniers dormant sur un matelas à même le sol (dans l’ancienne comme dans la nouvelle prison), sont dénombrées par Force ouvrière (FO).
Face à cette surpopulation carcérale, le délégué syndical FO, Hubert Grataud, demande la réouverture en urgence des deux quartiers les mieux entretenus de l’ancienne prison. «Entre l’ancien quartier des arrivants et le bâtiment des femmes, nous pourrions rouvrir 70 cellules qui peuvent accueillir deux personnes», explique le surveillant pénitentiaire. Avant d’ajouter : «Cela pourrait nous permettre de redonner une bouffée d’oxygène aux détenus, d’autant qu’il commence à faire chaud… Donc, les esprits s’échauffent avec la météo.»
Si nous sommes lucides, il faudrait réhabiliter et conserver l’ancienne prison. Ce serait une catastrophe de supprimer 233 cellules alors que nous manquons de places dans toutes les prisons de France
Hubert Grataud, délégué syndical Force ouvrière à la prison de Bordeaux-Gradignan
Autrement dit : avec le pic de haute chaleur, la drogue qui circule dans les couloirs de l’ancien comme du nouveau bâtiment ne suffit plus à calmer les détenus. D’autant qu’à ce problème s’ajoute celui du sous-effectif structurel et conjoncturel des surveillants pénitentiaires. «Mercredi matin, il manquait 14 agents à l’appel sur le nouveau site», indique Hubert Grataud. Et ce, alors même qu’aucune grève n’est en cours. «On aimerait bien les sanctionner, mais nous manquons d’agents et la jeune génération le sait. À ceci s’ajoute qu’ils enregistrent tous jusqu’à 70 heures supplémentaires par mois, donc une journée de retenue sur leur salaire ne leur fait rien», précise le délégué syndical.
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Absences d’agents non justifiées
Avant d’admettre : «Aujourd’hui, un gradé peine à faire des remontrances à un agent. Le reprendre, c’est risquer qu’il débarque le lendemain avec un ticket de 15 jours (un arrêt maladie, NDLR). Toujours moins nombreux, pour surveiller des prisonniers dont le nombre ne cesse de croître, les surveillants pénitentiaires sont au pied du mur. Or selon Hubert Grataud, moins les prisonniers sont nombreux en cellule, moins il est difficile, voire dangereux, de les gérer. Et de conclure : «Tout ce que je demande, c’est un audit de faisabilité. Si nous sommes lucides, il faudrait réhabiliter et conserver l’ancienne prison. J’espère qu’ils ne la fermeront jamais : ce serait une catastrophe de supprimer 233 cellules alors que nous manquons de places dans toutes les prisons de France.» Contactée, la direction de la prison n’a pas répondu à nos sollicitations.